Primary Colors (1998) de Mike Nichols

Un film qui a fait son petit buzz à l'époque sur un "presque malentendu", puisqu'il est sorti en pleine affaire Monica Lewinsky (1996-1997), du nom de la jeune femme ayant eu une liaison avec le président des Etats-Unis Bill Clinton. Mais en fait cette histoire est en vérité inspiré d'une autre affaire, toujours avec Bill Clinton mais il s'agit d'une autre jeune femme, l'affaire Gennifer Flowers qui a éclaté en 1992 lors de la campagne électorale... Le scénario est signé de Elaine May connu pour des comédies dont "Tootsie" (1983) de Sydney Pollack et "The Birdcage" (1996) de Mike Nichols. Elle retrouve donc le réalisateur Mike Nichols pour ce film, réalisateur qui a la particularité d'avoir signé ses meilleurs films en début et en fin de carrière avec "Qui a peur de Virginia Woolf ?" (1966) et "Le Lauréat" (1967) pour commencer et "Closer, entre adultes consentants" (2004) et "La guerre selon Charlie Wilson" (2007) pour finir... Inspiré donc de l'affaire le film a donc comme protagonistes une copie du couple Clinton nommé ici Stanton, où les deux acteurs sont des copies qui ne trompent personne.

Le couple est incarné par John Travolta (Tom Hanks d'abord pressenti refuse par amitié pour Clinton) qui joue ainsi dans un film qui aborde des sujets similaires à "Mad City" (1997) de Costa Gravas, puis par Emma Thompson qui était alors abonné aux films historiques comme "Les Vestiges du Jour" (1993) de James Ivory et "Raison et Sentiments" (1997) de Ang Lee. Dans leur équipe de campagne on retrouve Kathy Bates alors à l'affiche dans "Titanic" (1997) de James Cameron, Billy Bob Thornton alors entre "U-Turn" (1997) de Oliver Stone et "Un Plan Simple" (1998) de Sam Raimi, Adrian Lester acteur britannique peu connu et qu'on reverra bientôt dans "Marie Stuart, Reine d'Ecosse" (2019) de Josie Rourke. Dans un rôle secondaire mais important on reconnait Larry Hagman célèbre JR dans la série TV "Dallas" (1978-1991) et vu dans "Nixon" (1995) de Oliver Stone... On est d'abord amusé par le côté satirique non voilé symbolisé par un John Travolta qui s'est fait la tête de Bill Clinton, cheveux grisonnant et sourire ultra-bright. Sous couvert d'une fable satirique Mike Nichols nous plonge dans les coulisses d'une campagne présidentielle à l'américaine où les coups bas, les manipulations et les mensonges vont prendre une tournure plus sérieuse quand il va falloir assumer les dérapages extra-conjugaux du prétendant à la présidence. D'abord amusant, voir jouissif, le film vire doucement vers un côté plus dramatique abordant au fil des minutes quelques idées sur le racisme, les libertés individuelles ou la pauvreté...

Les performances des acteurs sont un plus non négligeable, Travolta est un Clinton/Stanton charmeur, Emma Thompson touchante, et Kathy Bates est une conseillère inénarrable. On peut se demander si tout est penser (le noir embaucher pour contre-balancer un sudiste ?! semble surtout opportuniste, le candidat blanc vraiment investi en ce qu'il croit ?!) mais le film ironique reste d'une belle acuité. Le film aurait sans doute gagner à assumer pleinement un point de vue plus net (plus comique ou plus dramatique). Mike Nichols signe néanmoins un bon film. Un bon moment.

Note :