Conte d'Eté (1996) de Eric Rohmer

par Selenie  -  30 Avril 2019, 08:37  -  #Critiques de films

Eric Rohmer, considéré comme un des piliers de la Nouvelle Vague à l'instar de Godard, Rivette ou Truffaut, poursuit son nouveau cycle des "Contes des Quatre Saisons" comme il avait mis en place son cycle des "Six Contes Moraux" dans les années 60-70 dont le fameux "Le Genou de Claire" (1970). Donc après "Conte de Printemps" (1990) et "Conte d'Hiver" (1992), puis en attendant le dernier "Conte d'Automne" (1998), voici donc celui du bord de mer... En juillet à Dinard, Gaspard un étudiant rennais attend sa petite amie. Entre temps il fait la connaissance de deux autres jeunes filles... L'étudiant en perdition sentimental est incarné par Melvil Poupaud enfant de la balle qui est alors déjà acteur fétiche de Raoul Ruiz et qu'on a pu voir dans "L'Amant" (1992) de Jean-Jacques Annaud, "Elisa" (1995) de Jean Becker ou encore "Le Journal du Séducteur" (1996) de Danièle Dubroux.

Il est entouré des trois jeunes femmes jouées par Amanda Langlet vue dans "Pauline à la Plage" (1983), Gwénaëlle Simon qui est bretonne et qui a eu le rôle après avoir écrit à Rohmer, depuis on a pu la voir dans "... Comme elle respire" (1998) de Pierre Salvadori et "Pas sur la Bouche" (2004) de Alain Resnais, puis enfin la dernière Aurélia Nolin, la plus méconnue... Avec ce film Rohmer poursuit ses variations éternelles sur le jeu de l'amour et du hasard, cette fois-ci en été ! Résultat, Marivaux est partout mais sans humour et sans naturel... Le tournage s'est déroulé à Dinard, Saint-Malo et ses environs et donc la première belle chose du film réside dans ses paysages de la côte d'Emeraude. Rohmer explore les amours estivales, la fidélité (par essence en difficulté en cette saison !) et surtout la question de la prise d'initiative. Comme souvent le cinéaste est un maître pour en explorer les arcanes et on salue, comme souvent, le scénario plein d'acuité sur ses sujets de prédilection. Malheureusement, et comme trop souvent dans le dogme de la Nouvelle Vague, le cinéaste se perd en galvaudant la question du réalisme. Les dialogues sont si écrits qu'ils sont peu crédibles, dans le même temps on sent trop les dialogues récités par des acteurs dénués de naturel ce qui crée une sorte de répétition constante à laquelle on ne peut pas adhérer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des jeunes de 20 ans qui parlent ainsi (vocabulaire et intonation) ça à chaque instant et avec n'importe qui ça n'existent tout simplement pas, qu'importe l'époque... Par ailleurs si on peut comprendre les hésitations du jeune homme sur ses sentiments on a plus de mal sur ses hésitations "physiques". Par exemple quand un mec à trois filles à ses pieds, il est difficile d'admettre qu'il quitte les trois pour simplement partir acheter un produit hi-fi !? Sur le fond Rohmer est un observateur des moeurs appliqué, mais tellement appliqué que la forme s'en ressent et il signe un film dont les personnages ont littéralement "un balai dans le cul" pour parler vulgairement (ça choquerait d'ailleurs ses personnages !). Ajouter à un rythme amorphe, à l'image de ces vacances d'un ennui mortel qui donnerait envie de retourner aussitôt à son travail. En conclusion un film au thématique intéressante mais qui manque de vie, sur tous les pans et dans tous les sens du terme.

 

Note :                        

08/20

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