Cent Mille Dollars au Soleil (1964) de Henri Verneuil
Ce film est une aventure presque "familiale" tant toute l'équipe du film se connait bien et/ou va apprendre à se connaitre. En effet, adapté du roman "Nous n'irons pas en Nigeria" (1962) de Claude Veillot, ce dernier entre dans le monde du cinéma dans lequel il va bientôt se faire un nom en travaillant notamment pour Yves Boisset comme sur "R.A.S." et "Le Juge Fayard dit le Shérif" (1976). Le film est réalisé par Henri Verneuil et il co-écrit le scénario avec Marcel Jullian qui passe là entre "Le Corniaud" (1964) et "La Grande Vadrouille" (1966) de Gérard Oury tandis que les dialogues sont signés Jullian et Michel Audiard pour qui c'est la 6ème collaborations (sur 8 !) avec Verneuil. La liste serait longue puisque les acteurs principaux sont tous liés à Audiard et Verneuil et entre eux. Et c'est sans compter le reste de l'équipe technique ainsi que le compositeur Georges Delerue. Et quelle équipe ! Le trio de tête est composé de Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura et Bernard Blier. A leurs côtés on reconnait le géant francophile Gert Froebe qui passe en France de temps en temps où il croise et coisera lui aussi certains de cette équipe, il connait la gloire peu de temps après dans le rôle titre de "Goldfinger" (1964) de Guy Hamilton. Pour le charme il faut compter avec Andrea Parisy (également dans "La Grande Vadrouille").
Bref les inter-génériques sont pléthores. Le film fut présenté au Festival de Cannes (l'année où la Palme d'Or sera "Les Parapluies de Cherbourg" de Jacques Demy) où il reçut un accueil très défavorable car perçu comme un film colonialiste, voir raciste et qu'il ne serait qu'un "sous - "Le Salaire de la Peur" (1953) de Henri-Georges Clouzot. Un début qui sera vite oublié par la suite grâce à son succès en salle (3,4 millions d'entrées France) et un accueil national plutôt bon et surtout, une postérité populaire qui traverse les générations. Néanmoins, faut l'avouer tout n'est pas génial. Pour la comparaison avec le chef d'oeuvre de Clouzot on passe rapidement, comme si deux camions qui se suivent restaient suffisant pour en faire deux films semblables ! Par contre, il faut bien avouer qu'il y a effectivement, peut-être, un arrière-goût colonialiste certe maladroit mais assurément pas recherché. Certains insisteront aussi sur la supposée misogynie ambiante, ce serait mal connaitre l'équipe et la fin permet d'y remédier. Le film s'inscrit aussi dans une époque et le film se focalise avant tout sur des protagonistes blancs et métropolitains.
Verneuil a voulu en fait un western moderne, d'abord en choisissant un format de pellicules en 2.35 pour favoriser les plans en grand angle et ensuite en demandant au célèbre compositeur Georges Delerue une musique dans le genre western. Malheureusement si on apprécie le Noir et Blanc, il reste un peu fade, et donc il atténue forcément la force des images en ce qui concerne les paysages marocains. Pour la musique, on a connu Delerue un peu plus inspiré, si on saisit nettement les passages "western" la partition semble parfois bancale quand d'autres parties sont plus "comiques" (les séquences Blier). Sans être complètement râté ces deux paramètres restent plutôt décevants. Heureusement Verneuil lui est inspiré avec des cadrages peu académiques et un bon tempo qui se doit d'être partagé judicieusement entre Bébel, Lino et Blier. En prime, évidemment les dialogues avec quelques passages devenus cultes signés Audiard. Verneuil signe un grand film populaire, un divertissement qui doit beaucoup à l'osmose entre tous les acteurs du film (les pauses sur le tournage étaient d'anthologie aussi !), un grand réalisateur, un dialoguiste culte et des acteurs parmi les plus populaires offrent là un drôle de film d'aventures toujours aussi plaisant.
Note :