Big Fish (2003) de Tim Burton
Après le film de commande "La Planète des Singes" (2001), le réalisateur Tim Burton revient à un projet plus personnel en adaptant le roman "Big Fish : a Novel of Mythic Proportions" (1998) de Daniel Wallace. Mais à l'origine l'auteur avait été contacté par Steven Spielberg qui délaissa finalement le projet à cause d'un emploi du temps toujours aussi surchargé. C'est le scénariste John August, alors qu'il signait entre temps les scénarii du film d'animation "Titan A.E." (2000) et "Charlie's Angels" (2000) de McG, qui convainc la Columbia d'adapter le livre. Après Spielberg, c'est donc Tim Burton qui s'attache au projet sans réelle surprise, d'abord parce que le producteur Richard D. Zanuck est aussi celui de "La Planète des Singes" de Burton puis ensuite les thématiques de cette histoire parlent tout logiquement au roi des freaks et des contes gothiques. Le réalisateur retrouvera son scénariste pour ses prochains film dont "Charlie et la Chocolaterie" (2005) et "Les Noces Funèbres" (2005)... Alors que William Bloom ne parle plus à son père depuis trois ans après une énième dispute, William ne supportant plus les mensonges à répétition des histoires à dormir debout de son père. Mais apprenant que son père Edward Bloom est mourant, William revient avec son épouse enceinte. William a toujours du mal à croire son père alors que ce dernier raconte encore et toujours ses histoires qu'il aurait vécu il y a longtemps...
Le fils prodigue est interprété par Billy Crudup révélé dans "Sleepers" (1996) de Barry Levinson et vu dans "Presque Célèbre" (2000) de Cameron Crowe, et sa jeune épouse est jouée par la frenchy Marion Cotillard qui apparaît là dans on premier film hollywoodien après avoir été révélée par la saga "Taxi" (1998-2000-2003). Son père conteur est incarné par deux acteurs, Ed Bloom mourant par Albert Finney vu avant dans "Erin Brockovich" (2000) et "Traffic" (2000) tous deux de Steven Soderbergh, puis Ed Bloom jeune par Ewan McGregor alors en pleine renaissance de la saga "Star Wars" où il incarne Obi-Wan Kenobi jeune également. Idem pour son épouse incarné par deux actrices, Sandra Bloom âgée par Jessica Lange révélée dans "King Kong" (1976) de John Guillermin et vue dans les remakes "Le Facteur sonne Toujours deux Fois" (1981) de Bob Rafelson et "Les Nerfs à Vif" (1991) de Martin Scorcese, et Sandra Bloom jeune incarnée par la jolie Alison Lohman qui explose alors cette année-là avec également "Laurier Blanc" (2003) de Peter Kominsky et "Les Associés" (2003) de Ridley Scott. A leurs côtés dont une galerie pittoresque de freaks en tous genres, pour la plupart anonyme mais on peut citer parmi eux la sorcière Helena Bonham Carter déjà dans "La Planète des Singes" et alors muse et conjointe de Tim Burton, Danny De Vito qui retrouve Burton après "Batman le Défi" (1992) et "Mars Attacks !" (1996), Steve Buscemi acteur fétiche des frères Coen, sans compter les soeurs siamoises, la femme à barbe, le géant... etc... Le livre originel est issu du genre dit Southern Gothic, un sous-genre en soi qui emprunte au fantastique et au gothique en s'ancrant dans le sud profond des Etats-Unis. Pas étonnant que Tim Burton s'approprie une telle histoire tant tous les ingrédients sont ceux qu'il a toujours semé dans ses films. On pense forcément à "Edward aux Mains d'Argent" (1991) et "Sleepy Hollow" (1999). Encore plus freaks, ce "Big Fish" renvoie tout aussi assurément au chef d'oeuvre précurseur "Freaks - la Monstrueuse Parade" (1932) de Tod Browning.
Le début peut paraître un peu trop mélo, mais dès que l'imaginaire prend forme on suit avec émotion et magie les pérégrinations de Ed Bloom jeune dans le sud des Etats-Unis où il va faire des rencontres aussi improbables que merveilleuses jusqu'à trouver l'amour. Le tout est de savoir si Ed Bloom est un conteur mythomane ou si il a bien vécu toutes ses aventures alors que son fils Will n'y croit pas une seconde et que seul Ed semble connaître la vérité. Résultat, Tim Burton signe un conte pour adulte qui évite les écueils de l'enfantillage pour une histoire belle et émouvante sans jamais oublier les petites pincées d'humour et de légèreté. Si on peut déceler une morale de tolérance jamais Burton ne l'assène ou ne l'appuie pour rester focaliser sur la magie générale. Une histoire magnifique accompagnée en musique par Danny Elfma, fidèle compositeur de Burton, ainsi que par une chanson finale "Man of the Hour" signée du groupe Pearl Jam. Un film aussi beau que touchant, un hymne au rêve et à l'imagination. Nous ne sommes pas loin de la perfection, autant dans les décors-costumes que dans la fluidité du scénario. Ce film, et surtout sa construction narrative auras purement inspiré le prochain "N'Oublie Jamais" (2004) de Nick Cassavetes. Tim Burton signe un film à voir absolument, à conseiller et à revoir.
Note :