Budapest (2018) de Xavier Gens.
Il s'agit d'un projet de Manu Payet qui s'est inspiré de la création en 2010 de la société "Crazy EVG" par deux anciens étudiants de HEC. EVG pour Enterrement de Vie de Garçon, soit une sorte de voyagiste avec toutes options pour faire la fête. L'acteur-scénariste Manu Payet est à l'origine du film et signe le scénario avec Simon Moutaïrou connu pour avoir écrit les films "Le Vilain" (2009) de Albert Dupontel et "L'Assaut" (2011) et "Braqueurs" (2016) tous deux de Julien Leclercq. Initialement Payet devait aussi réaliser le film, après son premier essai avec "Situation Amoureuse : c'est compliqué" (2014), il décide de laisser les commandes du film au réalisateur Xavier Gens pour pouvoir se consacrer parallèlement à son nouveau one man show. Xavier Gens est un choix surprenant, ce dernier n'ayant jamais dirigé de comédie et pour cause, Gens est un de nos réalisateur spécialiste du cinéma de genre après des films comme "Hitman" (2007), "Frontiére(s)" (2008) et "The Divide" (2012)... On suit donc deux amis, cadres dans des boulots qui ne les comblent pas et amoureux de leurs épouses qui décident soudain de fonder leur propre société d'organisateurs d'Enterrement de Vie de Garçon à Budapest où les prix sont attractifs et où , évidemment, les fêtes "viriles" semblent particulièrement jouissives...
Manu Payet s'offre comme ami Jonathan Cohen qu'il retrouve ainsi pour leur 4ème film en commun dont le récent "Ami-Ami" (2018) de Victor Saint-Macary. Les deux hommes s'associent avec un "franco-hongrois" incarné par un étrange Monsieur Poulpe, méconnu blogueur, animateur radio et autres casquettes qu'on a pu apercevoir de loin dans 2-3 films et qui apparaît donc là pour la première fois dans un rôle majeur. Les deux personnages principaux ont des épouses jouées par Alice Belaïdi et Alix Poisson... D'entrée, l'histoire se met rapidement en place avec un événement qui va allumer l'ampoule à idées. On apprécie également les personnages et leurs couples, soit un gars sérieux qui entretient une relation égal à égal avec une épouse cool et compréhensive, et l'autre plus fêtard, genre grand ado mais en couple avec la fille autoritaire de son patron. Ils évitent l'écueil de la caricature, par exemple l'épouse mégère est avant tout amoureuse et peut être compréhensive si toutefois on s'impose un chouïa. Si on pense évidemment (notamment par sa bande-annonce) à des films délirants comme "Very Bad Trip" (2009) de Todd Philipps et à ses ersatz, il s'avère que jamais le film n'ose aller aussi loin. Xavier Gens avoue pourtant avoir pris comme référence "Very Bad Trip", il cite également "Spring Breakers" (2013) de Harmony Korine mais aussi le cinéma de Gaspard Noé. Malheureusement le cinéaste signe avant tout une comédie de potes teintée de romance avec un scénario calqué sur le canevas habituel du genre.

C'est-à-dire qu'on a droit entre autres à la crise conjugale avec séquence émotion qui arrive habituellement au même niveau dans le récit de quasi toutes les comédies à la française. Jamais on ne décèle un temps soit peu la folie d'un Korine ou d'un Noé, on peut même dire que dans le délire et l'audace "Budapest" est particulièrement sage et timoré comparé à des films comme "Very Bad Trip" ou même face à "Babysitting" (2014) avec la bande à Philippe Lacheau. Heureusement les personnages sont bien écrits, il y a une jolie osmose entre les personnages avec en prime des "gueules" bien trouvées. Il y a bien quelques séquences drôles et bien vues qui permettent justement de confirmer qu'il n'aurait pas manqué grand chose pour pousser plus loin dans le loufoque et le délire. Notamment moins de comédie sentimentale basique et, surtout, une romance moins balisée et convenue. Par contre, en prime, on peut apprécier un nombre incalculable de clins d'oeil au cinéma de genre (merci Xavier Gens), de Rob Zombie à Dario Argento en passant par Robocop, Predator et Chucky. En conclusion, la promo ment une nouvelle fois et donc il ne faut pas s'attendre à un comédie trash aux fous rires dévastateurs mais plutôt à une comédie sentimentale qui ne dit pas son nom. Sur le premier point, il semble que c'était pourtant une promesse et que jamais l'équipe n'a eu l'audace d'y aller à fond. Sur le second point, c'est plutôt sympathique et marrant mais sans surprise.
Note :