Kadaver (2020) de Jarand Breian Herdal

par Selenie  -  17 Décembre 2020, 14:24  -  #Critiques de films

Un nouveau venu du grand nord scandinave, après Roar Uthaug remarqué avec "Cold Prey" (2006), Tommy Wirkola avec "Dead Snow" (2009) ou André Ovredal remarqué avec "The Troll Hunter" (2010), voici donc le premier long métrage du jeune réalisateur-scénariste norvégien Jarand Breian Herdal qui a la chance d'être siglé Netflix après plusieurs courts métrages dont "Harry Potter and Grindelwald's Demise" (2011) et "Clowne" (2014). Comme ses aînés le jeune cinéaste a choisi le genre horrifique pour tenter de percer avec un univers post-apocalyptique et une sorte de chasse à l'homme. Jarand Herdal réalise et signe le scénario...

Après une catastrophe le monde est ravagé et se retrouve dans univers post-apocalyptique où le froid et la faim sont le quotidien. Un couple et leur fille tente de survivre, quand ils arrivent dans une ville où tout semble aussi dangereux et dévasté qu'ailleurs, un homme lance un appel aux gens qui voudraient participer à un spectacle théâtral pendant lequel un repas est offert. Occasion trop rare pour refuser, la famille et tous les badauds de la zone s'engouffre bientôt dans le château qui semble épargné par les tragédies... Le couple est joué par Gitte Witt vue dans "The Sleepwalker" (2014) de Mona Fastvold et "The Spy" (2020) de Jens Jonson, puis Thomas Gullestad vu dans "Le 12ème Homme" (2018) de Harald Zwart. Ce dernier retrouve sa partenaire Maria Grazia Di Meo après "Le 12ème Homme", vue également dans le récent "Le Coupable Idéal" (2019) de Mikael Hafstrom. Citons aussi Trine Wiggen vu dans "Cold Prey III" (2011) de Mikkel Braenne Sandemose et "Breaking Surface" (2020) de Joachim Hedén, et surtout, citons le "châtelain" incarné par l'acteur Thorbjorn Harr vu dans la série TV "Vikings" (2013-2014), dans le film "Un 22 Juillet" (2018) de Paul Greengrass et le récent "Togo" (2020) de Ericson Core... Le film s'ouvre sur une metropole post-apocalyptique tel qu'on le voit dans tous les films du genre, entre ruines, morts abandonnés, carcasses de voitures... etc... Mais dans une image en CGI plutôt laide, avec des tons ternes pour bien insister sur la morne environnante. La photographie reste sans attrait, et après l'entrée dans le château on verra que l'extérieur a été vite expédié. Néanmoins, l'entrée au château, le dîner et l'annonce du jeu et de ses principes mettent l'eau à la bouche. Le speech est prometteur, l'idée même de ce théâtre grandeur nature offre des possibilités infinies pour une sorte de cache-cache qui ne dit pas son nom.

La belle idée des masques est pourtant la première à décevoir puisque cette règle n'est finalement qu'accessoire, la protection que ce masque apporte aurait pu enrichir la "chasse" mais elle n'est que décorative, dommage... Ensuite il ne se passe finalement pas grand chose pendant un moment, mais on commence à se poser des questions bien avant le couple dont la femme surtout est encore si optimiste que ça en devient gênant. En effet, elle vit dans la crainte depuis un moment (post-apocalypse !), elle ne s'interroge pas plus que ça lorsqu'on l'invite à un spectacle avec dîner tout gratuit compris, laisse sa fillette se promener dans un labyrinthe inconnu (l'hôtel), il va falloir un peu de sang pour qu'elle comprenne un peu, et encore du sang pour vraiment se réveiller (?!). Le scénario s'engonce dans la médiocrité générale, entre les incohérences (une once de surnaturel là où on devrait justement insister sur le réalisme glauque, comment certains hôtes ne peuvent pas savoir ce qui se trament réellement ?!) et les sujets sous-exploités pour ne pas dire complètement occultés (la place de l'art dans la survie par exemple, jusqu'où peut-on aller pour survivre ?!). On notera par contre quelques plans magnifiques, dont la robe rouge qui tombe dans la cage d'escalier qui lorgne sur le genre giallo. Mais finalement, si on reste sur la série B de genre, ce qui manque cruellement sont les séquences gores et/ou un suspense malsain qui se résume à 2-3 passages sans créativité et à une cuisine anthropophage qui reste bien sage comparé à quelques films qui ont déjà abordé cette thématique. En conclusion une trame qui fait saliver, un potentiel certain mais qui se place hors sujet dès que le couple se retrouve seul dans les couloirs sans leur masque, tandis que le côté gore n'est jamais assumé. Une frustration qui grandit jusqu'à la déception finale. Dommage, vraiment dommage...

 

Note :     

08/20
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