Jingle Jangle : un Noël enchanté (2020) de David E. Talbert
Noël approche, et nous sommes d'ores et déjà envahi par une multitude d'oeuvres en adéquation avec la magie de Noël (ou pas !). Et donc après la suite "Les Chroniques de Noël 2" (2020) de Chris Columbus, voici le film qui semble emporter tous les suffrages outre-Atlantique. Un film de Noël écrit et réalisé par un certain David E. Talbert, inconnu dans nos contrées mais dont les titres de ses précédentes oeuvres sonnent comme un air de déjà vu avec "Le Gospel du Bagne" (2008), "Destination Love" (2013), "Almost Christmas" (2016) et "Un Noël à El Campino" (2017) ! Des films qui ont également en commun d'être composé essentiellement d'acteurs/actrices afro-américains, le cinéaste l'étant lui-même expliquant sans doute cela à l'instar de son camarade Tyler Perry réalisateur de films façon Blackploitation nouvelle génération. David E. Talbert semble particulièrement inspiré (ou pas !) par les fêtes de fin d'année ces derniers temps... Une grand-mère ouvre un livre et lit une histoire à ses petits-enfants : Jeronicus Jangle est considéré comme le plus grand inventeur et créateur de jouets mais après que son apprenti lui ait volé sa dernière création et son livre de secrets de fabrication Jeronicus devient l'ombre de lui-même. À la mort de son épouse il déprime encore plus à tel point qu'il décide d'arrêter les jouets et de se faire prêteur sur gage, obligeant sa fille Jessica à quitter la maison familiale. Quelques années après, Journey, fille de Jessica qui n'a jamais vu Jeronicus, vient rendre visite à son grand-père pour les fêtes alors que ce dernier se voit donner un ultimatum par son banquier. En parallèle bien sûr, Gustavson, ancien apprenti devenu maître du jouet, s'aperçoit qu'il a fabriquer tous les jouets que contenait le livre et se retrouve à court d'idées créatrices...
L'histoire se déroule sur près de trois décennies ce qui oblige logiquement à changer d'acteurs pour quelques personnages. Ainsi, Jeronicus est incarné jeune par Justin Cornwell peu connu à l'exception des séries TV "Training Day" (2017) et "I am the Night" (2019), puis par la tâte d'affiche Forest Withaker vu dernièrement dans "How It Ends" (2018) de David M. Rosenthal et "Finding Steve McQueen" (2018) de mark Steven Johnson. La fille Jessica est interprétée par la débutante Diaana Babnicova puis par Anika Noni Rose vue dans "Dreamgirls" (2006) de Bill Condon et récemment dans "Assassination Nation" (2018) de Sam Levinson tandis que la (petite-)fille est jouée par la débutante Madalen Mills qui n'avait jusqu'ici dans un épisode de la série TV "Reality Cupcakes" (2018). N'oublions pas la narratrice incarnée par Phylicia Rashad célèbre depuis la série TV "Cosby Show" (1984-1992 et 1996-2000) et vue récemment dans "Black Box" (2020) de Emmanuel Osei-Kuffour. Le méchant est incarné surtout par Keegan-Michael Key qui à l'habitude de prêter sa voix notamment dans "Le Roi Lion" (2019) de Jon Favreau et vu dans "Dolemite is my Name" (2019) de Craig Brewer. Pour les autres seconds rôles citons la postière jouée par Lisa Davina Phillip surtout vue dans les séries TV "The Royal Today" (2007) et "Apple Tree House" (2017-2018), la nouvel assistant joué par le jeune débutant Kieron L. Dyer, et enfin le banquie joué par Hugh Bonneville surtout remarqué dans la série TV "Downton Abbey" (2010-...) sans oublier la voix du pantin mécanique (en V.O. !) assurée par la star latine Ricky Martin dont la seule incursion au cinéma se résumait jusqu'ici à un caméo dans "la Main qui Tue" (1999) de Rodman Flender... Le film débute dans un village qui a tout d'un conte de Noël, esthétiquement on est dans un live Disney qu'on pourrait croire un remake d'un film d'animation avec un scénario copié-collé d'un canevas éculé : un artiste trahi qui se morfond tandis que le traître devient un héros avant que justice ne soit rendu. Le tout saupoudré de chansons "merveilleuses" façon comédie musicale. Sur le premier point on peut être indulgent, forcément c'est Noël ! Néanmoins, on a bien du mal à comprendre la victimisation de Jeronicus dès les premiers instants, en effet prouver que son apprenti n'est pas le créateur des inventions est une chose aisée alors pourquoi ne pas même y avoir pensé ?! Idem, quand arrive le dénouement final on réagit d'autant plus tant l'astuce paraît juste bête.
Ne parlons pas du twist final qui ne mérite pas ce terme tant il était évident dès la première scène ! On passera sur le casting, essentiellement afro-américain comme on l'a dit plus haut, et surtout qui permet une caricature aisée en plaçant un acteur blanc comme... le banquier-créancier ! On aura connu plus subtil, surtout en 2020. Certains passages laissent perplexes, une bataille de boules ne neige qui arrive comme un cheveu sur la soupe, et si le côté magique du génie créateur est matérialisé le fait que le robot (qui lorgne fortement sur un certain "Wall-E" !) soit aussi magique n'est pas franchement très cohérent. Outre qu'il fasse volé on s'interroge sur le fait qu'il ne fonctionne normalement que sur la volonté, alors pourquoi Gustavson se fait évincé alors qu'il est certainement celui qui veut y croire le plus ! Heureusement les décors sont magnifiques, les costumes superbes, et les séquences "marionnettes" ne manquent pas de charmes. Mais finalement le pire reste pourtant la partie musicale avec des chansons peu inspirées (32mn de chansons sur plus de 2h de film), aux paroles souvent inintéressantes et aux mélodies oubliables. Un comble quand on sait qui est derrière, à savoir ceux qui ont signé la plupart des titres dont John Legend collaborateur de stars comme JayZ, Mary J. Blige ou encore Alicia Keys, qui avait travaillé entre autre sur "La La Land" (2017) de Damien Chazelle et surtout lauréat de l'Oscar pour la chanson "Glory" du film "Selma" (2015) de Ava DuVernay, puis Philip Lawrence fidèle collaborateur du chanteur Bruna Mars. Les chorégraphies qui accompagnent les chansons sont sympathiques mais elles semblent si éprouvées, tellement peu innovantes que l'ennui s'installe. D'ailleurs, si la plupart des acteurs semblent investis et amusés (bonus pour la postière et la petite Journey révélation du film) on n'en dira pas autant pour Forest Withaker qui semble sur un autre nuage. En conclusion, un conte esthétiquement très beau, qui fait un temps illusion avec sa partie "animée" mais ce bel écrin cache en fait une trame usé jusqu'à la corde surtout mal servi par des chansons sans âmes.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :