Mune, le gardien de la Lune (2015) de Benoit Philippon et Alexandre Heboyan
Voilà un film d'animation 100% français qui ne manque pas d'idées à défaut d'être nouveau. La première chose étonnante c'est que le film est une oeuvre de Benoit Philippon dont c'est le premier long métrage d'animation, lui qui a été scénariste sur le thriller "Sueurs" (2002) de Louis-Pascal Couvelaire et réalisateur-scénariste de la comédie dramatique "Lullaby" (2009). Au préalable Philippon voyait "Mune..." comme l'histoire d'un enfant vivant dans une forêt qui décroche la Lune avec un filin. Techniquement infaisable en prise de vue réelle, il sa lança alors dans un projet d'animation en tant que Auteur-dialoguiste-scénariste-réalisateur. Pour l'aider il a fait appel au co-scénariste Jérôme Fansten qui travailla précédemment sur "Au bonheur des Ogres" (2012) de Nicolas Bary et "Papa ou maman" (2015) de Martin Bourboulon mais surtout il fit appel à Alexandre Heboyan (co-réalisateur) anciennement animateur chez DreamWorks...
Il s'agit avant tout d'un conte dans un monde à la dualité mythique entre Soleil et Lune. Le premier bon point est similaire aux productions d'animation hexagonale, la bonne idée de se démarquer des normes hollywoodiennes. Ici les personnages sont un joli mixte entre humanoïde et bestiaire issus de la faune et la flore facilement identifiable. L'esthétique est unique et offre une vraie personnalité au film. Ensuite l'histoire fait un juste milieu entre conte classique (décors, scénario, morale) et modernité (personnage ancré dans la jeunesse d'aujourd'hui dans la gestuelle et le langage sans tomber dans le trop caricatural). "Mune..." est finalement la bonne équation entre "Les Enfants de la Pluie" (2003) de Philippe Leclerc (dualité) et "Jean de la Lune" (2012) de Stefan Schesch (poésie lunaire). Il est dommage que le scénario soit par contre si convenu, trop classique. C'est bien son plus gros "défaut". Niveau graphisme et dessin on est dans un style audacieux (priorité à la poésie plutôt qu'à l'humour) qui pêche par 2-3 détails, notamment les serpents trop "plats" autant dans la forme que dans le fond. Le travail sur le rapport 3D/2D n'est pas probant (comme 95% des cas), ça ne changera rien au ressenti sur la qualité intrinsèque du film notamment grâce à une émotion bien présente. Une belle réussite.
Note :