L'homosexualité au cinéma : l'évolution des moeurs

Le 21ème siècle accélère les choses, les films sur l'homosexualité sont de plus en plus nombreux. Le fond comme la forme prend plus de liberté.


Le siècle débute avec un choc tiré d'un fait divers réel, "Boy's don't cry" (2000) de Kimberly Peirce. Une jeune fille est en pleine crise identitaire, depuis des années elle se sent plus homme que femme et pour se faire, suite à un déménagement elle se déguise en jeune homme ; elle s'intègre à un groupe de copain jusqu'au jour où, tombée amoureuse d'une autre fille les copains deviennent ses bourreaux... Le film a dévoilé le talent de Hillary Swank... Ce film met en avant une autre facette de l'homosexualité, la transexualité (déjà vu dans "Priscilla" mais non approfondie)... Ici c'est la drame effroyable de l'intolérance et de la bêtise.



Le siècle débute avec un chef d'oeuvre suédois de Lukas Moodyson, "Fucking Amal" (2000). Le film raconte la rencontre entre adolescentes dans une bourgade décrite par l'héroïne par le terme qui donne le titre au film. Elin est populaire à l'école, les garçons sont à ses pieds mais elle s'ennuie dans cette petite ville. Sa rencontre avec une autre ado plus introvertie, marginale et lesbienne va réveiller en elle des sentiments forts. Les commérages d'une petite ville de province et la bêtise des jeunes gens ne vont pas faciliter l'amitié particulière des deux adolescentes.



En France "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes" (2000) de François Ozon. Un quinquagénaire (Bernard Giraudeau) installe son amant de 19 ans (Malik Zidi) chez lui tel un home au foyer. Tout se passe bien jusqu'au jour où arrive l'ex de l'amant (Ludivine Sagnier) et l'ex transexuelle du quinqua (Anna Thompson). L'équilibre du couple vacille alors. Ce film est tourné en huis clos avec seulement 4 personnages, comme pour mieux démontrer le malaise mais aussi la solitude de ses personnages.



Un des premiers films du siècle est aussi une des oeuvres les plus aboutis de Nagisa Oshima connu pour "L'empire des sens" (1976) et "Furyo" (1983). Avec "Tabou" (2000) le cinéaste explore l'homosexualité dans la caste des samouraïs avec tout le secret environnant dû au tabou que cela impose... L'arrivée d'un samouraï à la beauté androgyne sème jalousie et crime au sein de la congrégation. Oshima n'a pas peur de mettre en image ce qui doit l'être, de la profondeur de son propos à l'esthétique de la forme le film est d'une beauté aussi envoûtante que la pâleur du jeune samouraï en question.



Deux films excellents parlent d'homosexualité mais n'en sont qu'un des paramètres... "La vierge des tueurs" (2000) de Barbet Shroeder raconte la rencontre entre un écrivain quinquagénaire et un ado de 16 ans, tueur à gage dans la favella. Le drame est inévitable mais la relation est intense malgré l'extrême violence de la ville. Ce film est un mixte parfait entre amour et action dont la fatalité te le destin semblent liés.
"Loin du Paradis" (2002) de Todd Haynes est un peu hors sujet mais c'est un film que j'adore. Dans les années 50 une femme (Julianne Moore superbe) après avoir appris que son mari est homosexuel elle se rapproche de son jardinier noir ; dans l'amérique maccarthiste il n'y pas que l'anti-communisme et entre la discrétion que les convenances imposent et le racisme ambiant le femme au foyer restera on s'en doute prisonnière de son époque. Chef d'oeuvre...

David Lynch et son "Mulholland Drive" (2001) est un film à part... Comme la plupart de ses oeuvres ce film est un monde parallèle compliqué, un rêve qui est perçu différemment par chaque spectateur, une expérience sensuelle, un fantasme... L'homosexualité des deux héroïnes n'est pas si importante, il n'est qu'un petit ingrédient dans le voyage sensoriel imaginé par Lynch.



"Memento Mori" (2002) de Kim Tae-Yong et Min Kyu-Dong est un thriller coréen. Dans un lycée une élève trouve le cahier intime où deux de ses camarades raconte leur histoire d'amour. L'une des deux amoureuses se suicide. Tandis que l'autre ne semble pas affectée des phénomènes bizarres arrivent... Le début montre l'intolérance et la bêtise avant que la vengeance ne se mette en place.



Arrive enfin le film qui va démocratiser aux yeux du monde l'homosexualité à savoir "le secret de Brokeback Moutain" (2005) de Ang Lee. L'histoire se déroule au début des sixties, deux cow-boys isolés pour garder un troupeau vivent alors une passion aussi charnelle qu'inattendue. Pour deux cow-boys qui se doivent d'être viril et macho leur relation est bien compliquée et ils se doivent de s'oublier. Après leurs mariages respectifs ils se revoient... Réaliser un film sur un tel sujet par le biais d'un pseudo-western n'est pas anodin on s'en doute, il faut marquer les esprits. Entre les paysages magnifiques et millénaires et la relation fragiles et faite de courts instants la fracture est d'autant plus belles. Certaines scènes sont particulièrement forte comme leur première relation, comme deux hétéros surpris par leur subite pulsion... La fête foraine pleine démotion... Les scènes avec leurs épouses trop souvent minimisées... Le succès du film a ouvert des portes même si le censure est parfoise encore présente notamment en Italie qui a diffusé le film avec la scène d'amour et le baiser en moins.

