Fleuve Noir (2018) de Erick Zonca
Le retour sur grand écran de Erick Zonca après "Julia" (2008), et signe donc là seulement son 6ème long métrage en un quart de siècle. Le projet est né de son envie de revenir au cinéma de genre et après l'échec d'un précédent projet qui s'est avéré finalement trop complexe à adapter en long métrage. C'est grâce à des amis libraires que le cinéaste a découvert le roman "Une Disparition Inquiétante" (2014) de Dror Mishani qu'il a adapté et co-écrit avec sa nouvelle collaboratrice Lou de Fanget Signolet. Le rôle principal du commandant de police devait revenir à Gérard Depardieu mais ce dernier a dû être hospitaliser après trois jours de tournage et c'est finalement Vincent Cassel qui a repris le rôle, revenant exprès du Brésil. Un casting qui joue aux chaises musicales puisque Cassel retrouve Romain Duris 20 ans après (tournage du film en 2016) le culte "Dobermann" (1997) de Jan Kounen. Duris lui retrouve pour la 7ème fois Elodie Bouchez après "Le Péril Jeune" (1994) de Cédric Klapish tandis que cette dernière retrouve le réalisateur après le succès "La Vie rêvée des Anges" (1998).
A leurs côtés un rôle central pour Sandrine Kiberlain suivie de rôles secondaires interpétés par Hafsia Herzi et Charles Berling... On suit donc l'enquête sur la disparition d'un ado mené par un flic alcoolo et désabusé, lui-même en conflit avec son fils... Le premier bémol vient justement du personnage du commandant incarné par Cassel, symptomatique du reste à savoir un film semé de clichés et autres poncifs. Le flic est donc évidemment alcoolique et désabusé, rustre en conflit avec tout le monde mais pugnace. Un prof de français est évidemment un intello pur jus écrivain râté et qui parle toujours comme un livre. Un homo est évidemment un être qui se cache dans les bois... etc... Des clichés qui poussent même jusqu'à la photographie et au grain choisi car, comme on le sait, un thriller glauque se doit d'être sombre aux tons crasseux, gris et pluvieux. Pour les personnages tous font leur job à l'instar d'un Cassel qui fait le job parfaitement bien que pas aidé par un personnage caricatural, par contre on notera la charmante Hafsia Herzi qui est comme trop souvent plutôt médiocre et fade voir peu crédible. Pour la photo, la lumière et les décors on est dans le classicisme du genre par excellence, ça colle c'est efficace mais ça reste très impersonnel et éculé. Reste donc l'intrigue et le scénario...
Le suspense est plutôt bon même si les twists restent convenus. En effet, la fausse piste et/ou la vraie est si grossière qu'on se doute qu'un rebondissement va survenir et vu le peu de protagoniste ça devient assez limpide très vite, en tous cas pour le coupable. Heureusement le motif joue aussi son rôle. Certe le climax est anxiogène, même si c'est très caricatural il faut avouer qu'on aime ce côté sombre et malsain. Dans le même temps le scénario est plombé par 2-3 choix préjudiciables comme la sous-intrigue du fils dealer (superflue et lourd) ou l'idylle improbable. Erick Zonca réalise un thriller noir dans la lignée du genre mais sans jamais arriver à y mettre une réelle patte personnelle. C'est parfois maladroit, après une bonne séquence on tombe dans le grotesque et vice versa (le coup des lettres !? le surjeu du prof le rend peu crédible...) ce qui fait que le film reste bancal. On veut aimer de tout coeur, on veut y croire et plonger mais on reste sur une qualité monocorde. Note indulgente !
Note :