IO (2019) de Jonathan Helpert
Une production américaine ambitieuse, siglée Netflix, qui est signée d'un réalisateur français inconnu, Jonathan Helpert, auquel on doit tout de même un premier long métrage français passé inaperçu avec "House of Time" (2016) avec Julia Paton et Pierre Deladonchamps... Un cinéaste qui a eu le mérite d'avoir, semble-t-il, su se vendre pour avoir les moyens de réaliser ce film d'anticipation philosophique comme Netflix semble les apprécier comme le boursouflé "Annihilation" (2018) de Alex Garland... Le titre "IO" peut avoir de pultiples références, on citera ici surtout l'une des nombreuses maitresses de Zeus dans la mythologie grecque et un des satellites naturels de la planète Jupiter (le grec Zeus = le romain Jupiter !)... On est dans un futur proche, sur une Terre apocalyptique où l'air est devenu irrespirable à l'exception notable des points culminants du relief.
On suit une jeune femme, Sam, qui vit avec son père dans un centre d'astronomie avec laboratoire et qui semble croire que la Terre est en fait en train de se regénérer alors que la population mondiale est partie à bord de vaisseaux vers d'autres planètes. Elle survit ainsi seule, en prime une histoire d'amour épistolaire et virtuelle avec son amoureux qui est à des années-lumières de la Terre, jusqu'au jour où un homme solitaire, Micah arrive... Le film est une sorte de huis clos spacial où on croise en tout et pour tout trois personnages. La jeune femme Sam est incarnée par Margaret Qualley encore peu connue mais déjà vue dans "Palo Alto" (2014) de Gia Coppola et "The Nice Guys" (2016) de Shane Black. Le père est joué par Danny Huston (fils de John et demi-frère de Anjelica) vu dernièrement en méchant dans "Wonder Woman" (2017) de Patty Jenkins, puis l'homme interprété par Anthony Mackie surtout connu pour être Falcon dans la saga "Avengers" de chez Marvel et co-producteur de ce film... Le bon point reste les décors, soignés et correspondant à l'atmosphère anxiogène et mystérieuse d'un monde déserté en proie à toutes les spéculations. La réalisateur n'est cette fois pas réalisateur comme sur son premier long, le scénario étant revenu à une armée de mains disparates. Ainsi Jonathan Helpert semble avoir été happé par la machine hollywoodienne tant le film raconte tout et rien.

Le cinéaste fait de son mieux, il instaure une ambiance malsaine et une certaine poésie mais au final le film est aussi vain qu'ennuyeux. 1h35 qui durent une éternité... Sam explore, prend des notes, écrit et voilà 30mn de passées. Un homme arrive, visite et fait connaissance et voilà 30mn de plus. Les révélations n'en sont pas car trop évidentes, même la pseudo idylle est bancale avec de surcroît un manque de courage bien triste (on n'osera pas dire censure ?!), et quelques invraisemblances pour finir le tout ; comment trouve-t-elle le carburant pour ses quads ?! Fin du monde et mort prochaine mais Sam ne pense qu'à visiter un musée ?!... Le seul vrai ressort dynamique est l'arrivée de Micah, c'est un peu court. Les acteurs sont bons (mais pas franchement d'osmose), ça ne manque pas d'émotion et on comprend le propos de fond mais la philosophie démago ne survit pas à un scénario sans fil conducteur ni intrigue solide, voir un minimum de surprises. On notera tout de même une fin qui laisse place à l'onirisme. En conclusion un énième film Netflix râté, un film soporifique sur lequel il faut lutter littéralement contre les bras de Morphée...
Note :