Le Juge et l'Assassin (1976) de Bertrand Tavernier

par Selenie  -  21 Février 2017, 14:09  -  #Critiques de films

Après "L'Horloger de Saint-Paul" (1974) et "Que la fête commence" (1975), troisième long métrage du réalisateur Bertrand Tavernier, et troisième film en collaboration avec l'acteur Philippe Noiret et le duo de scénariste Jean Aurenche-Pierre Bost (seulement le 1er pour Bost, duo de scénariste talentueux qui ont notamment beaucoup travaillé avec Claude Autant-Lara). L'équipe se retrouve donc pour ce drame fortement inspiré de l'affaire Joseph Vacher, un Jack l'Eventreur français qui avait défrayé la chronique et qui avait mis en avant le lien entre responsabilité pénale et maladies psychologiques à une époque où les neuropsychiatres  qualifiaient les vagabonds de "aliénés migrateurs atteints de dromomanie"... Philippe Noiret interprète le juge chargé de l'instruction quand le rôle de Joseph Bouvier est incarné par Michel Galabru.

18868210.jpg (527×709)

Si Noiret est excellent comme d'habitude la vraie grande surprise à l'époque reste la performance inouïe de Michel Galabru, alors cantonné depuis des années dans des seconds rôles plus ou moins gaulois et populaires le plus souvent dans des comédies. Avec ce rôle l'acteur, génial, impose définitivement son talent dans un rôle difficile et à contre-emploi. Galabru glanera avec ce rôle le César du meilleur acteur, César mérité comme celui du meilleur scénario. Pour l'anecdote Tavernier est assisté sur ce film de Caroline Huppert, soeur de Isabelle Huppert qui a là un petit rôle avant de tenir le haut de l'affiche dans "La Dentellière" (1976) de Claude Goretta et d'exploser enfin dans "Violette Nozière" (1978) de Claude Chabrol. Sinon Noiret tournera 9 films avec Tavernier (celui-ci étant le 3ème) tandis que Galabru retrouvera le réalisateur pour  "Une semaine de vacances" (1980)...

le-juge-et-lassassin.jpg (672×372)

On suit donc le personnage de Bouvier, vagabond qui fini par assassiné et/ou violé les bergers et bergères des campagnes avant d'être arrêté pour vagabondage et, après recoupement, mis en examen. Tourné essentiellement en décors naturels le film est également un merveilleux voyage dans les campagnes de France. Une belle reconstitution. Le premier choc, comme dit plus haut, c'est évidemment la performance de Michel Galabru qui incarne un tueur en série monstrueux avec cette nuance pleine de malaise où on ne sait jamais si le meurtrier est fou ou s'il se joue de ce doute. L'autre bonne idée est d'avoir fait du juge un homme ambitieux qui va faire croire à Bouvier qu'il comprend et qu'il croit en sa démence. On sera plus perplexe sur le niveau politico-social que Tavernier met en avant avec maladresse, voir un peu hors-sujet. Néanmoins le film est un portrait de la France de la fin 19ème implacable et sans concession avec un face à face d'anthologie. Un grand film.

 

Note :                

18/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :