Décès de Victor Lanoux
Seulement trois jours et voici qu'après le réalisateur Pierre Gaspard-Huit on apprend la mort de l'acteur Victor Lanoux ce jour du 4 mai 2017 à l'âge de 80 ans.
Né en 1936 à Paris, Victor Robert Nataf est le fils d'un père juif tunisien et d'une mère normande catholique. Dès le début de la Seconde Guerre Mondiale ses parents l'envoient dans la Creuse où il vit en sécurité jusqu'à ses 11 ans sous le nom de Victor Lanoux. Lorsqu'il revient sur Paris en 1947 l'enfant ne parle que le patois. Il obtient malgré tout son certificat d'études et devient ouvrier aux usines Simca. Il s'engage dans l'armée à 19 ans et devient parachutiste notamment pendant la Guerre d'Algérie.
Là, la bio est un peu floue. En effet, il est censé revenir de l'armée à 22 ans et dans le même temps il est censé avoir trouvé comme travail à son retour un poste de machiniste sur le tournage du film "Notre-Dame de Paris" (1956) de Jean Delannoy, où voir travailler Anthony Quinn lui aurait donné envie de devenir comédien... Mais lors du tournage Victor Lanoux avait 20 ans... Cependant, c'est à son retour qu'il suit des cours par correspondance via Cinémas du Monde et le Conservatoire indépendant du cinéma français. Il s'inscrit ensuite au cours de Solange Picard.
Idem pour ses débuts, les différentes sources (Allociné, Imdb, Wikipédia...) ne permettent pas de définir son premier film de façon officielle. Ca serait soit "Archimède le Clochard" (1959) de Gilles Grangier soit "Coquillage à l'oreille" (1959) de Bompiani (pour un simple rire !) soit "La Vie Normale" (1964) de André Charpak ou encore "La Vieille dame indigne" (1965 - ci-dessus à droite) de René Allio !
Quoi qu'il en soit, sa première rencontre importante est celle de Pierre Richard en 1961 avec qui il crée un numéro de cabaret qui durera 5 ans, faisant notamment souvent la première partie de Georges Brassens.
C'est pourtant grâce au film "La Vieille dame indigne" qu'il est repéré par Georges Wilson au Théâtre National de Paris. Il y travaillera de 1964 à 1969. Une période où le grand écran n'a que peu de place. Outre le théâtre, on le voit également un peu à la télévision comme dans un épisode de la série "Les Chevaliers du Ciel" (1968).
Il retourne enfin au cinéma avec un petit rôle dans le film "Trois milliards sans ascenseur" (1972 - ci-dessus) de Roger Pigaut ce qui lui ouvre la porte d'autres tournages dans la foulée. On le voit ensuite dans "Elle court, elle court la banlieue" (1973) de Gérard Pirès, il apparaît dans "Deux hommes dans la ville" (1973) de José Giovanni avec Gabin qu'il retrouve dans "L'affaire Dominici" (1973) de Claude Bernard-Aubert où il joue le fils de Gabin, Gustave Dominici.
Entre temps il se met à l'écriture et met en scène lui-même ses deux pièces "Le Tourniquet" (1973) et "Le Péril Bleu" (1974). Mais pourtant cette fois l'appel du grand écran est plus fort et délaisse ensuite les planches.
Après Pierre Richard, sa rencontre la plus importante arrive en 1975 avec le réalisateur Yves Boisset. Il tourne ainsi coup sur coup "Folle à tuer" (1975) et surtout "Dupont Lajoie" (1975 - ci-dessus en vert) tous deux de Yves Boisset. La même année il joue dans "Adieu Poulet" (1975) de Pierre Granier-Deferre avec Ventura et Dewaere, ainsi que dans "Cousin, cousine" (1975) de Jean-Charles Tacchela... 1975 est son année, le cinéma lui ouvre désormais grand les portes.
Les succès s'enchainent alors, c'est la consécration avec le dyptique "Un éléphant ça trompe énormément" (1976 - ci-dessus) et "Nous irons tous au paradis" (1977) tous deux de son ami Yves Robert. Entre ces deux films il est l'ami de Jean-Pierre Marielle dans "Un moment d'égarement" (1976 - ci-dessous) de Claude Berri.
Il tourne ensuite dans le joli succès "La Carapate" (1978) de Gérard Oury où il retrouve son ami Pierre Richard. Cette même année 1978, il crée sa propre boite de production, Les Films de la Drouette, avec laquelle il produit nombre de ses films dont "Un si joli village" (1979) de Etienne Périer, "Au bout du bout du banc" (1979) de Peter Kassovitz, "Une sale affaire" (1981) de Alain Bonnot et "Boulevard des assassins" (1982) de Boramy Tioulong.
Il joue aussi chez Jean-Pierre Mocky dans "Y-a-t-il un français dans la salle ?" (1982 - ci-dessus en rouquin) avant de retrouver une nouvelle fois son réalisateur fétiche en jouant dans l'excellent et sous-estimé "Canicule" (1984 - ci-dessous) de Yves Boisset avec Lee Marvin en partenaire.
A l'aise aussi bien dans le polar que dans la comédie il passe donc du violent "Canicule" à la comédie pure avec le sympathique "La Smala" (1984 - ci-dessous) de Jean-Loup Hubert.
Il joue dans "Le lieu du crime" (1986) de André Téchiné et "L'invité surprise" (1989) de Georges Lautner avant de retrouver une dernière Yves Boisset dans "Le bal des casse-pieds" (1992 - ci-dessous).
Il tourne de moins en moins pour le cinéma, revenant petit à petit vers le petit écran notamment pour des téléfilms. On le revoit pourtant chez Bernie Bonvoisin pour deux films d'affilée avec "Les démons de Jésus" (1996 - ci-dessous) et "Les Grandes Bouches" (1998) avant de jouer dans son dernier film qui est "Reines d'un jour" (2001) de Marion Vernoux.
La télévision prenant de plus en plus de place, il obtient le rôle-titre de la série "Louis la Brocante" qu'il tient de 1998 à 2012. Un rôle bien sous tous rapports, samaritain de province aux antipodes de ce qu'il a pu jouer sur grand écran.
C'est lors d'un tournage d'un des épisodes en 2007 que Victor Lanoux est victime d'un malaise. Il doit être opéré d'un anévrisme de l'aorte qui le laisse paraplégique. Mais à force de caractère et de volonté il reprend le dessus et fini par reprendre son rôle de Louis la Brocante en jouant habilement de son état.
Après plusieurs années d'union avec la comédienne Marie-José Nat, il épouse la réalisatrice Véronique Langlois en 2008. Il rédige son autobiographie "Laisser flotter les rubans" (2009) et affirme en 2010 avoir récupérer "95% de ses moyens".
Victor Lanoux meurt le 4 mai 2017 à 80 ans à la suite d'un accident vasculaire cérébral.
Fort et solide comme un roc dans les polar comme tendre et drôle dans les comédies, un grand acteur nous quitte...