Les Figures de l'Ombre (2017) de Theodore Melfi

par Selenie  -  9 Mars 2017, 18:02  -  #Critiques de films

Ce film entre dans la catégorie déjà nombreuse, des films qui raconte une petite histoire sans laquelle la grande Histoire n'aurait aucun intérêt, ce qui pourrait être signifier d'anecdote mais tellement nécessaire et inéluctable qui fait de cette histoire un point de vue essentiel. Où comment des femmes, afro-américaines de surcroît, ont été au centre névralgique des débuts de l'aventure spaciale de la NASA dans un pays où la ségrégation était encore omniprésente. Adapté du livre "Hidden Figures" (2014) de Margot Lee Shetterly le récit reprend les histoires de trois de ces femmes, Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson. Précisons que l'auteure est en terrain connue, afro-américaine elle-même elle a été élevé à Langley (base NASA) où son père était chercheur. Idem pour la scénariste Allison Schroeder, non afro-américaine mais elle a étudiée les maths à un haut niveau et a travaillé à la NASA, et son grand-père a participé au programme Mercury auquel John Glenn fit parti et qui est un peu raconté dans le film. L'auteure du livre est également co-productrice du film avec, entre autres, un certain Pharrell Williams  star de la musique qui en profita pour superviser celle du film notamment en tant que parolier. Avec un duo auteure-scénariste qui connaissent leur sujet, un co-producteur musicien investi il nous manque plus qu'un réalisateur et trois actrices idéales pour incarner ces trois héroînes de l'ombre.

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A la mise en scène c'est Theodore Melfi qui a été choisi qui n'est connu jusqu'ici que pour un film Netflix, "St Vincent" (2014), et comme scénariste du film "Braquage à l'ancienne" (2017) de Zach Braff. Disons-le tout de go Theodore Melfi signe un film d'un académisme formel plutôt tristounet, un côté scolaire qui offre toute sécurité mais qui sied aussi parfaitement à un tel sujet. Pour les trois "stars" de la NASA nous avons Taraji P. Henson (vu dans les séries TV "Person of Interest" en 2011-2013 et "Empire" en 2015) qui incarne Katherine Johnson, Octavia Spencer (vu dans "La Couleur des sentiments" en 2011 de Tate Taylor et "Fruitvale Station" en2014 de Ryan Coogler) qui est Dorothy Vaughan et enfin Janelle Monae (vu dans "Moonlight" en 2017 de Barry Jenkins) qui joue Mary Jackson.  En prime la présence des stars mondiales Kevin Costner (atout bankable) et Kirsten Dunst (second rôle). En atout bankable qu'il ne faut pas négliger, la présence de Mahershala Ali tout nouvellement oscarisé pour son rôle dans "Moonlight" où il était le dealer compagnon de Janelle Monae !... Le film se focalise sur l'aventure de l'opération Mercury sur la période 1960-1962, sorte de période charnière, une première apogée qui doit symbolisé ces trois carrières. Néanmoins si Theodore Melfi résume ces trois carrières dans une synthèse remarquable le scénario prend quelques libertés avec les faits. En effet (pour plus de précisions lire les biopics via les liens plus hauts) ces trois chercheuses sont au centre de Langley depuis plusieurs années et plusieurs situations ou évènements qui nous sont montrés dans le film se sont en fait passés bien avant 1960.

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Mais la force du film réside bien ailleurs, car si la ségrégation est bien un gros problème d'intégration qui est retranscrit dans le film c'est aussi parce qu'elles sont juste femmes. En effet, par exemple, quand Katherine Johnson entre dans son nouveau service "spacial" elle est la seule noire mais aussi la seule femme chercheuse. Tout le long du film on sent le poids patriarcal qui pèse sur les femmes, souvent épouse et mère. Niveau ségrégation le film est pourtant un peu tiède, dans le sens où on a un peu de mal à croire que l'intégration fut aussi facile. Sur une autre facettes les hommes sont dociles et/ou compréhensifs et/ou lâches à l'exception notable de monsieur Kevin Costner et de l'astronaute John Glenn héros américain. Ces petits arrangements font de ce film un buddy movie sur trois copines génies mathématiciennes qui se moquent de leur époque en réussissant dans leur domaine. Ca manque un peu d'un réalisme plus frontal avec la réalité des faits, on aurait aimé un récit moins édulcoré car là, on a l'impression que tout a été pour le mieux, assez facile même. Encore aujourd'hui des femmes (même blanches !) ont plus de difficultés... Mais Theodore Melfi signe un joli film, un condensé bien construit mais façon buddy movie avec le petit côté "L'Etoffe des Héros" (1983) de Philip Kaufman côté coulisse, couloir afro-américain... A voir et à conseiller.

 

Note :              

14/20
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