Rio Grande (1950) de John Ford
Dernier volet de le trilogie thématique sur la cavalerie américaine après "Le Massacre de Fort Apache" (1948) et "La Charge Héroïque" (1949), John Ford conclue sa fresque sans son nouveau scénariste fétiche Frank S. Nugent (et gendre soit dit en passant) pour cause de planning. Ford retrouve donc le scénariste James Kevin McGuinness avec qui il avait collaboré sur quelques films en 1929-1930 dont deux avec Victor McLaglen, sans compter leur collaboration sur le court métrage documentaire oscarisé "La Bataille de Midway" (1942), sur lequel Ford perdit justement son oeil lors du tournage ; ce film sera son dernier film avant sa mort en 1950...
Une patrouille menée par le lieutenant-colonel York rentre au fort après avoir subit une attaque des indiens. L'officier enrage car il n'a pu poursuivre les rebelles qui sont passés au Mexique. Mais de retour au fort, il apprend que son fils n'a pas été reçu à West Point tandis que son épouse arrive pour que son fils quitte l'armée... Ce dernier film a la particularité de revoir des acteurs des deux précédents films ainsi que des personnages différents. Ainsi, John Wayne rejoue York qu'il incarnait déjà dans "... Fort Apache" avec quelques années en plus et une promo supplémentaire. Victor McLaglen reprend son rôle de Quincannon de "La Charge Héroïque", comme Ben Johnson qui joue de nouveau Travis Tyree. On retrouve Harry Carey Jr mais dans un nouveau rôle. Le rôle de madame York revient à Maureen O'Hara qui avait joué dans "Qu'elle était Verte ma Vallée" (1941) de John Ford, elle jouera encore dans quatre films avec John Wayne... Après la famille et l'ambition dans "... Fort Apache", la camaraderie et la carrière dans "La Charge Héroïque" Ford termine sa trilogie en revenant à la famille en insistant un peu plus sur la filiation et l'héritage. En toile de fond nous sommes toujours dans les guerres indiennes, causes essentielles de l'existence même de la cavalerie en cette fin de conquête de l'Ouest.
On sent toutefois que Ford n'a plus grand chose à dire, l'ambition est en cela à l'image de son budget, environ deux fois inférieur aux précédents. Le plus grand défaut du film est que, cette fois, le partage entre action/extérieur du camp et humour et intimité/intérieur du fort semble un peu plus décalé. Le conflit indien est un peu survolé, tandis que les relations intra familiales de York/Wayne monopolise clairement les intentions du cinéaste. Néanmoins, la magie fordienne agit une fois de plus. L'imagerie et la légende font toujours leur effet, les personnages pittoresques dont le toujours savoureux McLaglen offrent un panel toujours aussi réussi et l'émotion est toujours au rendez-vous. La trilogie thématique de Ford prend fin avec un cran en-deça des deux films précédents, mais il clôt une trilogie cohérente et empreint d'une nostalgie hagiographique toujours aussi sincère que ce soit dans l'action ou l'émotion.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 9 ans :