Les Proies (2017) de Sofia Coppola

par Selenie  -  31 Août 2017, 19:00  -  #Critiques de films

5ème long métrage pour la fille de Francis Ford Coppola qui change une nouvelle fois d'époque mais qui conserve ses thèmes de prédilection. C'est aussi une nouvelle adaptation du roman éponyme (1966) de Thomas P. Cullinan qui a déjà connu le grand écran avec l'excellent "Les Proies" (1971) de Don Siegel avec Clint Eastwood ce qui ne manquera pas de pousser à la comparaison. Au vu du projet il n'est pas si étonnant que Sofia Coppola ce soit effectivement intéressé au bouquin sur conseil de sa chef décoratrice. En effet, le loup dans la bergerie de la version Siegel/Eastwood n'a pu que donner envie à la cinéaste de raconter l'histoire d'un point de vue plus féminin.

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La communauté féminine et notamment la période entre l'enfance et l'âge adulte était à explorer dans ce film. Le loup en uniforme yankee est incarné par Colin Farrell qui n'avait pas tourné dans un film d'époque depuis le magnifique  "Le Nouveau Monde" (2005) de Terrence Malick, et qui retrouve sur ce film sa partenaire du film "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos qui sort bientôt, Nicole Kidman donc qui elle, retrouve la même période historique que dans "Retour à Cold Moutain" (2003) de Anthony Minghella. A leurs côtés on a l'institutrice interprétée par Kirsten Dunst qui avait déjà tourné pour Sofia Coppola dans "Virgin Suicides" (1999) et "Maire-Antoinette" (2006), ensuite on a les pensionnaires adolescentes avec Elle Fanning vue déjà dans "Somewhere" (2010) de Sofia Coppola, ainsi que les deux jeunes filles Oona Laurence et Angourie Rice qui sont toutes deux en pleine ascension après les films "La Rage au Ventre" (2015) de Antoine Fuqua et "Peter et Elliott le dragon" (2016) de David Lowery pour la première et "The Nice Guys" (2016) de Shane Black et "Spider-Man : Homecoming" (2017) de Jon Watts pour la seconde... Un casting féminin quasiment tout en blond, sans doute pour appuyer le côté virginal de la pension.

Dans cette histoire pourtant Sofia Coppola ne traite jamais à fond les enjeux. En effet les liens entre les femmes/filles sont à peine approfondies notamment sur le rapport à la sexualité pourtant essentiel à partir du moment où un homme parasite le microcosme féminin de la pension. Mais outre les femmes aux caractères finalement peu étoffés on constate malheureusement la même chose pour le soldat qui est assez sous-exploité. Les double-jeux manquent de subtilité, le peu de rebondissements sont traités comme de simples faits narratifs et surtout, surtout, il n'y a aucun sens du malsain et/ou du vénéneux. Un casting prestigieux et même judicieux avec des acteurs/actrices justes et talentueux mais qui ne servent qu'un scénario sans puissance dramatique et complètement désincarné. La cinéaste réalise un film bien trop sage, avec une tentative d'érotisme très surannée voir timorée. Un film ennuyeux qui surnage donc essentiellement grâce à ses acteurs et à un beau travail sur les décors et la photographie. Sofia Coppola a obtenu le Prix de la Mise en Scène lors du dernier Festival de Cannes avec ce film, on en reste perplexe tant elle semble peu inspirée. On est bien loin de ses meilleurs films comme "Virgin Suicides" et "Lost in Translation" (2003) et le pire, la qualités de ses films baissent à chaque fois... Triste pour l'avenir... 

 

Note :               

10/20

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