Woody Allen : de New-York au Vieux Continents

par selenie  -  30 Janvier 2009, 22:27

Woody Allen va allègrement vers ses 50 ans de carrière et 44 films au compteur soit 1 film par an, réglé comme une horloge.
Des films toujours magnifiquement écrits, aux castings soignés et dotés d'un humour spécifiquement "Allennien". Ses films sont toujours de véritables plaisirs à défaut d'être tous des chefs d'oeuvre.
Jusqu'à il y a peu ses films ont quasiment toujours New-York comme cadre. A l'instar de Martin Scorcese New-York est la ville de Woody Allen... Jusqu'au jour où il décida de partit tourner sur notre Vieux Continent !
Etonnement, surprise sont de mises, Woody trahi sa ville, sa Grande Pomme...
Mais à regarder de plus près n'était-ce pas logiquequ'un jour il se décide à sauter le pas, à traverser l'Atlantique ?!
En effet, depuis le début Woody allen a été plus apprécié en Europe qu'aux Etats-Unis, depuis le début son succès vient surtout de l'Europe. Depuis son premier film en 1966 c'est bien l'Europe (et surtout en France) qui le considère comme un cinéaste majeur du septième art. Venir sur le Vieux Continent pourrait être vu comme un remerciement aux spectateurs européens qui lui ont toujours été fidèles, qui l'ont toujours soutenus. En sachant qu'il passe et vit une grande partie de sa vie en Europe et notamment en France (le palace le Ritz est sa seconde demeure) ; n'était-ce pas normal de le voir un jour diriger un long métrage sur notre continent ?

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D'ailleurs ce changement de cap n'est pas si incroyable que ça, Woody Allen a par le passé su changer... Sa première décennie, de "Lily la tigresse" (1966) à "Guerre et Amour" (1975) en passant par "Bananas" (1971) et "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe" (1972) Woody Allen est dans une période de comédie pure voir burlesque. On sent l'influence de ses idoles Bob Hope et Groucho Marx.

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Avec le succès de "Annie Hall" (1977) et ses 4 Oscars Woody Allen fait un virage pour laisser la comédie pour la comédie dramatique. Pendant une quinzaine d'année Woody Allen réinvente le genre et en devient un des maitres. Tout en osant plusieurs styles comme autant d'hommages - "Intérieurs" (1978) pour Ingmar Bergman, "September" (1987) pour Fellini, "Ombres et brouilards" (1991) pour l'expressionisme allemand - Woody Allen signe une période considérée comme la plus personnelle et la plus réussie. Parmi cette période "La rose pourpre du Caire", qui est souvent cité comme un de ses meilleurs films, est aussi classé dans le top 100 de l'histoire du cinéma par Times Magazine. Durant cette période il ne délaisse jamais ce qui fait un film de Woody Allen, une pincée de mélancolie, névrose et angoisse avec toujours une bonne dose d'auto-dérision.

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Arrive alors le milieu des années 90, Miramax renvoie Woody Allen suite aux succès mitigés de "Nuits de Chine" (1994), "Maudite Aphrodite" (1995) et "Tout le monde dit I love You" (1996). Tout de suite réengagé par Fine Line Features il retourne vers le genre de ses débuts à savoir la comédie. "Harry dans tous ses états" (1997) se révèle être un des films les plus personnels de Woody Allen avec un scénario très dense, son personnage psychologiquement instable sans oublier l'auto-dérision. Suivent entre autres "Celebrity" (1999) son retour au NB 20 ans après le superbe "Manhattan" (photo ci-dessus), "Escroc mais pas trop" (2000) sans doute sa comédie la plus sous-estimée, "Hollywood ending" (2001) et "Melinda et Melinda" (2005) qui s'avère être son dernier film new-yorkais.



N'oublions pas l'intrus de cette période "Accords et désaccords" hommage au Jazz et à Django Reinhart tourné comme un biopic, excellente comédie avec un Sean Penn génial en guitariste narcissique.
Cette dernière période ne fut pourtant pas celle escomptée. Ses derniers films n'ont pas le succès critiques et publics qu'il a pu connaitre par le passé.

