Marie Stuart, Reine d'Ecosse (2019) de Josie Rourke
Enième biopic historique sur celle qui est souvent considérée comme la plus connue des reines d'Ecosse, en effet on peut déjà citer "Marie Stuart" (1936) de John Ford et "Marie Stuart" (1971) de Charles Jarrott. Mais si Marie Stuart est au centre du récit, c'est surtout sa relation avec Elizabeth Ière qui intéresse la cinéaste et c'est assez amusant d'apprendre que les producteurs sont ceux qui étaient déjà derrière le dyptique "Elizabeth" (1998) et "Elizabeth : l'Âge d'Or" (2007) tous deux de Shekhar Kapur... Il s'agit là du premier long métrage de Josie Rourke qui n'est autre que la Directrice artistique du prestigieux théâtre The Donmar Warehouse à Londres. Le scénario est adapté du livre "Queen of Scots : the True Life of Marie Stuart" (2004) de John Guy par le scénariste Beau Willimon connu pour avoir été nommé à l'Oscar pour le film "Les Marches du Pouvoir" (2011) de George Clooney, il est aussi créateur et scénariste de la série TV "House of Cards" (2013-2018). Le scénariste a choisi ce livre comme référence car les nouvelles recherches démontrent une autre facette de la reine, il s'explique : "Marie a été soumise à une campagne systématique des anglais pour la discréditer, orchestrée par William Cecil. Il a trafiqué les archives de manière à ce qu'à première vue, on arrive aux conclusions qu'il voulait. Mais évidemment, comme dans l'affaire du Watergate, si on regarde de plus près, on découvre une histoire toute différente. C'était très important pour moi de dire la vérité sur Marie, qui, dans l'Histoire, a souvent été comparée à Elizabeth, mais à son détriment."...
Les deux reines sont incarnées par deux des plus talentueuses actrices de leur génération. Vue récemment dans "Lady Bird" (2018) de Greta Gerwig et "Sur la Plage de Chesil" (2018) de Dominic Cooke l'irlandaise Saoirse Ronan est Marie Stuart. Ensuite, outre deux films en direct VOD c'est surtout dans le rôle titre de "Moi, Tonya" (2018) de Craig Gillepsie qu'on a pu voir récemment l'australienne Margot Robbie qui est ici Elizabeth Ière. Dans les seconds rôles masculins on a des rôles particulièrement minime comme Guy Pearce dont les deux derniers films sont passés inaperçus en direct DVD mais on retiendra les sorties en salles des excellents "Brimstone" (2017) de Martin Koolhoven et "Alien : Covenant" (2017) de Ridley Scott, mais on citera surtout les rôles de prétendants joués par le méconnu Jack Lowden vu dans "'71" (2013) de Yann Demange et "Dunkerque" (2017) de Christopher Nolan, puis Joe Alwyn révélé dans "Un jour dans la vie de Billy Lynn" (2017) de Ang Lee et qui est aussi en costume d'époque dans le chef d'oeuvre "La Favorite" (2019) de Yorgos Lanthimos... Comme le scénariste a déclaré vouloir "dire la vérité" il semble que la réalisatrice Josie Rourke s'est donné les moyens d'être ancré dans un même réalisme, notamment en tournant un maximum en milieu naturel (magnifiquement mis en valeur par la qualité de la photographie) et en poussant aussi la précision en utilisant les langues à bon escient avec l'anglais évidemment, l'anglais avec l'accent écossais, le latin, l'italien, le gaëlique et le français (en travaillant avec un spécialiste de la Renaissance française !). Les costumes sont beaux mais sans flamboyance ni réelle créativité. Le vrai soucis réside pourtant dans ce décalage entre la volonté affichée d'être historiquement juste et réaliste alors même que le scénario ment, transforme, omet ou occulte plusieurs évènements.
Par exemple l'adultère homosexuel, la façon dont est consommé le 3ème mariage, la fausse couche des jumeaux ou encore et surtout cette rencontre secrète entre les deux Reines qui n'a jamais existée... On pourrait ajouter cette fin où l'exécution est édulcorée alors qu'elle est connue pour être une des plus pitoyables et atroces dans le genre (pour tout savoir c'est ICI !). Heureusement, le film montre une relation entre les deux reines intéressante par bien des égards, on aura rarement vu une Elizabeth aussi "humaine" et une Marie Stuart aussi "teigneuse". Plus que politique nous sommes bien dans une guerre de religion accentuée par les jalousies et les ambitions des mâles contre le pouvoir de deux femmes qui bousculent les virilités. Deux Reines, deux femmes incarnées merveilleusement par deux actrices et deux femmes dont les performances sont brillantes. Dans le genre le film reste esthétiquement magnifique avec en prime dse paysages sublimes, les intrigues sont passionnantes mais il est dommage que la volonté "de dire la vérité" soit si vite évaporée...
Note :