Dalton Trumbo (2016) de Jay Roach
Dalton Trumbo, une légende, un héros diront certains, il est assurément un scénariste majeur des années 1940-1950-1960 et il reste un symbole fort de l'anti-maccarthysme... Un biopic sur ce grand homme du cinéma est aussi logique que nécessaire. Le film est tiré d'un documentaire (2007) lui-même inspiré des lettres mêmes de Trumbo qu'il a écrites pendant la période sombre des années 1947 à 1953 et que son fils Christopher Trumbo a mises à disposition. Malheureusement le scénario se focalise sur une période allant de 1947 à 1960 et devient avant tout un résumé express de la période de la Liste Noire. Le biopic laisse place à une thèse filmée dont la trame serait tirée essentiellement du résumé wikipédia. En effet, le fait de Trumbo ait déjà eu de nombreux déboires avant-guerre est complètement occulté, tandis que le film oublie un peu trop que la période la plus sombre se déroule avec l'arrivée de McCarthy durant les années 1952-1953, années "presque" fastes pour Trumbo et dont le scénario tait les conséquences. D'où la problématique majeure du film, est-ce un réel biopic ou un pan d'Histoire sur la Liste Noire plus connue sous le nom maccarthysme (car entré dans la triste postérité) ?!
Le film hésite continuellement... Les ellipses et les raccourcis sont parfois dommageables avec un casting un peu bancal. Les premiers rôles sont excellents avec un Trumbo incarné magnifiquement par Bryan Cranston, son épouse est jouée par la jolie et touchante Diane Lane, le producteur John Goodman s'en donne à coeur joie, Helen Mirren est une magnifique vipère mais on reste pantois devant les acteurs qui jouent des mythes comme John Wayne ou Edward G. Robinson. Le mélange entre archives et images d'aujourd'hui ajoute au décalage, les images d'archives auraient dues être plus importantes et gérées plus intelligemment,ou sinon s'en passer clairement. Le soucis finalement est d'avoir eu une ambition énorme sur le sujet mais qu'au final les moyens n'y ont été que médiocres. Donc un casting solide et expérimenté mais nullement clinquant, un réalisateur plus habitué aux comédies allant des bons "Austin Powers" (1997) et "Mon Beau-Père et moi" (2000) au pitoyable "The Dinner" (2007), un scénario issu vaguement de la télévision, et cette propension à être constamment entre deux chaises (Trumbo ou maccartysme ?!)... L'ambition du sujet se perd finalement dans un téléfilm de luxe pertinent et diablement intéressant mais qui manque cruellement de densité comme d'ampleur. Un bon film mais qui n'est pas à la hauteur d'un tel sujet qui méritait tout de même mieux. Pour les plus intéressés par cette période je vous conseille d'aller sur ces articles LA et ICI sur cette période Liste Noire et Maccarthysme.
Note :