Jauja (2015) de Lisandro Alonzo

par Selenie  -  30 Avril 2015, 05:18  -  #Critiques de films

Réalisateur sans doute trop méconnu dont on se rappelle "Los Muertos" (2004), Lisandro Alonzo est un réalisateur plutôt atypique qui ne manque ni de style ni d'audace. Cette fois il nous conte un voyage presque initiatique, la quête d'un père parti à la recherche de sa fille enlevée dans un désert envoûtant du fin fond de l'Argentine. "Jauja", dans la mythologie, est une terre d'abondance, sorte d'eldorado et d'Eden où la félicité et le bonheur seraient au rendez-vous. On se retrouve dans un western contemplatif d'une beauté saisissante, à la photographie sublime, à la faune sauvage de l'Argentine fascinante et terriblement attirante. Tourné en formant 4/3 qui ajoute un côté suranné qui apporte un réel effet de style, un dépaysement total. Viggo Mortensen y interprète au siècle dernier un père danois, soldat/ingénieur qui travaille pour l'armée argentine pendant le génocide de la population indigène.

427776.jpg (160×217)Lisandro-Alonso-Jauja.jpg (918×612)

Lancinant, lent et très contemplatif, avare de mots, on suit donc un homme qui part dans un désert de roches, des paysages magnifiques et uniques dans lesquels on plonge avec délice et appréhension. Malheureusement arrive un "twist" qui nous amène dans un monde métaphysique et allégorique qui surprend par sa soudaineté d'abord et ensuite par son décalage qui est loin d'être probant. Entre Lynch et Winding Refn le réalisateur nous rappelle qu'il est le réalisateur de "Los Muertos" (2004) et de "Fantasma" (2006). Une voix Off qui nous questionne, et on se demande encore et surtout quel est le rapport avec la recherche de sa fille enlevée ?! L'idée aurait pu convaincre si la quête n'était pas si différente du questionnement, malheureusement il y a une sorte de hors sujet maladroit. 2h de film, 90 minutes de splendeur, de poésie surréaliste et d'images à couper le souffle avant de partir pour 30 minutes aussi belles mais moins intéressantes, comme un second film, hors du temps et sans rapport. On devine le propos mais le lien entre la quête du père et cette réincarnation (on ne s'étalera pas sur une tenue qui laisse un peu circonspect au vu du contexte) reste trop mystérieuse pour nous emmener jusqu'au bout. Dommage car on reste ébloui par une bonne partie du film. Un beau voyage, une belle expérience qui n'est malheureusement pas concluante jusqu'au bout.

 

Note :            

 

14/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :