L'Esprit de Famille (2020) de Eric Besnard

par Selenie  -  27 Janvier 2021, 14:32  -  #Critiques de films

À ne pas confondre avec "L'Esprit de Famille" (1979) de Jean-Pierre Blanc ni avec "Esprit de Famille" (2005) de Thomas Bezucha. Le projet est signé du réalisateur-scénariste Eric Besnard auquel on doit des films comme "Ca$h" (2008), "600 kilos d'Or Pur" (2010) ou encore "Le Goût des Merveilles" (2015). Pour cette histoire le cinéaste s'est souvenu de son deuil à la mort de son père : "Ma névrose première étant d'écrire, assez logiquement, j'ai décidé de m'atteler à un texte dans lequel mon père, désormais absent, serait, quand même, omniprésent. Ma mère avait été le point de départ de Mes Héros, mon couple, celui du Goût des Merveilles, mon père serait le point de départ de celui-là. Cela peut paraître fou, mais quand je me suis mis devant mon ordinateur, j'ai eu immédiatement l'impression d'écrire à quatre mains."... Après avoir perdu son père, Alexandre a dû s'habituer à sa présence. Sans comprendre comment ni pourquoi, Alexandre voit et entend son père mais il est le seul à s'en apercevoir même si depuis quelques mois il en parle à sa psy tandis que la famille se réunit à la maison familiale pour la première fois après le décès. Entre temps, Alexandre s'est séparé, son frère est toujours overbooké, et son fils semble se détacher de lui...

Ce fils qui semble avoir des visions est incarné par Guillaume De Tonquédec vu récemment dans "Les Blagues de Toto" (2020) de Pascal Bourdiaux, et plus amusant, après avoir eu une poule nommée "Roxane" (2019) de Mélanie Auffret il a cette une fois une épouse du même prénom jouée par la délicieuse Isabelle Carré vue dernièrement dans "Un Vrai Bonhomme" (2020) de Benjamin Parent et "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin. Le défunt est incarné par François Berléand vu dans "Lucky" (2020) de Olivier Van Hooftsadt et "La Bonne Epouse" (2020) de Martin Provost, il retrouve le réalisateur après son court "Une Belle Âme" (1994), "Le Sourire du Clown" (1999) et "Ca$h" (2008), son épouse est interprétée par Josiane Balasko vue récemment dans "C'est la Vie" (2020) de Julien Rambaldi et "La Pièce Rapportée" (2020) de Antonin Peretjatko, elle retrouve aussi le cinéaste après "Mes Héros" (2012). Le frère et son épouse sont joués par Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie Française peu vu a sur grand écran mais citons "Radin" (2016) de Fred Cavayé et "Le Gendre de ma Vie" (2018) de François Desagnat, puis Marie-Julie Baup (madame Lorant Deutsch à la ville) qu'on a pu voir dans "Mimacs à Tire-Larigot" (2009) de Jean-Pierre Jeunet et "Le Meilleur reste à venir" (2019) du duo Delaporte-De La Patellière. Dans des rôles plus secondaires, la psy joué par Emilie Caen remarquée parmi les quatre filles du dyptique "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" (2014-2019) de Philippe de Chauveron, un rugbyman nommé Papilonio Tokotuu (peu connu jouant en 2ème voir 3ème division), et n'oublions pas le fils et petit-fils Jules Gauzelin vu dans "Une Enfance" (2015) de Philippe Claudel et "Celle que vous Croyez" (2019) de Safy Nebbou et qui retrouve Balasko après "Grâce à Dieu" (2018) de François Ozon... Au départ on pense forcément à deux choses : c'est un film sur le deuil, et sur un fantôme - ne jouons pas sur les mots ! Pourtant le réalisateur-scénariste insiste pour indiquer qu'il ne s'agit pas d'un "film de fantômes, mais un film sur les symptômes de la persistance de la présence des êtres aimés disparus". Ben voyons, il n'en demeure pas moins qu'à partir du moment où le cinéaste choisit de matérialiser l'esprit en question, il devient un personnage à part entière, un fantôme dans ce cas précis, qui reprend par là même certaines caractéristiques du genre. Après un prologue de présentation, le récit démarre réellement après une ellipse de 3 mois où on comprend donc que Alexandre/Tonquédec vit déjà depuis 3 mois avec son père comme "mauvais génie", ce qui, malgré sa psy, semble plutôt bien se passer.

Pourquoi une ellipse de 3 mois ?! Pourquoi ne pas avoir favoriser justement cette période d'adaptation ?! Comme de très nombreux films choraux et/ou familiaux, on participe donc à une réunion de famille dans la demeure familiale, avec les déboires des uns et des autres (personnels, professionnels) et surtout en filigrane le rapport au deuil de chacun. Idem, ce rapport au deuil et par ricochet aurait eu plus d'impact avant que plus de 3 mois après l'enterrement. Le temps passe, et pourtant on a l'impression qu'une fois dans la maison, l'enterrement était hier (ou du moins très récent) ce qui crée forcément une légère incompréhension. Néanmoins, les quiproquos amenés par les réflexions en marge du père sont souvent amusants, la petite fantaisie omniprésente teintée d'une toute aussi légère mélancolie instaure une atmosphère qui ne manque pas d'onirisme bien aidée par des personnages lunaires ou même intrus, du rugbyman dont on se demande ce qu'il fait là à la belle-soeur psychologiquement instable au frangin qui flirte avec le burn-out on voit vite que le seul qui semble "normal" et lucide est le fils et petit-fils qui préfère rester en retrait. Le rythme est un peu monocorde, juste assez bousculé par 2-3 séquences qui semblent être là pour se rappeler qu'il faut continuer à vivre. En prime, une jolie photographie pour mettre en valeur ce petit coin de Quiberon. Eric Besnard signe une comédie avec une idée de base plutôt réjouissante même si on ne comprend pas l'ellipse de 3 mois, et si niveau humour ça reste un peu sage pour plus de tendresse cette comédie reste sympa et sans prise de tête. Avec plus d'ambition dans le propos on aurait sans doute eu un autre film. Un bon moment néanmoins.

 

Note :            

 

12/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :               

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