Casino Royale (1967) de John Huston, Robert Parrish, Val Guest, Kenneth Hugues et Joseph McGrath

par Selenie  -  27 Avril 2020, 08:39  -  #Critiques de films

Destin bien singulier que ce film, et par là même que du roman éponyme (1953) de Ian Fleming. Dès 1954 les droits sont achetés par la chaîne CBS qui en fait un téléfilm avant d'être racheté deux fois jusqu'au producteur Charles K. Feldman qui voit ce qu'il peut en faire après le succès des "premiers" James Bond produit par Albert R. Broccoli et Harry Saltzman de chez EON Productions qui ont débuté avec "James Bond contre Dr. No" (1962) de Terence Young avec Sean Connery dans le rôle titre. Ainsi, Fledman voulût surfer sur la vague du succès en trouvant un budget conséquent (12 millions de dollars, soit plus qu'aucun Bond avec Connery !) et un casting à faire pâlir toutes les superproductions de l'époque. Une petite armée de scénaristes oeuvrèrent sur le projet, si trois sont crédités, les plus connus n'ont pas été crédité, citons d'abord Ben Hecht un des plus grands de sa génération qui débuta le script à Billy Wilder autre réalisateur-scénariste majeur qui le termina en passant par les comiques Peter Sellers et Woody Allen. Si l'idée de départ était une adaptation fidèle du roman le projet vira doucement mais sûrement vers une parodie dont l'histoire ne devait plus à voir grand chose avec le roman originel. Le style du film s'en ressentira en core plus avec un groupe de plusieurs réalisateurs qui se partageront le gâteau. Ainsi, Val Guest connu pour "Le Monstre" (1955) et "Passeport pour l'Oubli" (1966) signent ces scènes complémentaires notamment avec David Niven et signe les scènes avec Woddy Allen, Kenneth Hugues réalisateur du "Procès d'Oscar Wilde" (1960) signe les séquences à Berlin, Joseph McGrath qui débutait signe des scènes avec Peter Sellers, Ursula Andress et Orson Welles, Robert Parrish monteur oscarisé pour "Sang et Or" (1947) de Robert Rossen et réalisateur de "Libre Comme le Vent" (1956) signe les scènes avec Peter Sellers et Orson Welles, et enfin, le plus connu avec John Huston auquel on doit plusieurs chefs d'oeuvres comme "Le Trésor de la Sierra Madre" (1948) et "The Misfits" (1961) signe les scènes en Ecosse et notamment au Château de Bond...

James Bond a été anobli, et il a pris sa retraite confiné (!) dans son château en Ecosse. Mais sa hiérarchie l'oblige à reprendre du service à l'insu de son plein gré et doit lutter contre le SMERSH dirigé par Le Chiffre et pour se faire va successivement nommer 6 agents de son nom avec son matricule 007 tandis qu'il retrouve la fille qu'il avait eu jadis avec Mata Hari... Dans le rôle central de James Bond c'est David Niven qui s'y colle, ironie du sort il était dans la A List des acteurs pressentis dès le départ par Ian Fleming lui-même pour "James Bond contre Dr. No". Les autres 007 fantoche sont incarnés par Peter Sellers vu dans "La Panthère Rose" (1963) de Blake Edwards et "Docteur Folamour" (1964) de Stanley Kubrick, Woody Allen, Joanna Pettet qui venait d'être remarquée dans "La Nuit des Généraux" (1966) de Anatole Litvak, Daliah Lavi vue dans "Le Corps et le Fouet" (1963) de Mario Bava et "Lord Jim" (1965) de Richard Brooks, Barbara Bouchet dans son rôle le plus connu de sa carrière, Ursula Andress qui a été une "vraie" Bond Girl dans "James Bond contre Dr. No" et Terence Cooper qui fera l'essentiel de sa carrière en Nouvelle -Zélande. Outre Ursula Andress on peut citer Angela Scoular qui sera une Bond Girl dans "Au Service Secret de sa Majesté" (1969) de Peter Hunt et Caroline Munro qui le sera dans "L'Espion qui m'Aimait" (1977) de Lewis Gilbert. Et sinon il y a pléthore de stars qui apparaissent pour des rôles plus ou moins importants et des caméos non crédités. Pêle-mêle Le Chiffre est incarné par Orson Welles, un agent de la CIA par William Holden, M par John Huston lui-même, le chef du Deuxième Bureau par Charles Boyer, l'agent Mirabelle par l'étoile Deborah Kerr, Miss Goodhighs (Julie Lacuisse en VF !) par Jacqueline Bisset alors en début de carrière et juste avant "Bullitt" (1968) de Peter Yates, et citons encore Peter O'Toole, Elke Sommer, Géraldine Chaplin, David Prowse futur Dark Vador dans "Star Wars", Jean-Paul Belmondo qui vient faire un tour grâce au fait qu'il était en couple à l'époque avec Ursula Andress, George Raft dans son propre rôle...

La première chose qui frappe est la disparité et les différences frappantes entre les différentes parties. En effet, que ce soit dans le rythme, le style ou la mise en scène chaque réalisateur a clairement signée sa partie sans réellement prendre en compte l'ensemble du film. Résultat il y a des incohérences et/ou des incompréhensions comme le fait que Bond/Sellers connaît des ellipses bizarres. Esthétiquement le film est magnifique, et surtout se pose comme un monument pop de l'époque. Le plus gênant réside donc dans un rythme décousu, comme par exemple une première partie savoureuse , drôle et dont on appréciera les clins d'oeil aux films des James Bond incarné par Sean Connery, puis à contrario des segments lents et ennyeux comme toute la partie centrée sur Mata Bond. Certains passages ne manquent pas de sel comme une Deborah Kerr en transe, l'explosion de château ou le dernier quart d 'heure. Il ne faut pas nier non plus que la "chasse" aux stars reste un péché mignon. Niveau gadgets comme au niveau des James Bond Girls, ce film n'a pourtant rien à envier au 007 siglé chez EON. En prime il faut saluer la très belle BO de signée Burt Bacharach qui finit de nous plonger dans la mission psychédélique de 007. Evidemment, cet épisode de James Bond n'a pas sa place dans la franchise désormais mythique de EON productions, mais malgré ses faiblesses, son kitsh assumé ce film  n'en est pas moins culte. Nous ne pouvons que conseiller de voir ce film comme une fantaisie pop plutôt que comme un véritable 007 vous seriez forcément déçu ! En tous cas, les droits de ce film seront rachetés en 1999 par la MGM distributeurs de la saga de EON productions, et en sortira donc le très bon "Casino Royale" (2006) de Martin Campbell avec Daniel Craig, mais là c'est une autre histoire...

 

Note :                  

  

12/20

 

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 10 ans :               

08/20

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