Ava (2017) de Léa Mysius

par Selenie  -  6 Juillet 2017, 07:12  -  #Critiques de films

Premier long métrage de la réalisatrice-scénariste Léa Mysius après deux courts métrages "Cadavre Exquis" (2012) et "Les Oiseaux-Tonnerre" (2014). Elle a aussi été co-scénariste du dernier long métrage  de Arnaud Depeschin, "Les Fantômes d'Ismaël" (2017). Ce film est tiré d'un scénario vite écrit pour un examen de fin d'études, et porté par l'image importante du chien noir comme fil conducteur. La cinéaste s'explique : "L'image du chien noir était déjà présente dans un de mes courts métrages, "Les Oiseaux-Tonnerre". J'avais envie avec ce scénario d'explorer plus loin. Le chien ici est une sorte de guide entre les gens, les lieux. Il fait la jonction entre l'artificiel et le sauvage, entre le réel et le fantasme. Il accompagne Ava dans ce voyage vers la sensualité et la sexualité. C'est lui qui la mènera vers Juan. La jeune fille, d'abord intéressée par le chien (d'aveugle) finira par s'intéresser au maitre. Elle passe de l'enfance à l'âge adulte."...

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Ainsi raconté la cinéaste nous intrigue et nous stimule l'imagination et l'envie. Malheureusement le bas blesse sur bien des points. D'abord on apprend que le jeune fille va devenir aveugle assez vite mais au final ce paramètre dramatique qui nous est d'abord présenté comme essentiel devient vite secondaire pour finir par être tout bonnement inutile et superflu au récit. Une petite ado en bonne santé aurait très bien pu vivre cette même aventure. Ne reste donc plus que l'attirance d'une ado de 13 ans pour un "rebelle" gitan de 18-19 ans et là, effectivement on rejoint un peu plus le lien avec le chien noir. Néanmoins outre la notion de "Atteinte sexuelle sur mineure" complètement occultée par une sorte d'acceptation et d'une tolérance sur ce qui reste un délit grave on reste surtout perplexe sur l'image de la féminité. En effet, la communauté gitane n'est pas connue pour son égalité des sexes, et la plupart des scènes mettent en avant les femmes soumises plus ou moins à l'homme, une représentation de la femme peu à même de correspondre à la jeune Ava qui cherche avant tout à s'émanciper et à devenir forte en "developpant ses autres sens" (que celle de la vue ! Un drame oublié dans la suite du récit).

Ava est incarnée par la débutante Noée Abita, comédienne de 18 ans qui ne les fait pas pour le bonheur de la cinéaste et pour la belle image de son personnage à la fois solaire et paumée. On la reverra bientôt dans une production plus prestigieuse dans "Le Grand Bain" (2017) de Gilles Lellouche. Bon point aussi pour sa ressemblance physique avec sa maman de cinéma jouée par l'excellente Laure Calamy, superbe actrice encore trop confidentielle, mais déjà remarquée dans "9 mois ferme" (2012) de Albert Dupontel, "Les Cowboys" (2015) de Thomas Bidegain et actuellement en salle avec "Embrasse-moi" (2017) de Océanerosemarie et Cyprien Vial. Léa Mysius signe là un joli film sur l'adolescence mais trop bancal et maladroit, pour ne pas dire complètement hors sujet, qui doit avant tout beaucoup à sa belle et jeune révélation féminine. Précisons également que ce film avait droit à une vraie fin...

 

Note :                

11/20

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