Everybody Knows (2018) de Asghar Farhadi.
Avec ce film le réalisateur iranien revient au Festival de Cannes pour l'ouverture, il s'agit également de son second film tourné hors Iran après l'excellent "Le Passé" (2013). Le cinéaste a lancé l'idée de ce projet après avoir rencontré Javier Bardem à Los Angeles il y a 5 ans, rencontre enrichissante au point de vouloir travailler ensemble. Le couple star Bardem-Cruz a collaboré de façon étroite avec le réalisateur durant ces 4 dernières années. Le couple star à la ville tourne ainsi son 9ème film en commun après "Jambon, Jambon" (1992) de Bigas Luna, et dernièrement dans "Escobar" (2018) de Jose Padhila. Au casting on retrouve l'excellent Ricardo Darin, Eduard Fernandez et Elvira Minguez qui se retrouvent après "Truman" (2016) de Cesc Gay. Cette dernière retrouve aussi Bardem après "Dancer Upstairs" (2003) de John Malkovitch. La belle Inma Cuesta retrouve Darin après "Koblic" (2017) de Sebastian Borensztein.
D'ailleurs sur ce dernier film il y a également comme point commun le directeur photo, Jose Luis Alcaine qui avait déjà travaillé avec plusieurs membres de l'équipe, notamment avec Penelope Cruz sur le chef d'oeuvre "Volver" (2005) de Pedro Almodovar. Le réalisateur a tourné son film avec un casting espagnol et une équipe espagnole dont ce directeur photo fidèle de Almodovar. Mélange entre drame familial et thriller, le réalisateur renoue avec une disparition qui renvoie logiquement au superbe "A Propos d'Elly" (2009). Avec ce film, le cinéaste creuse une nouvelle fois les méandres des rapports familiaux entre trahison, rancœur et jalousie. Le film s'ouvre sur un générique entièrement filmé dans le cœur d'une horloge de l'église, sublime instant lyrique qui pose aussi la question du temps. La première partie est assez lunaire, entre retrouvailles et mariage, la famille est belle, joyeuse et la fête est toute aussi messe dont la joie nous envahit, d'autant plus qu'on attend le drame. C'est ensuite un film qui vire dans le drame puis le thriller psychologique, la liesse laissant place aux crises, à la détresse émotionnelle, à la peur et aux secrets de famille.
Outre les trois premiers rôles, on constate que ce sont les femmes qui mènent le monde, qui gèrent la famille, qui voient le plus clair, qui sont les piliers presque invisibles d'une société toujours très patriarchale. En prime, le couple Bardem-Cruz dans deux performances essentielles, plus profondes en tous cas que leur précédent film ensemble. Farhadi signe une nouvelle fois un film dense et déchirant, parfaitement réussi dans son côté drame familial, mais qui pêche un peu dans la dimension thriller. Farhadi signe un thriller dramatico-psychologique fort, émotionnellement puissant, construit de façon efficace même si le dénouement n'est pas si surprenant.
Note :