Song to Song (2017) de Terrence Malick
Terrence Malick, plus de 40 ans de carrière officiellemment mais seulement 8 longs métrages qu'on pourrait séparer en trois phases. La phase "classique" avec "La Balade Sauvage" (1973) et "Les Moissons du Ciel" (1978), la phase "retour philosophique" avec "La Ligne Rouge" (1998) et "Le Nouveau Monde" (2005) et enfin la "Phase "expérimental" magnifiquement débuté avec le sublime "The Tree of Life" (2011), mais qui semble toussoter depuis avec "A la merveille" (2012), "Knight of Cups" (2015) et enfin ce dernier film. En fait on constate que Malick s'engonce de plus en plus dans un style très philosophico-pictural mais qui s'avère de plus en plus vain et vide de sens. Revenir après 20 ans de silence et depuis tourner de plus en plus, finalement avait-il tant de chose à dire ?!... A priori Malick avait déjà ce film en tête pendant "The Tree of Life" et en avait déjà parlé à ses producteurs, soit un film sur des histoires d'amour qui se croisent et s'entrecroisent à Austin, "la ville la plus musicale des Etats-Unis" soit disant, statut dû à ses trois grands festivals. Le titre du film vient d'une réplique du personnage joué par Rooney Mara : "Je pensais que l'on pourrait vivre de chanson en chanson, de baiser en baiser."...
L'actrice est une star parmi tant d'autres dans un casting étoilé avec Ryan Gosling (qui retrouve le milieu de la "musique" après "La La Land" de Damien Chazelle), Michael Fassbender, Holly Hunter, Bérénice Marlohe, Val Kilmer et surtout les actrices Natalie Portman et Cate Blanchett déjà présentes dans "Knight of Cups". En prime quelques stars de la chanson aussi auxquels Malick a demandé à certains groupes et chanteurs d'apparaitre dans le film dont les prestigieux Iggy Pop et Patti Smith. Et sans compter ceux qui ont été coupés au montage (habitude récurrente du cinéaste) comme par exemple Christian Bale, Arcad Fire, Hayley Bennett, Benicio Del Toro... Le tournage a été à la fois long et court, puisque seules 40 journées ont été nécessaires mais étalées sur plus de 2 ans ! (Les festivals étant de courtes durées notamment). Mais finalement ces festivals sont extrêmement secondaires, ils ont surtout servis à Malick pour quelques séquences symboliques et pour avoir des noms venant de la musique à ajouter au générique. Car finalement rien de bien folichon niveau musique dans cette histoire qui s'avère être d'une banalité affligeante. Un trio amoureux où s'intègre quelques autres personnages, la plupart du temps des femmes, pour un drame de la jalousie, de la trahison et de la romance (of course !).

Cette fois Malick retire toute essence philosophique et/existentielle pour un banal film sentimental et choral entre 3-4 personnages centraux. Le fait que ces personnages travaillent dans le monde de la musique n'est qu'accessoire. Heureusement Malick reste un maitre, et en tous cas un maitre au sens inné de l'image avec un esthétique une fois de plus impressionnant de maitrise et de beauté. Le tout bien mis en valeur par le directeur photo Emmanuel Lubezki, fidèle du cinéaste depuis 2005 et triple oscarisé à la suite avec "Gravity" (2014) de Alfonso Cuaron, "Birdman" (2015) et "The Revenant" de Alejandro Gonzales Inarritu... Sublime photographie donc, mise en scène créative, cadrage envoûtant pour un rythme lancinant devenu sa marque de fabrique. Mais à la différence que cette fois l'histoire est inintéressante et repose beaucoup trop sur le glamour de ses stars et sur la superficialité du monde de la musique ainsi montrée par Malick. Pour reprendre un magazine, effectivement Malick semble tourner de plus ne plus à vide. La beauté assumée des images ne font pas tout. Ce film devient l'un des deux plus décevants du réalisateur et confirme que si le réalisateur-scénariste tourne de plus en plus, il devrait toutefois, peut-être, se remettre à ralentir...
Note :