Saint Amour (2016) de Gustave Kerven et Benoit Délépine

par Selenie  -  2 Mars 2016, 17:00  -  #Critiques de films

Le retour des trublions Benoit Délépine et Gustave Kervern (qui joue un petit rôle également) signant un film sur la route des vins sur fond de salon de l'Agriculture. Alors qu'au début les deux réalisateurs-scénaristes voulaient tourner leur film intégralement au sein du salon mais les organisateurs ayant refusé, les deux compères ont décidés de revoir leur copie pour offrir un road-movie viticole. Le road-movie, un sous-genre qu'affectionne particulièrement le duo auquel ils ajoutent toujours des personnages hauts en couleurs, plus ou moins marginaux, loosers et/ou gens de petite condition. "Saint Amour" (d'après l'un des plus fameux crus du Beaujolais) suit donc un père à la retraite et son fils qui partent faire la route des vins à travers la France à bord d'un taxi, le tout en quelques jours pour ariver à temps pour le concours bovin auquel tient beaucoup le père. Pour ce film, Kervern-Délépine ont réuni un casting impressionnant, entre néophytes et fidèles, entre premiers rôles et apparitions pour ne pas dire guest stars.

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Le père Depardieu retrouve Poelvoorde comme fiston, pour des retrouvailles avec le duo cinéaste après l'excellent "Mammuth" (2010). Ce dernier ayant joué dans pratiquement tous les films de Kerven-Délépine depuis "Aaltra" (2003). Les réalisateurs retrouvent aussi l'écrivain Michel Houellebecq pour un caméo, avec qui ils ont fait "Near Death Experience" (2014). Outre le taxi, Vincent Lacoste qui tient la dragée aux deux monstres, le casting est peuplé de femmes de tous horizons pour des caméos et autres apparitions symboliques avec Solène Rigot, Chiara Mastroianni, Andréa Ferréol, Ana Girardot, Izia Higelin, Ovidie, Céline Sallette et même leur fidèle Yolande Moreau pour un rôle court et invisible mais au combien important... Tout ça pour que le chauffeur de taxi emmène père et fils parcourir la route des vins pour qu'au final la beuverie passe vite au second plan pour ouvrir la porte aux rencontres diverses et variées mais toujours féminines, où charme et tendresse sont au rendez-vous. Le soucis est que l'humour repose trop sur le pathétique mais il y manque souvent une empathie réelle. Le personnage de Poelvoorde est trop "alcoolique" sérieux et donne surtout une sensation de sinistrose qui empêche de croire à cette légèreté dont a besoin cette aventure. Cette fois le duo Kervern-Délépine râte un peu la cible. Le côté dépressif assaisonné à l'humour noir dont ils nous avaient habitué laisse place ici à une déprime touchante, simplement, sans rire, au sourire parfois aussi pathétique que le sujet, pour au final être une comédie douce-amère trop gentillette. Le duo nous offrait toujours un peu de poésie, un peu de vacherie, un peu de culte, ce que nous n'avons pas ici comme s'ils s'étaient tout d'un coup assagi pour offrir une fable agricole sympathique mais non millésimée. 

 

Note :             

 

13/20
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