La même année (2005) sort "My summer of love" de Pawel Pawlikovski. Ce film raconte la rencontre, le temps d'un été entre deux adolescentes. Mona (Nathalie Press) vit seul avec son frère plus au moins gourou d'une secte se retrouve troublée par sa rencontre avec Tamsin (Emily Blunt) une petite bouregeoise... D'homosexualité il en est pas question ici comme on peut le lire partout ; il s'agit simplement d'une amitié où la relation ambigüe est plus due à la personnalité étrange et au jeu malsain de l'une vis à vis de l'autre, un "Créatures célestes" sans qu'il ne soit question de lesbianisme... A moins d'y déceler des traces dans tous les films d'amitiés féminines !



Avec Gus Van Sant il est bon d'ajouter le réalisateur israëlien Eytan Fox (gay lui-même) dans ceux qui tentent d'ouvrir les yeux du monde sur l'homosexualité... "Yossi et Jagger" (2004) raconte la relation entre deux soldats de l'armée israëlienne ; le secret qu'ils se doivent dans l'enceinte de leur base est particulièrement difficile.



Tout de suite après il réalise sans doute un des meilleurs films sur le sujet "The bubble" (2007) ; l'histoire d'amour entre un israëlien et un palestinien... Les check-point, le conflit interminable entre Israël et la Palestine sont des problèmes que les jeunes gens tentent d'effacer de leur vie, et ainsi vivre dans leur "bulle" mais il est bien difficile de vivre à l'écart dans une quelconque autarcie dans une région telle que la leur.



"Les filles du botaniste" (2006) de Daï Sijié est l'histoire d'une apprentie qui part sur une île auprès d'un maitre solitaire et de sa fille trop heureuse de recevoir uen invitée. Au fur et à mesure les deux jeunes filles se rapproche et vivent leur amour au sein des jardins luxuriants et suintants. Mais les années 80 en Chine ne veulent pas dire ouverture d'esprit et liberté de penser... Magnifique film sensuel qui offre en plus une photographie de toute beauté...



La même année (2006) Zabou Breitman sort "L'homme de sa vie" avec Charles Berling et  Bernard Campan. Un homme marié (Campan) rencontre un soir d'apéro son nouveau voisin, un homme ouvertement et joyeusement gay ; une relation troublante va jeter le doute dans le coeur du marié... Le film offre la part belle à un Charles Berling excellent.



"Love Sick" (2007) de Tudor Giurgiu, outre que c'est un des films qui annonce la nouvelle vague du cinéma roumain (et ça a son importance !) le film relate l'histoire d'amour entre deux étudiantes kiki et Alex ; leur relation est interféré par le frère de Kiki, à la fois jaloux et méprisants la relation de sa soeur... Ce film récompensé par nombre de prix dans les festivals du monde entier...



Un film aborde l'envie d'être parents pour un couple gay, "Comme les autres" (2008) de Vincent Garenq. Le film raconte comment un couple gay se confronte au désir d'avoir un enfant, où plus justement comment l'un des deux souhaiterait avoir un enfant alors que le second ne peut imaginer cette possibilité. La rencontre avec une femme sans-papier va leur permettre d'y arriver non sans quelques incidents de parcours. Ce film est une comédie (officiellement) mais aborde un sujet délicat, malgré un thème intéressant le film est lui inégal.


"Leonera" de Pablo Trapero retrace le parcours d'une femme en prison et de son combat pour élever son enfant comme elle l'entend. Sa realtion lesbienne et carcérale est assez peu importante car l'histoire se focalise vraiment sur la relation mère-enfant il n'en demure pas moins que le film est à conseiller.

On arrive à notre année 2009 assez riche en la matière...



"Harvey Milk" de Gus Van Sant (tien tiens !) qui raconte la vie du personnage éponyme. Mais en fait le film relate la vie politique d'un homme gay qui devient avant tout homme politique ; que le second soit une conséquence du premier est avant tout du aux années 70. Le film en effet omet de parler de sa jeunesse, le pourquoi du comment est complètement occulté pour se baser essentiellement sur son combat politique ; un passage sur sa jeunesse aurait été une solide base avant de nous plonger dans une campagne certe historique mais politique avant tout, l'homosexualité et son quotidien, ici l'intimité de Harvey Milk, est trop survolé. Le film reste cependant un très très bon film à conseiller.



"Country Teacher" de Bodhan Slama est un petit film d'auteur excellent. Un prof d'une grande ville demande sa mtutation en province dans une petite ville pour se remettre en question. Pourquoi cette mutation ? Une femme est attirée par lui mais lui préfère son fils... Le prof fera l'irréparable avant de comprendre que la tolérance existe aussi en campagne.



"Tu m'aimeras point" de Haim Tabakman est un film dur sur l'histoire d'amour entre Aaron (père de famille juif ultra-orthodoxe) et Ezri un jeune homme de 22 ans. Aaron se détache petit à petit de son monde avant que les pressions et autres convenaces ne le mettent au pied du mur. Dans l'Israël d'aujourd'hui une histoire d'amour clivée par la religion extrémiste et l'intolérance qui va avec.



"Je te mangerais" de Sophie Laloy raconte la relation entre deux locataires. Cette relation est bancale dès le début l'une Marie (Judith Davis) est subjuguée, sous l'emprise de Emma (Isild Le Besco)... Un film sensuel et charnel où la psychologie a son importance.



"El nino Pez" de Lucia Puenzo raconte l'histoire d 'amour entre Lala fille de bonne famillle et Guyai jeune paraguayenne, femme de ménage des parents de Lala. Confrontation des classes et relation contre nature dans un pays où le catholicisme est toujours très fort.

"Bruno" de Sacha Baron Cohen n'est pas à un film sur l'homosexualité, Le personnage de Bruno est un gay mais il ne sert à Baron Cohen que de vecteur pour dénoncer divers travers de l'Amérique puritaine... De plus les clichés appuyés sert avant tout l'humourpotache et facile de son auteur. Film hors-sujet donc.