Golden Glove (2019) de Fatih Akin

par Selenie  -  27 Juin 2019, 08:26  -  #Critiques de films

Après le combat judiciaire et psychologique d'une victime d'un attentat terroriste dans "In The Fade" (2018) le réalisateur allemand d'origine turque Fatih Akin revient cette fois avec une histoire vraie, sa première, et pour se faire il adapte le livre "Der Goldene Handschuh" (2016) de Heinz Strunk, il s'agit là seulement de sa seconde adaptation après "Goodbye Berlin" (2016). Le cinéaste relate donc l'effroyable parcours du tueur en série Fritz Honka (Tout savoir ICI !)... Ce dernier est incarné par le méconnu Jonas Dassler révélé dans "l'excellent "La Révolution Silencieuse" (2018) de Lars Kraume tandis que sa compagne et/ou souffre douleur est jouée par Margarete Tiesel surtout connue pour "Paradis : Amour" (2013) de Ulrich Seidl et vue récemment dans "Les Merveilles" (2016) de Alice Rohrwacher. Les films sur des tueurs en séries sont un sous-genre en soi et reste très récurrent au cinéma, Fatih Akin annonce pourtant ses inspirations bien éloignée avec "Quasimodo" (1939) de William Dieterle, "Notre-Dame de Paris" (1954) de Jean Delannoy, "Tu ne Tueras Point" (1987) de Krzysztof Kieslowski, "Funny Games" (1998) et "Caché" (2005) tous deux de Michael Haneke.

On constate en effet que Fatih Akin a voulu montrer un Fritz Honka encore plus laid que dans la réalité ; ce choix est à la fois judicieux et inutile car ça augmente l'effroi vis à vis du bonhomme, mais c'est aussi un procédé facile surtout que le film se focalise sur les années 1971-1975, occultant tout le passé (Honka a connu un grave accident de la route dans sa jeunesse) alors même qu'on sait que l'enfance est souvent déterminante dans l'évolution des tueurs en série. La seconde chose est la métamorphose de l'acteur qui incarne Fritz Honka, le jeune et beau gosse a dû s'affubler d'un maquillage unique pour avoir le faciès composé d'un nez cassé, de dents abîmées et d'un strabisme. Le cinéaste entre toutefois dans le vif du sujet par un prologue aussi violent que prenant. Dès les premières minutes Fatih Akin marque les esprits et impose un malaise. Le cinéaste opte pour un style réaliste et hyper violent où on suit le quotidien barré de Fritz Honka, homme laid et maladroit avec les femmes. Malheureusement, ce quotidien tourne un peu en rond entre beuverie, sexe et meurtre. En effet jamais le réalisateur ne s'intéresse un temps soit peu au contexte, on n'apprend rien du passé surtout alors que Fritz Honka a été marié plusieurs fois et a eu des enfants...

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Fatih Akin choque et c'est ce qu'il veut, montrer un psychopathe obscène (dans tous les sens du terme) dans son intimité primaire. On est plus près de "Henry, Portrait d'un Tueur en Série" (1986) de John Mc Naughton que de "American Psycho" (2000) de Mary Harron, mais avec une dimension d'indignité et de dégueulasserie rare. Jonas Dassler est impressionnant dans ce rôle, mais Margarete Tiesel n'est pas en reste. On perçoit que fatih Akin a voulu pousser son film dans une sorte de fable horrible et lugubre mais l'humour même noir est ici peu décelable. Le cinéaste aurait dû s'imposer un choix plus franc quant à la direction à prendre (thriller pur, comédie noire...). On reste donc sur notre faim malgré une mise en scène inspirée, un duo d'acteurs épatants, une atmosphère et des décors dont on ose deviner le vice et la puanteur, puis quelques séquences chocs qui ne manqueront pas de faire débat. Imparfait certe mais terriblement intéressant.

 

Note :              

13/20

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D
Sans aucun doute le film le plus glauque j'ai vu cette année. <br /> Il y a un angle intéressant qu'il ne faut pas négliger, nous sommes avec Fatih Akin : la famille grecque qui vit en dessous du criminel. Si la police avait écouté leur plainte, s'était déplacée, il y aurait eu probablement moins de meurtres - de même que sans l'incident final, ces derniers auraient pu continuer longuement. Je pense qu'il y a derrière un propos politique mais difficile à déceler tant le film se montre choquant et frontal lorsqu'on le découvre.
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