Venise n'est pas en Italie (2019) de Ivan Caldérac

par Selenie  -  31 Mai 2019, 13:33  -  #Critiques de films

Le réalisateur-scénariste, auquel on doit les comédies "Irène" (2001), "On va s'aimer" (2005) et "Une Semaine sur Deux (et la moitié des vacances scolaires)" (2009) adapte ici son propre roman éponyme (2015). Pas une première pour le cinéaste puisqu'on peut rappeler que son dernier film, "L'Etudiante et monsieur Henri" (2015), est lui-même tiré de sa pièce de théâtre. Pour l'anecdote, le titre est inspiré d'une chanson (1977) de Serge Reggiani... Des parents de niveau social modeste décident de faire plaisir à leur fils, et partent tous ensemble en caravane à Venise pour que leur ado puisse aller voir en concert son amoureuse bourgeoise... Le couple bohème est formé d'un couple étonnament inédit, ils se sont déjà croisé sur le film "Ils sont Partout" (2016) de Yvan Attal mais sans avoir jamais porté un film ensemble. C'est chose enfin faîte. Ainsi le papa est incarné par Benoit Poelvoorde  toujours aussi prolifique avec déjà trois films sortis cette année "Deux Fils" (2019) de et avec Félix Moati, "Blanche comme Neige" (2019) de Anne Fontaine et "Raoul Taburin" (2019) de Pierre Godeau, tandis que la maman est jouée par Valérie Bonneton vue récemment dans "Nous Finirons Ensemble" (2019) de Guillaume Canet.

Les deux fils sont interprétés par deux jeunes inconnus, Helie Thonnat vu dans un téléfilm "La Soif de Vivre" (2016) et Eugène Marcuse aperçu dans le film "Les Fauves" (2019) de Vincent Mariette. Enfin, les deux filles sont jouées par la jeune Luna Lou révélation de "Juillet Août" (2016) de Diastème, et Coline d'Inca surtout connue des fans de la série TV "Plus Belle la Vie" (2007-2015)... Sur ce road movie improbable d'une famille atypique on pense d'emblée au sublime "Little Miss Sunshine" (2006) de Valerie Faris et Jonathan Dayton, mais la comparaison s'arrête là. Ce dernier parle avant tout d'une famille dysfonctionnelle, avec des soucis psychologique et/ou sociaux, et est surtout une satire d'une certaine idée de l'Amérique. L'histoire de Ivan Caldérac reste une comédie familiale assez consensuelle avec  le face à face récurrent pauvre vs riche et sa morale tout aussi galvaudée. Le cinéaste-romancier explique toutefois qu'il a dû rééquilibré son récit pour les besoins du film : "J'ai donc développé les personnages des parents, Bernard et Annie, parfois dans dess équences où Emile ne serait pas présent, afin de leur donner un éclairage supplémentaire, développer de l'ironie dramatique, et du conflit. Le personnage de Bernard, père fantasque et totalement imprévisible, oscille sans cesse entre adjuvant et opposant à son fils adolescent. Les autres membres de la famille, comme la mère, Annie, aimante mais sérieusement névrosée, et le grand frère, Fabrice, toujours prêt à en découdre, on gagnéen présence, pour compliquer la tâche du héros. J'ai aussi créer d'autres personnages, qui interagissent avec les parents, à travers de nouvelles séquences de comédie qui là encore contrarient les objectifs d'Emile et renforcent le décalage de cette famille avec le monde extérieur. Enfin, j'ai cherché à affirmer le mélange des genres intrinsèque au projet : comédie -parfois débridée - et récit initiatique. Les protagonistes vont en effet être confrontés à une série d'épreuves, qui vont les forcer à grandir, à se métamorphoser."... C'est bien joli tout ça, et force est de constater que Ivan Caldérac a des idées, et une histoire à fort potentiel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malheureusement tout ses arguments "appuyés" comme "père fantasque et totalement imprévisible", "aimante mais sérieusement névrosée" ou encore "comédie -parfois débridée -" s'avère à contrario trop fade et trop lisse. Le père est sans doute fantasque mais prévisible (surtout pour ses fils on se doute), la mère n'a rien de très névrosée et, surtout, où est la dimension "débridée" ?!?! Non, le rythme est sage et le scénario convenu. Mais heureusement l'osmose familiale fonctionne à plein, évidemment portée par un couple parfait de parents tout juste un peu cinglé idéalement incarné par deux magnifiques acteurs. Les protagonistes sont attachants, c'est parfois drôle, mais c'est surtout touchant avec "d'autres personnages, qui interagissent" de façon constructive. Par contre le couple bourgeois est d'une caricature trop grossière. Le film rappelle avant tout qu'être parent n'est pas simple, que faire de son mieux ne veut pas dire tout réussir mais qu'il y a toujours de l'amour. Au final Ivan Caldérac signe une comédie familiale divertissante avec de jolis moments à défaut d'être original. Un très bon moment pour une note un peu généreuse.

 

Note :                 

 

14/20

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