The Third Murder (2018) de Hirokazy Kore-Eda.

par Selenie  -  26 Avril 2018, 07:39  -  #Critiques de films

Le réalisateur japonais qui avait connu la reconnaissance internationale avec "Nobody Knows" (2004) revient en changeant de genre. En effet, outre "Air Doll" (2010) où le drame était teinté de fantastique et de romance, le cinéaste a une prédilection pour le drame familial. Cette fois Kore-Eda signe un film de procès où on est plus proche du thriller judiciaire et psychologique. Si on est habitué et abonné au genre surtout à l'américaine comme récemment "La Défense Lincoln" (2011) de Brad Furman et "Le Juge" (2014) de David Dobkin, il est plus rare de s'immerger dans le système judiciaire japonais. Rien que pour ça le film vaut le détour, comme l'indique Kore-Eda, quand il a parlé de son projet à des avocats : "Lorsque j'en ai parlé avec certains d'entre eux, ou avec le responsable juridique de "Tel Père, Tel Fils", tous m'ont affirmé qu'un tribunal n'était pas le lieu où se détermine la vérité, que personne ne pouvait la connaitre. J'ai trouvé ça intéressant et me suis dit que, si tel était le cas, j'aurais envie de faire un drame judiciaire dans lequel la vérité ne serait pas révélée."...

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On suit donc un trio d'avocats qui doivent défendre un homme qui a tué et brûlé son ex-patron peu de temps après avoir été licencié. Ce présumé coupable change souvent de versions, tandis qu'un face à face entre l'avocat principal et son client s'instaure... Au casting le réalisateur a choisi quelques acteurs qu'il connait bien mais d'abord il y a l'assassin (ou pas !) qui est incarné par Koji Yakusho vu dans "Hara-Kiri, mort d'un samouraï" (2011) et "13 Assassins" (2012) tous deux de Takashi Miike. Deux des avocats sont interprétés par Isao Hashizume vu dans "La Maison au Toit Rouge" (2015) de Yoji Yamada mais aussi chez Kore-Eda dans "I Wish" (2012), puis Masaharu Fukuyama vu chez Kore-Eda dans "Tel Père, Tel Fils" (2013) et, enfin, la fille de la victime jouée par la mignonne Suzu Hirose, lolita nippone vue également chez Kore-Eda dans "Notre Petite Soeur" (2015). D'abord on remarque une nouvelle fois le magnifique travail de photographie signé Takimoto Mikiya déjà sur les derniers films de Kore-Eda. Photo sublime et soignée qui correspond parfaitement à l'élégance du cinéma de Kore-Eda. Le film nous plonge directement dans le bain, débutant par le meurtre avant de créer un ellipse nous emmenant directement dans le système judiciaire. Un drame judiciaire et psychologique où faux-semblants et mensonges, voire manipulations permettent au cinéaste de questionner sur la justice et, surtout, sur la Peine de Mort (rappelons qu'elle existe toujours au japon où 80% des gens sont encore pour). Dans un premier temps on pense très fort au concept du film "La vie de David Gale" (2003) de Alan Parker avant de s'apercevoir qu'il y a encore pas mal de couches de lecture.

Le premier bémol vient du rythme. Monocorde et donc assez ennuyeux surtout pour une affaire qui doit être sous tension. Ce rythme ne permet pas de ressentir cette angoisse, jamais on ne connait des pics de suspense ou d'angoisse, les moments de doutes ou/et d'interrogations ne sortent pas du lot. Tandis que tous sont des caricatures du japonais toujours poli, courtois, maître de soi, ce qui donne la sensation d'une affaire banale comme tant d'autres. Alors qu'il n'en est rien bien évidemment. L'affaire est fascinante et prenante, encore faut-il pouvoir ne pas s'endormir ! Kore-Eda signe un film démonstratif sur son système judiciaire, voire un peu trop, mais il tourne le film comme ses drames familiaux alors que le tribunal devrait ouvrir la porte à un peu plus d'ébullition des sens. Néanmoins, les acteurs offrent des performances intenses, dont Koji Yakusho qui est tout en ambiguïté, et l'intrigue est construite de façon idéale puisque, effectivement Kore-Eda signe un drame judiciaire où la conclusion reste bel et bien ouverte aux spéculations... Un très bon film auquel il manque juste un peu de passion.

 

Note :                              

14/20

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