Le Colosse de Rhodes (1961) de Sergio Leone

Premier film officiellement réalisé en solo de Sergio Leone, enfin pourrait-on dire. Le futur maestro était déjà depuis des années assistant-réalisateur et/ou scénariste et, notamment, il sera assistant sur un autre peplum "Les Derniers Jours de Pompéi" (1959) de Mario Bonnard dont Leone terminera seul le tournage ce qui amènera l'assistant à diriger son premier film. Ce projet est évidemment inspiré de la 6ème des Sept Merveilles du Monde érigée vers - 292 av. J.C., qui a réellement été victime d'un tremblement de terre vers - 226 av. J.C. mais qui représentait le dieu Hélios et non pas Apollon comme dans le film. Le scénario est co-signé avec plusieurs scénaristes dont Sergio Leone, Ennio De Concini spécialiste du peplum ayant signé entre autre "Ulysse" (1954) de Mario Camerini et "Hercule et la Reine de Lydie" (1958) de Pietro Francisci, puis Duccio Tessari également aguerri au genre en signant "La Vengeance d'Hercule" (1960) et "Hercule à la Conquête de l'Atlantide" (1961) tous deux de Vittorio Cottafavi,

ces trois hommes se retrouvent après avoir déjà collaboré sur "Les Derniers Jours de Pompéi", Tessari et Leone se retrouveront encore sur le culte "Pour une Poignée de Dollars" (1964)... Darios, héros grec, est invité sur Rhodes où une gigantesque statue de Apollon est inaugurée. Alors que Rhodes et la Phénicie envisage une alliance contre la Grèce, une rebellion s'organise et tente de gagner à leur cause Darios... Darios est incarné par la vedette hollywoodienne Rory Calhoun remarquée notamment dans "Comment épouser un Millionnaire" (1953) de Jean Negulesco et "Rivière sans Retour" (1954) de Otto Preminger. L'atout charme revient à la star italienne Léa Massari alors en pleine ascension après "L'Avventura" (1960) de Michelangelo Antonioni et qui tournera notamment en France notamment dans "Les Choses de la Vie" (1970) de Claude Sautet et "Peur sur la Ville" (1976) de Henri Verneuil. Le leader des rebelles est joué par la star française Georges Marchal qui tournera plusieurs peplums comme "Theodora, Impératrice de Bysance" (1954) de Riccardo Freda et "Ulysse contre Hercule" (1961) de Mario Caiano... Avec une durée de 2h15 et une ambition plutôt inédite pour une production italo-espagnole, Sergio Leone court après les superproductions hollywoodiennes avec ce peplum.

Tout y est ou tout semble y être. Le héros grec qui rejoint finalement les rebelles et qui se retrouve entre deux belles au statut social différent, les intrigues géo-politiques, les pauvres contre le pouvoir, les décors et les costumes d'époques... etc... Tout y est sans tomber dans le kitsh de la plupart des productions italiennes contemporaines. Mais on ne peut s'empêcher de penser au film "Les Derniers Jours de Pompéi", l'équipe reprenant presque le même trame (révolte, héros qui rejoint celle-ci et catastrophe naturelle). L'équipe et Leone semblent s'être plus appliqués sur l'esthétique et la mise en scène (référence certaine à "Metropolis" de Fritz Lang), avec notamment un souffle épique plus pregnant mais on se demande toujours pourquoi la rebellion veut s'attacher les services de Darios ?! Sergio Leone semble encore sous influence de son passé d'assistant et n'ose pas encore pousser ses idées de mise en scène. Mais ce peplum reste divertissant, ne manque pas de charmes et de rebondissements  et ne pêche vraiment que par une importance de Darios un peu alimentaire. Un bon moment, qui reste un des meilleurs peplums italiens mais un peu faible face aux chefs d'oeuvre du genre. Précisons toutefois que Sergio Leone déclarera que c'est le "film qu'il a le plus aimé réaliser".

Note :