Jane got a gun (2016) de Gavin O'Connor
Figurant sur la Black List des meilleurs scénarios à Hollywood, ce film a bien failli prendre le chemin des films maudits. Au départ ce film est un projet porté par la réalisatrice Lynn Ramsay, à laquelle on doit le déchirant "We need to talk about Kevin" (2011). Nul doute que ce choix était aussi judicieux qu'audacieux, elle aurait assurément porté un oeil attentif sur le personnage de Jane, mère courage et survivante dans l'ouest machiste. Malheureusement, elle quitta le navire en catastrophe et avec elle le casting s'est vu complètement chamboulé : adieu Michael Fassbender, Jude Law et Bradley Cooper et bienvenue au réalisateur Gavin O'Connor qui ramène avec lui des acteurs fidèles avec qui il a déjà tourné, Noah Emmerich et surtout Joel Edgerton (sur "Warrior" en 2011). En prime, Natalie Portman retrouve son partenaire de la Force (Star Wars) Ewan McGregor en grand méchant loup. La nouvelle équipe s'impose et s'approprie le film, tant et si bien que la star Natalie Portman est aussi productrice et l'acteur Joel Edgerton devient co-scénariste.
Laissons les débats stériles sur "enfin un rôle de femme forte dans un western", des polémiqueurs qui oublient "Johnny Guitar" (1954) de Nicholas Ray, "40 Tueurs" (1957) de Samuel Fuller et même dernièrement les excellents "Gold" (2013) de Thomas Arslan, "Shériff Jackson" (2013) de Logan Miller et "The Homesman" (2014) de Tommy Lee Jones... Liste non exhaustive qui démontre bien que les femmes ont toujours eu des places de choix dans l'ouest sauvage... Non, cette fois elle est d'abord une mère de famille, qui veut se battre et se défendre mais qui n'en est pas moins victime des hommes et de leur violence avant tout. Le choix d'user des flash-backs permet de faire un western efficace de 1h35, placé sous le feu de l'action. Mais au vu du potentiel on ose imaginer ce que ça aurait pu être avec un script linéaire de 2h30-45 avec du souffle épique en plus ! Avec ce scénario l'émotion n'a que trop peu de place pour s'installer, et pourtant l'action en découle directement. On est dans un pur western d'action qui lorgne fortement sur "The Proposition" (2005) de John Hillcoat pour la forme, mais avec une tension moindre. On retrouve la chaleur poisseuse, la poussière omniprésente, l'air sec d'où on devine le quotidien difficile dû aux éléments. Outre la petite déception d'être un simple western de 1h35, on est un peu déçu du final, expédié dans un feu d'artifice presque "inapproprié". C'est un bon western de base, classique et tout à fait maitrisé. Mais on se dit qu'un tel matériau valait un peu plus d'ambition générale.
Note :