Adieu les Cons (2020) de Albert Dupontel

par Selenie  -  22 Octobre 2020, 03:19  -  #Critiques de films

7ème long métrage pour le réalisateur-scénariste-acteur Albert Dupontel depuis son premier coup de maître avec "Bernie" (1996) et après "Au-Revoir Là-Haut" (2017). L'artiste précise qu'il avait envie d'une tragédie burlesque entre Chaplin et Terry Guilliam : "Pour cette histoire, je suis parti de l'idée d'opposer deux "combles", quelqu'un qui veut vivre mais qui ne peut pas, à quelqu'un qui pourrait vivre mais qui ne veut pas." Ce projet Dupontel l'vait déjà évoqué en 2013 lors de la promo de son excellent "9 Mois Ferme" (2013). Si le cinéaste a également signé le scénario il a reçu la collaboration de Xavier Nemo, surtout connu pour avoir co-écrit la comédie "Amour et Turbulences" (2013) de Alexandre Castagnetti... Suze est une femme qui se soit condamnée et veut donc retrouver son enfant qu'elle a accouché sous X alors qu'elle était adolescente. C'est durant ses démarches administrative qu'elle croise JB, un fonctionnaire qui vient de râter son suicide avec perte et fracas. Les deux vont devoir s'entraider malgré eux en faisant notamment la rencontre d'une troisième larron, M. Blin un archiviste aveugle mais plein d'entrain...

Evidemment, le suicidé manqué est joué par Dupontel lui-même dont la dernière apparition dans le film d'un autre est un caméo furtif dans "Mon Cousin" (2020) de Jan Kounen. Il retrouve son complice de toujours Nicolas Marié  qui est de tous les films de Dupontel sauf du dernier "Au Revoir Là-Haut", et vu en salle actuellement dans la comédie "30 Jours Max" (2020) de et avec Tarek Boudali. Ils sont donc les acolytes particuliers de Suzy incarnée par une nouvelle arrivée dans l'univers singulier de Dupontel, Virginie Efira dont la dernière comédie était "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche avant de tourner plusieurs drames jusqu'au récent "Police" (2020) de Anne Fontaine. À l'instar de Nicolas Marié, Dupontel retrouve plusieurs fidèles au casting avec Michel Vuillermoz (3 films en commun), Philippe Uchan (tous les Dupontel !), Bouli Lanners (2 Dupontel mais aussi 3 autres en commun dont celui de Lanners "Les Premiers, Les Derniers" en 2016), mais aussi Jackie Berroyer qui jouait dans "Enfermés Dehors" (2005) et qui retrouve Dupontel, et Kyan Khojandi qui jouait dans "Au Revoir Là-Haut" et qui retrouve donc les deux membres du Palmashow, Grégoire Ludig et David Marsais après leur comédie "La Folle Histoire de Max et Léon" (2016). Catherine Davenier qui a dû croiser Dupontel sur le tournage de "Mon Cousin" de Kounen, sinon Laurent Stocker qui retrouve lui Vuillermoz après "J'Accuse" (2019) de Roman Polanski et la jeune Marilou Aussiloux après "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin, puis en fin citons Fabien Ughetto qui se façonne une dicrète mais très jolie filmo avec entre autres "Michael Kohlhaas" (2013) de Arnaud des Pallières et "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry. En prime, on a droit à un nouveau caméo de Terry Gilliam (après "Enfermés Dehors" et "9 Mois Ferme" !) suivi d'un hommage appuyé à son film "Brazil" (1985) avec divers clins d'oeil notamment certains noms de personnages. Les Monty Pyhton pas en reste puisque Dupontel dédicace son film à Terry Jones, mort début 2020... Les premières minutes nous présentent les deux protagonistes principaux, et effectivement il ne faut pas beaucoup plus pour comprendre qu'elle veut vivre sans le pouvoir et qu'il vit sans le vouloir. Mais si Dupontel place plusieurs séquences marrantes dès le début on devine bien que son film va être sans doute plus triste, plus mélancolique que ses films précédents. Les trois héros (avec M. Blin) sont des personnes déçues, déprimées et leur seul salut repose vite sur une quête de maternité.

Outre le quiproquo du départ (accident grave tout de même !), les rebondissements reposent avant tout sur le jeu du chat et de la souris avec la police qui poursuit le pauvre auteur d'un son suicide râté. Le cinéaste s'amuse à ridiculiser la police, un peu pamphlétaire forcément, un peu facile aussi (le vrai bouc émissaire demeure toujours la police) mais c'est sans doute la première fois que Dupontel vise la police avec autant de mauvaise foi et/ou de moquerie (du mal à préciser le sentiment). L'humour repose aussi et surtout sur le personnage de M. Blin, à la fois jaloux, touchant, serviable... Cette fois Dupontel joue surtout sur la corde sensible où les larmes peuvent couler sur 2-3 passages. Alors que la plupart de ses films c'est plutôt un 60/40 en faveur du rire cette fois le taux s'inverse clairement. On constate que si il y a trois personnages principaux, c'est bel et bien Suzy qui est au centre de l'histoire et qui est le fil conducteur du récit. Soit une femme et une mère en quête de son enfant ce qui renvoie forcément à une thématique particulièrement pregnante dans la filmo de Dupontel, à savoir la maternité et la filiation comme par exemple dans "Le Vilain" (2009) et "9 Mois Ferme" (2013). Le trio fonctionne à merveille, Virginie Efira est merveilleuse, très émouvante également, Dupontel parfait comme d'habitude et sa complicité avec Nicolas Marié est toujours aussi jubilatoire grâce notamment à des joutes verbales savoureuses. En conclusion, Dupontel signe un nouveau film toujours aussi original et foisonnant, mais à la drôlerie beaucoup plus compensé par une bonne dose de sentiments et par une critique de l'institution un chouïa plus lourde qu'à son habitude. Le plus surprenant reste sans doute ce pessimisme qui reste assez nouveau chez Dupontel. Après autant de grands films on excuse l'artiste qui nous fait passer tout de même un très bon moment.

 

Note :     

14/20

 

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :               

13/20

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