Bravados (1958) de Henry King.
Après avoir été un gentleman dans le magnifique western "Les Grands Espaces" (1958) de Wylliam Wyller, la star Gregory Peck se retrouve en vengeur obnubilé dans ce western plus âpre pour lequel il retrouve son réalisateur fétiche Henry King avec qui il a déjà tourné dans "Un homme de fer" (1949), "La Cible Humaine" (1950), "David et Bethsabée" (1951) et "Les Neiges du Kilimandjaro" (1952) avant de le retrouver une dernière fois dans "Un matin comme les autres" (1959)... Le film est adapté du roman "The Bravados" (1957) de Franck O'Rourke, scénario signé de Philip Yordan connu pour quelques très bons films de "Johnny Guitar" (1954) de Nicholas Ray à "La Chute de l'Empire Romain" (1963) de Anthony Mann en passant par "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth.
Aux côtés de Gregory Peck un joli casting qui débute avec la jeune et sublime Joan Collins, dont le plus grand rôle reste Nellifer dans le péplum "Terre des Pharaons" (1955) de Howard Hawks et qui deviendra une star grâce à la télé et la série TV "Dynastie" (1981-1989). On remarquera la jolie triplette de salopards interprétée par un trio encore trop peu connu avec Stephen Boyd futur Messala dans "Ben-hur" (1959) de Wylliam Wyller, Lee Van Cleef qui gagnera bientôt le haut de l'affiche dans les westerns spaghetti notamment chez Sergio Leone et Henry Silva qui deviendra une des "gueules" les plus connues des seconds rôles américains. On suit donc Jim Douglas (Peck) qui va traquer trois hommes qu'il soupçonne d'avoir violés et tués sa femme 6 mois auparavant. Peck trouve là un rôle de justicier aveugle qu'il considère comme une réaction au maccarthysme qui hantait alors Hollywood, notamment en précisant que Jim Douglas pose des questions dont il se convainc des réponses qui lui conviennent.
Le scénario distille plusieurs moments où la justice expéditive peut s'avérer une erreur et ce qui semble acquis n'est parfois qu'une illusion due à la haine et à la colère. La réussite de ce film réside justement dans ce point essentiel qui prend toute sa dimension au moment d'une scène révélatrice qui ne secoue pas que notre héros qui va se retrouver, lui aussi, désarçonné. Un excellent western avec un rôle ambigu pour Peck même s'il reste, bien qu'égaré, un homme au grand coeur. Un western qui semble classique et linéaire mais qui offre réflexion et suspense inattendu.
Note :