Le Secret des Marrowbone (2018) de Sergio G. Sanchez.
Premier long métrage en tant que réalisateur pour le scénariste de "L'Orphelinat" (2008) de et de "The Impossible" (2012) tous deux de Juan Antonio Batona, qui est ici le producteur. D'ailleurs les deux hommes ont des thèmes en commun : l'enfance meurtrie, le passage à l'âge adulte et il n'est donc pas surprenant qu'il y ait des points communs avec "L'Orphelinat". Les deux hommes ont refait appel au compositeur Fernando Velasquez qui a signé quelques B.O. marquantes, outres les deux sus-nommés on peut aussi citer films "Mama" (2013) de Andy Muschietti, "Crimson Peak" (2015) de Guillermo del Toro et "Quelques Minutes après Minuit" (2017) de Juan Antonio Bayona... Et donc, comme les deux premiers films cités de Bayona, on suit quatre enfants qui cachent au monde le décès de leur mère afin d'éviter d'être séparés.
Parmi les acteurs jouant les enfants et ados on remarque surtout la magnétique Anya Taylor-Joy révélée dans le chef d'oeuvre "The Witch" (2016) de Robert Eggers et depuis habituée au genre avec "Morgane" (2016) de Luke Scott et "Split" (2017) de M. Night Shyamalan. Elle interprète une amie de la fratrie. L’aîné de 20 ans est joué par George Mackay vu déjà comme aîné dans "Captain Fantastic" (2016) de Matt Ross. La sœur est jouée par Mia Goth vue dans "Nymphomaniac" (2013) de Lars Von Trier et "A Cure of Life" (2017) de Gore Verbinski (et épouse de Shia LeBoeuf pour l'anecdote), le cadet est joué par Charlie Heaton qui retrouvera Anya Taylor-Joy dans "Les Nouveaux Mutants" (2019) de Josh Boone tandis que le plus jeune garçon est joué par Matthew Stagg. On salue le travail sur le climax, une atmosphère pesante dans un décor de conte, une grande maison isolée dans le bois mais proche du bord de mer. Par contre, on peut tiquer sur le fait qu'un bon nombre de paramètres semblent éculés comme la maison hantée au fond des bois, une fratrie ayant souffert par le passé, un lourd secret, une amie tiers qui ne sait pas grand chose de la vérité... etc... Mais l'important n'est-il pas d'en faire une histoire cohérente et passionnante ?! Tout n'est pas réussi à la perfection mais Sanchez signe pourtant un petit film d'horreur plutôt efficace et maîtrisé.
Le scénario est malin et nous emmène là où il veut même si pour le suspens et le twist le cinéaste aurait pu aller plus loin. On n'est pas pollué par des bruits de grincements de portes ou autres trucs du genre, les sons se résument à une glace "mal fixée" ou à un rongeur domestiqué. Le frisson vient de ce qu'on imagine, de ce qu'on soupçonne d'où une petite frustration tant le cinéaste vend le morceau un peu trop vite et trop facilement ce qui fait qu'on n'est plus dans un film d'horreur mais plus dans un thriller psychologique. On s'interroge sur le pourquoi du comment de l'importance des glaces ou de l'innocence de l'amie Allie (Taylor-Joy) qui ne s'interroge jamais outre-mesure. Néanmoins on y plonge aisément, les décors et l'ambiance nous y aident, les acteurs sont bons (malgré un bémol pour Mackay) et on apprécie l'usage des hors-champs. En conclusion Sanchez signe un premier film solide et dense, plutôt cohérent malgré ses maladresses. Un bon moment.
Note :