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Peut-être est-ce la raison pour laquelle Woody Allen décide de "s'expatrier" ?
2005, date de "Melinda et Melinda" mais aussi date à laquelle sort son premier film européen "Match Point" avec Jonathan Rhys-Meyers et Scarlett Johansson. Une réussite totale salué aussi bien par les critiques que par le public ; c'est son meilleur film depuis longtemps, voir son meilleur (pour moi en tous cas). Pour ce film il laisse de côté tout ce qui à fait Woody Allen pour se lancer dan un thriller, un film à suspense dont il maitrise parfaitement le sujet. Le suspense est là et la tension bien présente. Il n'oublie pas de critiquer la bourgeoisie d'un ton subtil et acerbe par le biais d'un arriviste prêt à tout pour réussir ; ce qui n'est pas sans rappeler un autre chef d'oeuvre "Une place au Soleil" (1952) de Georges Stevens.

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Grâce à ce film Woody Allen se trouve, après Diane Keaton et Mia Farrow, une nouvelle muse en la personne de Scarlett Johansson. Cette dernière sera l'héroïne de la trilogie "londonienne" ouverte par "Match Point".

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En 2006, il sort "Scoop" avec toujours Scarlett Johansson et Hugh Jackman. Ce second film est d'une réussite moindre. Plus léger que "Match Point", un suspense moins efficace car plus classique, des dialogues moins savoureux et un couple qui fonctionne moins bien malgré le charme certain des deux stars. Heureusement pour Woody Allen le succès est pourtant au rendez-vous.


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En 2007 (toujours 1 film par an !) Woody allen revient avec le dernier opus de sa trilogie, "Le rêve de Cassandre" avec Colin Farell et Ewan McGregor dans les rôles de deux frangins.Ce film est celui qui a le bien moins fonctionné que ce soit auprès du public ou descritiques ; sans doute à cause du peu de ressemblance entre les deux acteurs ; quelle mauvaise excuse pourtant, qui ne connait pas de frères dont la ressemblance est plus qu'éloignée ?! Où est-ce parce que sa nouvelle muse Scarlett Johansson n'est pas de l'aventure ?! C'est tout à fait dommage car quel film ! 2 frères aux caractères bien opposés et au quotidien bien différent s'entraident pour mieux s'enfoncer dans la poisse ; un oncle n'y étant pas pour rien dansleur descente aux enfers. Un vrai suspense de bout en bout et une fin parmi les meilleures de cette année 2007 ; une fin cynique loin des carcans habituels de Hollywood.

La trilogie "londonienne" est donc dans l'ensemble une très belle réussite et signe un retour en grâce. Il prouve qu'il peut aussi faire autre chose qu'une comédie et qu'il peut laisser le psy de côté sans perdre son talent. Woody Allen prouve également qu'il est aussi bon à New-York qu'en Europe.

Qu'à cela ne tienne Woody Allen décide de rester sur le Vieux Continent... Mais cette fois il part au sud, en Espagne patrie de Almodovar. Il réunit un casting hétéroclite ; il rappelle Scarlett Johansson. Il fait appel aussi à deux monstres du cinéma hispaniques Penelope Cruz et Javier Bardem ainsi qu'à une nouvelle Rebecca Hall. "Vicky Cristina Barcelona" sort en 2008 et c'est encore un succès.

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L'histoire de deux américaines parties en vacances à Barcelone font la connaissance d'un artiste peintre, bel hidalgo. Séducteur et libertin il est pris au piège d'une histoire d'amour ardente et destructrice avec une artiste peintre (Majestueuse Penelope Cruz). C'est l'histoire d'un amour triangulaire (à 4 ?!) où le sexe se compare à l'art. La force du film réside essentiellement dans la psychologie des femmes (une américaine fidèle et timide et l'autre volage et aventurière). Javier Bardem est ici en quasi spectateur amusé et flatté devant ce combat des femmes. Charmes et sensualités sont les ingrédients de ce film européen le plus new-yorkais depuis son arrivée en Europe.

Il est clair qu'au vu de ses 4 premiers films européens Woody Allen cherche à changer de registre et d'horizon. Et force est de constater qu'il y réussit fort bien. A priori son prochain projet sera tourné à Paris, sa ville d'adoption. La France coûte cher et Woody allen est en déjà pourparler avec l'administration française pour obtenir des conditions fiscales et financières avantageuses.

Espérons que la suite des évènements portent encore chance à Woody Allen et donc à nous !


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