Victoria (2016) de Justine Triet
Réception très positive lors de sa sortie avec des critiques dithyrambiques pour ce film qu'il ne faut pas confondre avec le remarqué thriller allemand "Victoria" (2015) de Sebastian Schipper. Nouveau film de la réalisatrice du non moins remarqué "La bataille de Solferino" (2013), Justine Triet a pu user d'un budget plus conséquent pour ce portrait de femme "moderne" en proie à la dépression. On suit donc Victoria, belle avocate d'une trentaine d'année qui ne sait plus où donner de la tête entre son boulot et ses aventures sans lendemains, avec ses petites jumelles au beau milieu, le tout empirant en peu de temps après qu'un ami soit accusé de tentative de meurtre et un ancien client dealer qui s'installe chez elle comme baby-sitter. Bref, bien qu'elle ait tout pour réussir une belle vie, chez Victoria c'est plutôt que le bateau coule... Victoria est incarnée par Virginie Efira, abonnée aux RomComs et aux rôles de cougar puisqu'on pense évidemment au film "20 ans d'écart" (2013) de David Moreau, film d'ailleurs grâce auquel Justine Triet a choisi Virginie Efira.
L'actrice qui a déjà montré une autre facette dans le thriller "Elle" (2016) de Paul Verhoeven offre là ce qui est sans doute son plus beau rôle passant dans une palette de jeu encore inédite. A ses côtés un joli trio d'acteurs aux styles biens différents : le jeune Vincent Lacoste, le ténébreux fragile Melvil Poupaud et le parasite "anar" joué par le succulent Laurent Poitrenaux. Malheureusement le scénario est alourdi par des passages superflus et des invraisemblances technico-judiciaires. Les passages chez le psy et la voyante ne servent strictement à rien, offrent les dialogues les plus pauvres et ineptes malgré un potentiel (sous-exploité) de la voyante. Ensuite au niveau judiciaire il est inconcevable qu'une avocate plaide alors qu'elle est susceptible d'être elle-même témoin. La séquence du malaise où un policier préfère appeler (d'ailleurs comment ?!) un baby-sitter évincé quelques temps avant plutôt que les pompiers est d'une maladresse embarrassante. Le témoignange du chien est sous-exploité (ou mal exploité ?!) mais reste un clin d'oeil sympathique au chef d'oeuvre "Autopsie d'un meurtre" (1959) de Otto Preminger. Justine Triet a déclaré s'être inspirée des géniaux Franck Capra à Billy Wilder en passant par Blake Edwards, mais on est clairement pas dans ce genre de comédies relevées et rythmées. On pense nettement plus à du Woody Allen, voire Jean Renoir (toute proportion gardée évidemment). Il ne s'agit nullement de comédie pure ni autre sous-genre mais d'une chronique douce-amère très bien écrite sur le personnage de Victoria mais qui pêche dès qu'on dévie sur la périphérie du personnage, le contexte étant lui peu solide malgré un scénario assez dense. On est bien loin de l'hilarité ! A l'instar du "Toni Erdmann" (2016) de Maren Ade avec il existe plusieurs thématiques en commun il est assez effarant de parler d'hilarité pour des comédies dramatiques dénuées de gags "réels". Il manque un peu de folie dans tout ça au niveau humour, il manque aussi de la cohérence dans le pourtour "réaliste". Au final il s'agit d'un film sans aucun doute un peu surestimé et qui fait tout aussi peu illusion grâce à des acteurs en osmose et bien inspirés.
Note :