Kill Bill 1 et 2 (2003-2004) de Quentin Tarantino

par Selenie  -  12 Octobre 2020, 08:28  -  #Critiques de films

Deux films pour un, en sachant que Tarantino lui-même considère ces deux parties comme un seul et même film ! Dès "Pulp Fiction"  (1994) Quentin Tarantino ébauche une première idée de film avec son interprète principale Uma Thurman mais après "Jackie Brown" (1997) le réalisateur s'octroie une pause et oublie un peu ce projet alors qu'il commence l'écriture d'un autre projet, le futur "Inglourious Basterds" (2009). Mais Tarantino recroise Uma Thurman avec qui il reparle de leur première idée ce qui donne envie au cinéaste de changer ses plans. se lancer enfin sur ce film. Le film aurait dû être fini bien avant, mais Uma Thurman tombe enceinte, puis ensuite Tarantino mettra du temps au montage, à tel point que son producteur Harvey Weinstein propose de faire deux films ce qui permet à Tarantino de garder toutes les scènes. Mais soyons honnête, ça permettait aussi au producteur de prévoir deux fois plus d'entrées en salle ! Si Tarantino est le scénariste du film, son actrice Uma Thurman est crédité également essentiellement sur sa collaboration sur tous ce qui concerne le personnage de la Mariée...

Au cours de son mariage, un commando fait un massacre tuant tout le monde et laissant la mariée enceinte pour morte. Mais cette dernière survit, et reprend des forces pour retrouver et se venger des coupables qui sont en fait ses anciens collègues, des tueurs à gages sous les ordres d'une organisation criminelle dont la mariée était membre... La mariée est incarnée logiquement par Uma Thurman qui retrouve donc Tarantino après "Pulp Fiction" (1994). Les tueurs du commando sont interprétés par Lucy Liu qui venait de connaître un succès avec "Charlie et ses Drôles de Dames" (2000) de McG, Vivica A. Fox qui retrouve Uma Thurman après "Batman et Robin" (1997) de Joel Schumacher, Daryl Hannah toujours auréolée de ses premiers films "Furie" (1978) de Brian De Palma et "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott, Michael Madsen qui retrouve Tarantino après "Reservoir Dogs" (1992), et enfin le chef joué par John Carradine qui renvoie forcément à sa série TV culte "Kung-Fu" (1972-1975). Le reste du casting se partage surtout entre des fidèles à Tarantino et les idoles du réalisateur majoritairement asiatique. Pour les premiers on peut citer Michael Parks et son fils James qui se retrouveront sur "Boulevard de la Mort" (2009), Michael Bowen (demi-frère de David Carradine) qui était sur "Jackie Brown" (1997) et qu'on verra dans "Django Unchained" (2012), et Jonathan Loughran également vu dans "Boulevard de la Mort", puis n'oublions pas la frenchy Julie Dreyfus qui jouera dans "Inglourious Basterds" (2009).

Tarantino étant grand fan du cinéma asiatique, rien d'étonnant à croiser Chiaki Kuriyama héroïne de "Battle Royale" (2000) de Kinji Fukasaku, les acteurs Sonny Chiba et Kenji Oba que les plus de 40-45 ans se rappeleront avoir vu dans la série TV "X-Or" (1982-1983), les acteurs Jun Kunimura et Yoshiyuki Morishita vus dans le culte "Ichi the Killer" (2001) de Takashi Miike, et Gordon Liu héros du culte "La 36ème Chambre de Shaolin" (1978) de Liu Chia-Liang... Avec ce film le réalisateur-scénariste rend un hommage appuyé aux genres qu'il affectionne particulièrement. Ainsi la première partie on est invité au chanbara (film de sabre japonais), au wu xia pian (film de sabre chinois) et au film d'arts martiaux hong kongais. Comme référence le cinéaste cite des films comme "Hara-kiri" (1962) de Masaki Kobayashi, "La Rage du Tigre" (1971) de Chang Cheh ou "Lady Snowblood" (1973) de Toshiya Fujita, tandis qu'on remarquera forcément la tenue jaune de la mariée qui renvoie au film "Le Jeu de la Mort" (1978) de et avec Bruce Lee et de Robert Clouse. Pour la seconde partie le cinéaste s'inspire clairement du western spaghetti, notamment de Sergio Leone, en reprenant entre autre plusieurs thèmes musicaux signés du maestro Ennio Morricone.

Par là même, si la première partie est assez sanglante, la seconde est un peu moins portée sur l'action et s'avère plus focalisée sur la psychologie des personnages. La première partie est aussi la plus riche et foisonnante à tous points de vue, avec des séquences démentes qui font appel à plusieurs références dont la partie de O-Ren Ishii ; cette partie contient notamment une partie animée de 7 minutes qui a été confié au studio Productions I.G. connu surtout pour le culte "Ghost in the Shell" (1995) de Mamoru Oshii. Les combats d'arts martiaux ont eux été confiés au chorégraphe Yuen Woo-Ping qui a assuré son art sur des films comme "Matrix" (1999) des Wachowski et "Tigre et Dragon" (2000) de Ang Lee. La seconde partie est plus sage à l'image, lé rcéit se pose, l'émotion prend plus de place au fur et à mesure que l'héroïne se rapproche de Bill, sans doute un peu plus bavard aussi, la psychologie étant aussi plus approfondie. Tarantino mélange les genres et si parfois on est clairement dans l'exercice de style il y a toujours une telle effervescence, une telle passion tout en étant toujours au service de son histoire qu'on est de toute façon happé par ce récit dantesque. Quentin Tarantino s'offre son film hommage ultime à tous les genres qu'il affectionne et si certains noteront que QT ne fait rien d'autres que du pompage en règle, allant du western spaghetti aux films de sabre en passant par les arts martiaux ça reste du pillage de luxe, pour la bonne cause et surtout avec l'art et la manière de transcender l'ensemble dans un délire visuel et musical. Le casting est tout aussi unique, dans lequel Tarantino donne une place de choix aux femmes. QT prouve une nouvelle fois qu'il est le meilleur lorsqu'il s'agit de sublimer tout un pan du septième art. Sur le fond comme sur la forme, Tarantino transcende chaque scène faisant de la plus basique un grand moment de cinéma. A voir et à revoir forcément. 

 

Note :     

18/20

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M
Top, merci pour tout, au plaisir de vous voir sur mon blog. https://mael-jouet.blogspot.com/
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H
je préfère le 2 au 1, moins sanglant (parce que le 1, pfff) et plus réfléchi sur le rapport de Qt avec leone !<br /> Sinon, pour les 2, je te rejoins sur le 17 !
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P
Complètement d'accord. Le mixage des citations fait ici des merveilles, tel un DJ composant un opéra sur des bribes de grands classiques ou de cinéma bis. Avec "Inglourious bastards" et l'imminent<br /> "Django unchained", il prolonge cette démarche tous genres confondus. Passionnant.
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