The laundromat : l'Affaire des Panama Papers (2019) de Steven Soderbergh
Nouveau long métrage de Steven Soderbergh, mais le second de suite sous l'étiquette Netflix après "High Flying Bird" (2019), son dernier film sortit en salle étant "Paranoïa" (2018)... Pour ce projet le cinéaste, qui est comme à son habitude producteur-réalisateur-Directeur Photo-Monteur, s'attaque au scandale politico-financier dit des "Panama Papers" (tout savoir ICI !). Si le titre fait évidemment référence aux "Pentagon Papers" portés également à l'écran (2018) par Steven Spielberg, le film est adapté librement du livre "Secrecy World : Inside the Panama Papers Investigation of Illicit Money Networks and the Global Elite" (2017) de Jake Bernstein... Pour raconter l'histoire des Panama Papers, on suit une veuve qui décide de comprendre pourquoi elle ne touche pas ses dividendes d'assurance tandis que les avocats d'affaires Jürgen Mossack et Ramon Fonseca brise le "4ème Mur" pour expliquer aux spectateurs le système offshore et des sociétés écrans...
Soderbergh collabore à nouveau avec Scott Z. Burns qui était déjà son scénariste sur les films "The Informant !" (2009), "Contagion" (2011) et "Effets Secondaires" (2013). Le casting est prestigieux, jusqu'aux seconds rôles, voir de simples apparitions. Les deux avocats sont incarnés par Gary Oldman qu'on avait pas vu depuis "Hunter Killer" (2018) de Donovan Marsh, et Antonio Banderas qui semble soudain revenu de tout après le succès de "Douleur et Gloire" (2019) de Pedro Almodovar. La veuve est incarnée par la grande Meryl Streep qui était justement déjà dans "Pentagon Papers" (2018) de Steven Spielberg. Et donc, dans des rôles plus modestes on retrouve James Cromwell et Jeffrey Wright qui se retrouvent après "W - l'Improbable Président" (2008) de Oliver Stone, Robert Patrick et Sharon Stone qui se retrouvent après "Lovelace" (2014) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, mais aussi l'ex-"Friends" David Schwimmer qui n'était pas apparu dans un long métrage depuis "The Iceman" (2013) de Ariel Vromen, et Matthias Schoenaerts vu récemment dans "Nevada" (2019) de laure de Clermont-Tonnerre... Au vu du sujet et surtout avec un tel réalisateur on pouvait s'attendre à un film coup de poing dans la veine des excellents "Margin Call" (2012) de J.C. Chandor et "The Big Short" (2015) de Adam Mckay, avec en prime de belles promesses dont un ton qui pencherait vers la comédie satirique et la mise en place du "4ème Mur". Après un prologue qui donne le ton (deux avocats narrateurs qui s'adressent directement aux spectateurs aux côtés de... !), on comprend vite que la narration va être alambiqué pour un récit qui part un peu dans tous les sens. D'abord le "4ème Mur", qui s'agit en fait de faire interagir des personnages avec les spectateurs, ici les deux avocats (Oldman et Banderas donc) mis en cause. Les deux hommes tentent ainsi de se justifier tout en tentant d'expliquer le système aux spectateurs pas forcément au fait des montages financiers pour riches. Le côté ludique de la chose est savoureuse et plutôt intelligent mais cela reste peu efficace, d'abord parce que ça reste un peu trop flou, puis parce que les deux acteurs cabotinent trop pour qu'on s'intéresse franchement à ce qu'ils disent ! Ensuite le récit manque cruellement d'enjeu et de fluidité.

En effet, les enjeux sont courus d'avance et donc arase toute tension ou suspense, tandis que les différentes parties censées nous monter différentes facettes nocives de ces montages financiers paraissent comme des sketchs plus ou moins convaincants, sans rattachement ni lien tangible les uns avec les autres. Soderbergh semble pourtant inspiré mais il n'arrive jamais à transcender son propos, et n'arrive jamais à concorder le fond à la forme (et vice versa). On oscille donc entre quelques plans esthétiquement magnifiques et des séquences trop didactiques sans qu'on soit franchement intéressé par le fil conducteur (la veuve) ; cette dernière d'ailleurs est un personnage mal écrit, où comment croire à une grand-mère un peu paumée qui, finalement cache bien son jeu ?! Et ne parlons pas de ce final aussi prétentieux que boursoufflé. En conclusion, Soderbergh signe là un de ses plus mauvais film, sans cohérence formelle, trop fouilli et trop décousu. Dommage...
Note :