Captive State (2019) de Rupert Wyatt
Un nouveau projet 100% Rupert Wyatt qui co-produit, co-écrit avec son épouse et réalise après les films "Ultime Evasion" (2009), "La Planète des Singes : les Origines" (2011) et "The Gambler" (2015). Le cinéaste explique : "Je voulais créer un univers complet, une réalité cohérente. L'histoire se déroule plusieurs années dans le futur. J'ai donc dû imaginer l'évolution de notre monde entre l'invasion, qui a eu lieu aux environs de 2016, et le début de l'histoire. Je suis parti de ce qui se passe aujourd'hui à plusieurs niveaux (social, politique, environnemental) et j'ai exacerbé ces problématiques. Je voulais créer un monde très réel auquel les gens pourraient encore s'identifier, une société dans laquelle nous serions privés de nos droits civiques et où les progrès technologiques ont regressé."... Ce film d'anticipation se déroule à Chicago, des années après la colonisation de la planète par des extraterrestres. La ville est ainsi partagé entre les alliés à la cause extraterrestre et les rebelles qui combattent dans la clandestinité...
Outre le vétéran John Goodman qui était déjà dans "The Gambler" cité plus haut qu'on avait pas vu depuis "Atomic Blonde" (2017) de David Leitch, et le scream girl Vera Farmiga vue récemment dans "The Front Runner" (2019) de Jason Reitman le casting fait la part belle à une jeune génération avec Ashton Sanders révélation de "Moonlight" (2017) de Barry Jenkins, Jonathan Majors vu dans "Hostiles" (2018) de Scott Cooper et "Undercover" (2019) de Yann Demange, Machine Gun Kelly vu dans "Bird Box" (2018) de Susanne Bier, Madeline Brewer vue dans "Cam" (2018) de Daniel Goldhaber mais surtout connue pour son rôle récurrent dans la série TV "The Handmaid's Tale" (2017-...) puis Kiki Layne vue dans "Si Beale Street pouvait parler" (2018) de Barry Jenkins... Rupert Wyatt avoue s'être beaucoup inspiré de "La Bataille d'Alger" (1966) de Gillo Pontecorvo et du chef d'oeuvre "L'Armée des Ombres" (1969) de Jean-Pierre Melville. Et en effet on constate très vite que la construction du récit renvoie aux classiques sur 39-45 où la guerre est avant tout celle des résistants contre les collabos avec les ingrédients inhérents au genre (réseau clandestin, propagande, trahison... etc...). Le film réussit là un bon mélange entre thriller d'espionnage et guerilla urbaine.
Le prologue est particulièrement efficace et l'histoire entre dans le vif du sujet sans tomber dans l'écueil du trop explicatif, bien au contraire. on regrettera que l'histoire met un peu trop de temps avant de vraiment entrer dans le vif du sujet. Rupert Wyatt signe un film puissant, un pamphlet politique qui fait écho à notre monde contemporain tout en servant une intrigue diablement bien foutu. L'esthétique du film est sans fioriture, une photographie très réaliste qui n'est pas sans rappeler le style SF docu-fiction genre "District 9" (2009) de Neill Blomkamp. Et si il s'agit d'une invasion extraterrestre l'intrigue se focalise avant tout sur la guerre intestine humaine, laissant les envahisseurs en arrière plan de façon très judicieuse. En prime on notera l'excellent travail sur les bestioles, des extraterrestres au design inédit qui fait du bien dans un genre où ils sont souvent interchangeables de film en film. Un bonus non négligeable qui impose également un mystère bien venu. La force du film est d'assumer avant tout le thriller d'espionnage plutôt que la SF avec une mise en scène immersive et inspirée. Le film, très sombre et pessimiste, finit par un twist inattendu qui laisse un semblant d'espoir. Rupert Wyatt signe sans aucun doute son meilleur film...
Note :