Mort de Vittorio Taviani.
Après Milos Forman voici qu'on apprend une autre disparition, la mort de Vittorio Taviani, l’aîné de Paolo (de deux ans) dont il est indissociable. Vittorio est mort ce 15 avril 2018 à l'âge de 88 ans.
Né en 1929 en Toscane, le jeune Vittorio a toujours été très proche de son frère Paolo jusqu'à suivre ensemble des cours d'art à l'Université de Pise. Ils décident de percer au cinéma après avoir vu "Païsa" (1946) de Roberto Rosselini. Durant leurs études les frères Taviani se lient d'amitié avec Valentino Orsini avec qui ils montent deux spectacles de théâtre "engagés". Toujours avec Orsini, ils signent sept documentaires à partir de 1954 en s'intéressant particulièrement à l'histoire sociale de l'Italie du sud. Leur court "San Miniato Luglio 44" (1954) qui raconte le massacre de la population de leur village natal par les nazis est censuré.
Ils signent leur premier long métrage avec "Un Homme à Brûler" (1961 - ci-dessous), qui raconte l'histoire vraie d'un syndicaliste assassiné par la mafia. Ce film est une nouvelle fois co-signé avec Valentino Orsini.
Les trois hommes enchaînent avec "Les Hors-la-loi du mariage" (1963) avec Ugo Tognazzi et Annie Girardot dans un histoire de divorce. Ce film sera la dernière collaboration entre les frères Taviani et Orsini.
Les frères signent seuls leur premier film à quatre mains avec "Les Subversifs" (1967) avant de signer "Sous le signe du scorpion" (1968) pour un film fantastique comme métaphore des chamboulements de 1968 et des effets sur le monde.
Après "Saint Michel avait un coq" (1971) ils connaissent leur premier vrai succès international avec "Allonsanfan" (1974) sur l'Italie post-napoléonienne.
Un succès qui ne reste pas isolé puisqu'ils signent ensuite "Padre Padrone" (1977 - ci-dessus et ci-dessous) sur un enfant élevé par un père berger violent. Ce film est un nouveau succès et reçoivent surtout une vraie consécration avec la Palme d'Or au Festival de Cannes.
Ils réalisent ensuite "Le Pré" (1979) avant de renouer avec Cannes avec le film "La Nuit de San Lorenzo" (1982 - ci-dessous) Grand Prix spécial du Jury au Festival de Cannes, où les frères Taviani explorent une nouvelle fois le thème de la guerre à travers le regard d'un enfant.
Après le film "Kaos, contes siciliens" (1984) les frères Taviani quittent l'Italie pour tourner aux Etats-Unis "Good Morning Babylon" (1987 - ci-dessous) une satire cinglante du Hollywood des premières années.
De retour dans leur péninsule, les frères Taviani réalisent "Le Soleil même la Nuit" (1989 - ci-dessous), suivi de "Fiorile" (1992), "Les Affinités Electives" (1996) et "Kaos II" (1998).
Ils se diversifient en travaillant pour la télévision et en signant le documentaire "Un Altro Mondo e Possible" sur les ravages de la mondialisation.
Ils reviennent à la fiction avec "Le Mas des Alouettes" (2007 - ci-dessus) avant de signer l'audacieux "César doit mourir" (2012) un docu-fiction où ils filment des détenus en train de monter la pièce de Shakespeare "Jules César". Le film est primé d'un Ours d'Or au Festival de Berlin, et beaucoup y voit l'un des sommets de leur carrière.
Pour leurs derniers films les frères Taviani renouent avec l'onirisme avec "Contes Italiens" (2015) adaptation du poète Boccace avant de signer leur ultime film avec "Une Affaire Personnelle" (2017) où ils repartent en 1943 et la Résistance italienne.
Vittorio Taviani aura toujours co-signé ses films avec son frère cadet Paolo. Les deux frères ont été des observateurs précieux de la société italienne dans des films où ils mêlent souvent Histoire, psychologie et onirisme.
Paolo se retrouve désormais bien seul, Vittorio est mort à Rome ce dimanche 15 avril 2018 à l'âge de 88 ans.