American Bluff (2014) de David O. Russell
Après quelques années de purgatoire David O. Russell a su revenir avec "Fighter" (2011) et "Happiness Therapy" (2013) et voici donc son dernier grand film qu'il annonce déjà comme la fin d'un triptyque... Pour se faire il a réuni une grande partie des castings de ses deux précédents films (à l'exception de Mark Whalberg et Melissa Leo mais en y ajoutant Jeremy Renner) pour un scénario qui s'appelait alors encore "American Bullshit" et qui faisait partie de la Black List depuis 2010... S'inspirant d'une histoire vraie (le FBI se sert d'un arnaqueur pro pour faire tomber des pontes politico-financiers à la fin des années 70), David O. Russell signe un film qui ne démérite pas, plein de qualités mais qui reste bancal car il n'a pas su trouver le juste milieu entre les genres.
Les bons points vont à la mise en scène constamment en mouvement (usant de travellings), à une reconstitution seventies et aux acteurs... Mais les défauts concernent aussi ses derniers, ou plutôt les choix les concernant. En effet les maquillages, costumes et autres postiches frôlent la caricature, ajoutons-y les gesticulations et cabotinages et on est constamment sur un fil d'où le funambule tombe. Car le véritable problème réside dans le fait qu'on passe d'une scène plutôt satirique voir burlesque à une scène plus réaliste et dramatique. Prises à part elles sont pour la plupart du temps superbes mais à la suite on sent que le film ne choisit pas son genre et, sinon pire, que le mélange des genres n'est pas en symbiose. Dommage car pourtant le film bouge toujours, le scénario est bien foutu entre manipulations et retournement de situations avec quelques scènes jubilatoires et des acteurs qui y sont à fond à défaut d'avoir été parfaitement dirigé. Dans un sens le film me fait penser au dernier Scorcese sur le mélange des genres, David O. Russell n'a pas réussi cette osmose entre folie presque loufoque et ce surréalisme dramatique. Notons quand même qu'on passe un excellent moment, Jennifer Lawrence fait encore un peu pouponne mais on a aussi une Amy Adams sensuelle qui monopolise le regard. Pas chef d'oeuvre annoncé donc malgré ses muli-nominations aux BAFTA et autres Oscars, ça reste néanmoins un très bon divertissement.
Note :