Bobby (2006) de Emilio Estevez

par Selenie  -  29 Avril 2019, 08:36  -  #Critiques de films

Ce 4ème long métrage de l'acteur-réalisateur Emilio Estevez (fils de Martin Sheen et frère de Charlie Sheen) retrace les quelques heures précédents l'assassinat de Robert F. Kennedy, soit la nuit du 5-6 juin 1968 (Tout savoir ICI !). Emilio Estevez est un acteur à la carrière très inégale, d'abord acteur de "Outsiders" (1983) de Francis Ford Coppola à "The Way" (2010) de lui-même en passant par "Breakfast Club" (1985) de John Hugues et "Alarme Fatale" (1993) de Gene Quintano, il est tombé peu à peu dans l'oubli malgré qu'il se soit mis à la réalisation depuis "Wisdom" (1986) co-réalisé avec le vétéran Robert Wise... Ce constat a donné de grandes difficultés pour financer son projet. Il écrit le scénario qu'il termine quelques temps avant l'attentat du 11 septembre 2001. Après quelques mois il montre son scénario à ses proches dont son frère Charlie Sheen qui l'encourage à aller au bout de son projet. Mais Estevez est quasi un has been, il précise : "Le script était d'une ampleur inhabituelle, le résultat final se jouerait à la fois sur la qualité de l'interprétation et de la mise en scène. Or je n'avais jamais travaillé à une telle échelle, et l'on se demandait si je serais à la hauteur."... Après l'aide de son père (qui était un fervent supporter de Kennedy) et de son frère il obtient le soutien de la star Anthony Hopkins qui devient un des premiers acteurs au casting ainsi que co-producteur.

Ce dernier explique : "J'étais au maquillage, dans un studio de Londres, lorsqu'on m'apprit son assassinat. Je me suis dit que le monde était devenu fou. En l'espace de quelques années, on avait tué JFK, Malcolm X, Martin Luther King, et maintenant Robert Kennedy. J'ai eu le sentiment que tout fichait le camp. C'était hélas vrai."... Avec ses parents et l'arrivée de Hopkins sur le projet fait appel d'air et Estevez peut composer un casting prestigieux où se mêle des stars d'envergure avec Demi Moore, Sharon Stone, Elijah Wood, Lindsay Lohan, Laurence Fishburne, William H. Macy, Helen Hunt, Heathe Graham, Ashton Kutcher, Martin Sheen, Shia LeBoeuf, Joshua Jackson, Mary Elizabeth Winstead, Christian Slater, et enfin Harry Belafonte qui était alors déja une star soutenant Robert Kennedy après avoir été un conseiller de JFK... Il faut avouer que cet engouement n'est pas anodin, les attentats du 11 septembre étant passé par là bon nombre de gens y ont vu un parallèle avec l'actualité. Malgré ce casting, l'actualité et la production menée par The Weinstein Company le budget obtenu n'est que de 14 millions de dollars... Le film n'est pas un biopic ou un film historique sur l'assassinat lui-même mais un film choral où on suit avant tout les "petites mains" qui travaillent et attendent à l'Hôtel Ambassador de Los Angeles où Robert Kennedy est attendu après sa victoire aux Primaires démocrates pour la présidentielle des Etats-Unis. Dans les coulisses et les méandres de l'hôtel on croise ainsi un cuisinier, une hôtesse, un chef de la sécurité, une coiffeuse, un vieux joueurs d'échecs, une standardiste... etc... Ainsi qu'un jeune couple qui a été inspiré à Estevez alors qu'il écrivait son scénario à l'hôtel Ambassador, quand une employée confia au cinéaste qu'elle a épousé à l'époque un jeune homme qui refusait de partir au Viêtnam...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La force du film est de nous plonger dans un hôtel en pleine ébullition qui attend avec impatience son meilleur espoir pour l'avenir, car oui Robert Kennedy est alors l'incarnation d'un renouveau attendu. Et si on connait l'issue il n'en demeure pas moins que Estevez réussit à instiller une réelle effervescence qui finirait presque par nous faire croire que le drame n'aura pas lieu. Plus qu'un film choral aux multiples protagonistes, aux multiples gens plus ou moins ordinaires, le cinéaste signe avant tout un portait de l'Amérique de 1968 où on rêvait de paix et de justice sociale. Un film ambitieux qui finit dans une séquence aussi tragique que spectaculaire, aussi éprouvante que poignante avec une description impressionnante de la panique qui envahit l'hôtel. Le film finit ainsi dans une apothéose tragique symbole de l'échec d'un pays entier... Certe le film n'évite pas quelques clichés et une vision politiquement dirigée mais Estevez réussit pourtant un beau et bon film à la narration judicieuse et au message d'espérance touchant avec en prime une collection de stars. Le film est malheureusement un échec avec un box-office mondial d'à peine 20 millions de dollars et ce, malgré un accueil critique plutôt bon. D'ailleurs, présenté en avant-première à la Mostra de Venise, le film reçoit une ovation de plus de 7 minutes...

 

 

Note :                    

15/20

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