Opération Beyrouth (2018) de Brad Anderson
Voilà un projet qui date depuis plusieurs années, un projet dont le scénario est signé Tony Gilroy (après une rencontre avec un ex-agent de la CIA) qui était alors inconnu mais qui sera bientôt un des maitres dans son domaine en signant la saga "Jason Bourne" et également réalisateur notamment de "Michael Clayton" (2007) et "Duplicity" (2009). Cette histoire il la signe dès 1992 avec plusieurs réalisateurs intéressés par le film (nommé à l'époque "High Wire Act") mais en 1992 le sujet était encore beaucoup trop sensible pour que les studios autorisent ce tournage. Il a fallu attendre le succès de l'excellent "Argo" (2012) de et avec Ben Affleck pour que le scénario ressorte des tiroirs... C'est donc le réalisateur Brad Anderson qui a été choisi pour porter sur grand écran ce film d'espionnage tendu. Le réalisateur a déjà prouvé qu'il était capable du meilleur avec "The Machinist" (2005) comme du pire avec "L'Empire des Ombres" (2011).
Au casting on a le plaisir de revoir sur grand écran Jon Hamm, éternel "Mad Men" sur le petit écran et qu'on a pu voir éclore de belle manière sur le grand avec "Les Espions d'à-côté" (2017) de Greg Mottola et "Baby Driver" (2017) de Edgar Wright. Il est associé à la jolie Rosamund Pike qui quitte le terrorisme de "Otages à Entebbe" (2018) de Jose Padilha pour passer de l'autre côté de la barrière. On reconnaitra quelques gueules dont Shea Wigham et Dean Norris et, surtout, on remarquera la bouille de la frenchy Leïla Bekhti dans une petit rôle. On suit donc un ex-diplomate négociateur qui, après un drame, est recommandé 10 ans après pour sauver un otage américain... Le scénariste Tony Gilroy s'est particulièrement documenté, reprenant de nombreuses affaires du genre comme l'enlèvement du chef de la CIA de Beyrouth en 1984 mais aussi en s'inspirant du romancier John Le Carré. Plusieurs faits historiques qu'il a regroupé afin de créer une oeuvre de fiction qui reste terriblement ancré dans une réalité qui n'étonnera personne.
Là-dessus le réalisateur Brad Anderson avoue s'être inspiré du film "L'Année de tous les Dangers" (1982) de Peter Weir pour l'atmosphère et, pour l'intrigue sur des films comme "L'Espion qui venait du Froid" (1965) de martin Ritt et "La Taupe" (2012) de Tomas Alfredson. Anderson favorise une caméra à l'épaule et un grain d'image ocre, voir suant, sale et sombre qui accentue cette sensation de chaleur et de tension omniprésente. C'est sans doute un peu trop sombre justement, le soleil lui-même semble sous un voile. Par contre il faut bien avouer que le scénario est diablement bien troussé avec une géo-politique présentée mais sans être rébarbatif ou trop explicatif. On mettra un petit bémol pour 2 twists qui ne sont nullement surprenants, biaisants ainsi un suspense qui est donc à la fois solide mais attendu (en tous cas pour les fans du genre). Il manque de peu d'être au-dessus du panier (lumière, twist trop évident) mais ça reste passionnant, prenant et bien interprété.
Note :