Enquête sur un Citoyen au-dessus de Tout Soupçon (1970) de Elio Petri

par Selenie  -  25 Juin 2019, 09:06  -  #Critiques de films

Réalisateur italien remarqué avec "L'Assassin" (1961), Elio Petri se fera un spécilaiste des questions d'actualités, comme la condition paysanne dans "Un Coin Tranquille à la Campagne" (1969) ou la classe ouvrière dans "La Classe Ouvrière va au Paradis" (1971). Avec ce film le réalisateur dénonce les dérives du pouvoir politique d'après un scénario qu'il co-signe avec Ugo Pirro connu pour les films "Navajo Joe" (1966) de Sergio Corbucci et "Le Jardin des Finzi-Contini" (1970) de Vittorio de Sica... On suit donc le Docteur, chef de la police criminelle qui va justement mener l'enquête sur le meurtre de sa maîtresse dont il est coupable ! Alors qu'il doit quitter ses fonctions pour une promotion à la tête de la Sûreté de l'Etat, il désire surtout prouver que la "subvertion s'identifie aux délits de droit commun"...

Ce Docteur est incarné par Gian Maria Volonte connu depuis les westerns spaghettis "Pour une Poignée de Dollars" (1964) et "Pour Quelques Dollars de Plus" (1965) tous deux de Sergio Leone, et qu'on a pu voir également dans le chef d'oeuvre "Le Cercle Rouge" (1970) de Jean-Pierre Melville où il joue un personne aux antipodes du Docteur. Sa partenaire est jouée par la belle Florida Bolkan vue dans "Les Damnés" (1969) de Luchino Visconti... D'ailleurs, le compositeur du film est Ennio Morricone, fidèle de Leone, et signe une partition cultissime qui n'est pas pour rien dans la postérité du film. Le film démarre avec le meurtre, et on suit aussitôt après le show du Docteur, sorte de flic star dont la promotion le place au-dessus de tout soupçon alors même que les indices sont suffisants pour l'inculper très vite. Ce qui est intéressant c'est que lui-même pousse les enquêteurs dans le bon sens, alors qu'il semble impossible pour les subalternes d'imaginer que leur patron est le coupable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cependant, les flash-backs alourdissent un peu le propos, pour ne pas dire un peu superflus. Mais surtout Gian Maria Volonte en fait des tonnes, surjouant à outrance quasiment chaque scène faisant le show littéralement ce qui retire toute crédibilité à l'enjeu. C'est clairement le gros point faible du film ! On se doute que le cinéaste a sans doute voulu appuyer sur l'absurde de la situation, mais il y a des limites et un minimum de finesse aurait carrément été plus judicieux. Comment croire en effet à l'objectif du Docteur (soit dénoncer le système) alors même qu'il use de l'esbroufe à tous les niveaux ?! Sur ce même sujet, on préférera largement "La Vie de David Gale" (2003) de Alan Parker... La démonstration sur l'impunité des puissants est justement très démonstratif, l'intrigue et sa ligne directrice est prenante et judicieuse, dommage que l'absurde arase le propos. Néanmoins, en 1970, vu le contexte politique général et de l'Italie en particulier, le film eût un écho considérable avec en prime le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes (lElio Petri gangera la Palme d'Or l'année suivante !) et l'Oscar du Meilleur Film étranger. En conclusion, un très bon film de fond, qui tombe sans doute trop dans la "caricature sérieuse" mais qui reste terriblement intéressant.

 

Note :                      

 

14/20

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