My Cousin Rachel (2017) de Roger Michell
Seconde adaptation du roman éponyme (1951) de Daphné Du Maurier après la version (1952) de Henry Koster avec Olivia De Havilland et Richard Burton. Une romancière qui plaisaiit par ailleurs beaucoup à Alfred Hitchcock dont il a adapté plusieurs oeuvres : "La Taverne de la Jamaïque" (1939), "Rebecca" (1941) et "Les Oiseaux" (1963). On comprend très bien pourquoi le maitre du suspense s'est intéressé à ses romans tant il y a de la perfidie et de failles psychologiques propices aux meilleures histoires vénéneuses. Cette fois, le roman est adapté, écrit et réalisé par le cinéaste Roger Michell qui s'engouffre ici dans un genre dont il nous a pas spécialement habitué puisque ces meilleurs films sont "Coup de Foudre à Notting Hill" (1999), "The Mother" (2004), "Morning Glory" (2011) et "Week-end Royal" (2013).
Au casting une magnifique actrice dans le rôle-titre, Rachel Weisz qui se retrouve seule en haut de l'affiche aux côtés d'acteurs méconnus mais diablement talentueux. D'abord l'expérimenté Iain Glen, connu pour son rôle d'explorateur dans le chef d'oeuvre "Aux Sources du Nil" (1990) de Bob Rafelson et depuis connu pour son rôle dans la série TV "Game Of Thrones" (2011-...). Le beau ténébreux est joué par Sam Caflin, vu dans "Hunger Games" (2013-2014-2015) et dans le réussi "The Riot Club" (2014) de Lone Scherfig dont il retrouve ici sa partenaire Holliday Grainger. Cette dernière est une grande habituée de ce genre de film, à tel point que quasi toute sa filmo est en costume avec "Jane Eyre" (2012) de Cary Fukunaga, "Bel Ami" (2012) de Declan Donnellan et Nick Ormerod, "Anna Karenine" (2012) de Joe Wright, "De Grandes Espérances" (2014) de Mike Newell et même "Cendrillon" (2015) de Kenneth Branagh !!! Notons également le rôle joué par l'italien Pierfrancisco Favino "Romanzo Criminale" (2006) de Michele Placido et "Suburra" (2015) de Stefano Sollima. Le réalisateur-scénariste a désiré insisté sur le doute de la culpabilité ou non de Rachel qu'il explique ainsi : "Si vous voulez être certain de la culpabilité ou l'innocence de Rachel, alors l'histoire ne fonctionne plus. C'est excitant de faire un film où une partie du plaisir réside dans le fait de savoir que les gens continueront à débattre une fois sortis du cinéma... L'a-t-telle fait ou pas ?"... On part dans un film qui a tout du genre drame romanesque à la Jane Austen ("Raison et Sentiments" ou "Orgueil et Préjugés") ou les soeurs Brontë (Charlotte pour "Jane Eyre" et Emily pour "Les Hauts de Hurlevents") mais ce n'est pas le cas chez Daphné du Maurier. En effet, chez cette romancière l'époque n'est là que pour appuyer sur un contexte souvent patriarchal où la femme doit s'émanciper avec les moyens à sa disposition et donc, pas toujours des plus honnêtes. Chez Du Maurier nous sommes donc plus dans le Film Noir que dans le romantisme des Austen et des Brontë.
On comprend donc beaucoup mieux Hitchcock et on comprend d'autant mieux également que Roger Michell n'ait pas complètement réussi son adaptation. Ce dernier a réalisé un film romanesque dont le côté pernicieux de l'intrigue s'efface au fil du récit pour le romantisme habituel du film d'époque. La question pourtant du "L'a-t-telle fait ou pas ?" devait être centrale mais le réalisateur n'arrive jamais à nous intéresser réellement à cette question. L'amour aveugle et transi de Philip est omniprésent et occulte beaucoup trop l'ambiguïté de Rachel. En effet Michell appuie tellement sur la tisana que cela fausse tout jugement : si c'est bien la tisana c'est maladroit et le suspense est inexistant, si ça ne l'est pas la ficelle est trop grosse pour qu'on y croit ! Le réalisateur s'est donc assis les fesses entre deux chaises et place le spectateur dans la même position inconfortable. Dommage car les acteurs sont investis et offrent des jolies performances avec en prime un magnifique travail de reconstitution (décors et costumes) mais le récit manque clairement du côté mante religieuse et tombe trop du côté romantisme.
Note :