A Couteaux Tirés (2019) de Rian Johnson

4ème long métrage pour Rian Johnson après "Une Arnaque presque Parfaite" (2009), "Looper" (2012) et surtout "Star Wars - les Derniers Jedi" (2017), ce dernier est une telle machine qu'il semble que le cinéaste ait voulu s'offrir un répit avec ce projet plus "classique". A la fois producteur-scénariste-réalisateur, Rian Johnson avoue trois références pour ce film, "Un Cadavre au Dessert" (1976) de Robert Moore, "Mort sur le Nil" (1978) de John Guillermin et "Meurtre au Soleil" (1982) de Guy Hamilton, ce des deux derniers étant adaptés d'une certaine Agatha Christie à laquelle on pense forcément, à l'instar du cinéaste : "Les histoires d'Agatha Christie n'étaient pas porteuses de messages, mais il suffit d'observer ses personnages : ils en disent long sur la société britannique de l'époque."...

Le romancier star Harlan Thrombley est retrouvé mort égorgé après avoir passé sa soirée d'anniversaire avec sa famille. Bien que tout semble concorder pour un suicide, le détective privé Benoit Blanc, s'intéresse de près à l'enquête après avoir été engagé par un inconu... Le détective est incarné par Daniel Craig qui délaisse un temps James Bond en attendant "Mourir peut Attendre" (2020) de Cary Joji Fukunaga. Les membres de la famille sont interprétés par Chris Evans, Jamie Lee Curtis, Katherine Langford, Don Johnson, Toni Collette, Christopher Plummer, Michael Shannon et Jaeden Martell, ces deux derniers jouaient déjà le duo père-fils dans "Minight Special" (2016) de Jeff Nichols. Tandis que l'aide-soignante est incarnée par la jolie Ana de Armas. Citons aussi l'un des policiers, Lakeith Stanfield qu'on a pu voir dans "Millenium - Ce qui ne me tue pas" (2018) de Fede Alvarez, ce qui renvoie au "Millenium" (2012) de David Fincher dans lequel jouait Daniel Craig... Evidemment, outre les Hercule Poirot et Miss Marple de Agatha Christie on aura également des pensées pour Sherlock Holmes, Arabesque et Columbo ainsi qu'au célèbre Cluedo auxquels Rian Johnson fait immanquablement appel : "On commence par se dire qu'on a déjà vu ce genre de film, qu'on sait comment cela fonctionne, mais on se prend au jeu et on se rend compte qu'on s'investit à fonc dans les personnages. Le film devient alors beaucoup plus profonc et bien plus ambitieux que ce à quoi l'oncroyait s'attendre"... Le film débute effectivement de façon très classique qui nous permet de nous familiariser avec les protagonistes et surtout avec cette famille "dysfonctionnelle".

La construction narrative est plaisante, rythmée comme il faut avec des personnages hauts en couleur, sans doute trop archétypes du genre mais tous asse savoureux pour ce jeu du chat et de la souris. Par contre, le suspense tombe vite à l'eau, ou du moins la ligne directrice est très vité dévoilée et elle est si grossière qu'on se doute bien qu'un "second" twist va arriver. Ca reste le plus gros défaut du film, nous offrir sur un plateau une fausse piste pour mieux nous surprendre, sauf qu'elle est si grosse qu'on n'est pas surpris... Les pieds dans le tapis... L'idée du vomi comme détecteur de mensonge est tout aussi peu convaincant, mais Ana de Armas fait passer la pilule avec une petite dose de malice et d'innocence. Finalement, si les ficelles sont grosses on passe malgré tout un très bon moment, de jolies idées de mise en scène et surtout un casting au diapason pour un jeu jubilatoire entre les personnages. En prime un manoir comme personnage central, un manoir qui existe vraiment et qui appartient réellement à la même famille depuis des lustres de quoi attiser les fantasmes. Rien d'exceptionnel donc mais un agréable moment.

Note :