Ida (2014) de Pawel Pawlikowski
Pawel Pawlikowski est un réalisateur polonais qui quitta la Pologne à 14 ans, vécu en Allemagne, italie, Londres et Paris... Avant de revenir en Pologne... "Ida" est son premier long métrage polonais après 4 films dont le plus connu "My Summer of Love" (2004) qui révéla l'actrice Emily Blunt. Son retour dans son pays d'origine est salvateur car ce film estr de très loin son meilleur film, c'est même un petit bijou. Après une mise en scène onirique pour la chronique adolescente "My Summer of Love", le réalisme classique pour le thriller "La femme du Vème étage" (2011) il signe là un film en noir et blanc à la mise en scène aussi épurée que fascinant.
Dans la Pologne d'après-guerre (on imagine fin 50 début 60) une orpheline élevée dans un couvent catholique retrouve une tante et part à la recherche de son passé et de sa famille juive... Pas de mouvement de caméra, pas de plan séquence mais une succession de scène en quasi plan fixe où à chaque fois on nous offre un cadre d'un beauté inouïe, la photographie est juste sublime. Tout, absolument tout est épuré au juste nécessaire, des décors aux costumes comme aux jeux des interprètes... On sent là la force du passé documentariste du réalisateur, et il y ajoute un oeil minimaliste mais toujours suffisant jusque dans l'émotion. Pas la moindre once de pathos et pourtant 2-3 fois l'émotion nous submerge de façon subtile et vraie. Entre la nièce orpheline qui semble un peu perdue, voir abasourdie au fil de sa quête et sa tante, juge, qui survivait en tentant d'enterrer un passé doudoureux sous des litres d'alcool le réalisateur nous montre un pan d'histoire de son pays avec le minimum possible et de quelle manière... Chaque scène est une photo, le cinéma et l'art réunis à chaque minute. Les subtilités méritent sans aucun doute un second visionnage. En prime un duo d'actrices absolument superbe. Juste un tout petit bémol sur le fait que la quête aurait dû prendre 5mn à la dernière partie. Un drame familial dans les sombres méandres du passé, où mémoire (qu'on cherche ou pas), pardon (qu'on le veuille ou non), suicide (qu'on choisit ou pas), rédemption (qu'on désire ou pas), douleur (toujours là) sont les fardeaux de deux femmes à la solitude terrifiante. Un des plus beaux films de ce début d'année...
Note :