Le Phare du Bout du Monde (1971) de Kevin Billington
Ce film est une adaptation d'une nouvelle éponyme (1905) de Jules Verne, elle-même inspirée du véritable "Phare du Bout du Monde" (tout savoir ICI !) qui se situe au Cap Horn. Le réalisateur Kevin Billington est alors peu connu, s'il a déjà signé le drame sentimental "Interlude" (1968) et "The Rise and Rise of Michael Rimmer" (1970) il travaillera surtout pour la télévision et le théâtre notamment sur les pièces de son beau-frère Harold Pinter. En tous cas il adapte ce film d'aventure entre autre avec son épouse Rachel au scénario et, surtout, avec la star Kirk Douglas à la production. Kirk Douglas qui joue donc là dans une nouvelle adaptation Jules Verne après l'excellent et plus familial "20000 Mille Lieues sous les Mers" (1954) de Richard Fleischer.
Ce dernier s'accorde évidemment le premier rôle alors qu'il débute sans le savoir son déclin, ce qui le pousser à s'essayer d'ailleurs à la réalisation avec "Scalawag" (1973) et "La Brigade du Texas" (1975), qui seront sans succès malheureusement. Co-production américano-espagnole, le casting est donc international et plutôt étonnant. Outre l'acteur-producteur, le second rôle principal est incarné par Yul Brynner qui retrouve ainsi Douglas après "L'Ombre d'un Géant" (1966) de Melville Shavelson. Brynner retrouve également l'acteur espagnol Fernando Rey après "Le Retour des Sept" (1966) de Burt Kennedy et "Pancho Villa" (1968) de Buzz Kulik. On a également l'italien Renato Salvadori vu dans "Rocco et ses frères" (1960) de Luchino Visconti et le français Jean-Claude Drouot connu en France grâce à la série TV "Thierry la Fronde" (1963-1966). Enfin, l'atout charme est dévolu à la britannique Samantha Eggar révélée grâce au sulfureux et scandaleux "L'Obsédé" (1965) de Wylliam Wyller... Le scénario prend quelques libertés avec l'oeuvre originelle, notamment le héros Denton qui n'existe pas et remplace l'un des trois gardiens du phare. Mais comme toutes adaptations la transposition est rarement fidèle à 100%. Néanmoins, la nouvelle est d'origine dense et riche en aventure, on peut donc sans doute rêver à une prochaine adaptation plus fidèle... Les décors sont un personnage à part entière, un rocher âpre et désert au milieu des déferlantes où seuls vivent trois gardiens de phare. Malheureusement le réalisateur n'arrive pas franchement à mettre en valeur l'ile et son côté sauvage, tournant exclusivement sur les mêmes coins et recoins.
D'ailleurs, l'autre défaut vient également de cet environnement, le gardien de phare se cachant derrière les rochers comme si il était surtout invisible et/ou comme si les pirates étaient aveugles. Peu subtil et maladroit... Par contre le scénario est beaucoup plus fouillé que la mise en scène et offre une profondeur au récit non négligeable. D'abord le titre qui renvoie à la solitude et à l'isolement mais aussi, irrémédiablement à un monde sauvage éloigné de la civilisation. Ensuite, le paramètre psychologique prend une autre dimension avec le subterfuge de l'amour perdue qui refait surface qui renvoie une fois de plus au danger de l'isolement. On peut même extrapôler avec la folie et le sadisme dont font preuve les pirates. La violence gratuite et extrême d'un côté, la pure folie fantasmagorique de l'autre, on peut aisément mettre ses tares sur l'isolement des pirates qui doivent vivre en autarcie et cachés du reste du monde. Un film d'aventure tragique et violent, malsain par bien des aspects qui pêche surtout par une mise en scène faineante et peu inspirée.
Note :