Pique-Nique à Hanging Rock (1975) de Peter Weir
Après "Les Voitures qui ont mangé Paris" (1974), le réalisateur australien Peter Weir se fait connaitre mondialement avec ce second long métrage qui est adapté du roman éponyme (1967) de Joan Lindsay, lui-même inspiré d'un fait divers... Hanging Rock est connu comme un lieu sacré des aborigènes et s'est fait connaitre pour plusieurs faits divers mystérieux avant de devenir, au fil des années un lieu touristique important... Le cinéaste n'est pas encore le réalisateur reconnu et primé des futurs "Witness" (1985), "Le Cercle des Poètes Disparus" (1989) ou "The Truman Show" (1998). Avec peu de moyen il signe une oeuvre originale, sorte de thriller psycho-onirique pour lequel il obtient un casting sans acteurs connus.
On peut toutefois citer les actrices Rachel Roberts vue dans "Deux Hommes dans l'Ouest" (1971) de Blake Edwards et "Le Crime de l'Orient-Express" (1974) de Sidney Lumet, puis Jacki Weaver qui se fera discrète avant de revenir au premier plan avec l'excellent "Animal Kingdom" (2010) de David Michôd... Australie en 1900, les jeunes filles d'un pensionnat partent en pique-nique à Hanging Rock. Entre soleil, nature et farniente le drame vient chambouler cet univers paradisiaque quand trois jeunes filles et une enseignantes disparaissent mystérieusement... Dans un premier temps Peter Weir prend le temps de poser l'époque et le contexte, on suit avec une certaine malice ces jeunes adolescentes qui partent en promenade bucolique. Les costumes et décors nous plongent à la Belle Epoque sans en faire trop et très vite on sent un changement d'atmosphère. En effet, d'un film en costume, sorte de portrait intimiste d'une jeunesse bourgeoise on vire vers un drame fantasmagorique, le paradis vire au cauchemar.
Weir signe volontairement un film à l'onirisme angoissant, où la beauté des images n'a d'égale que le mystère envoûtant de Hanging Rock. Après le "dénouement" le film se recentre sur le classique film en costume avec des sous-intrigues intra-internat, partie intéressante mais dont l'intérêt est bien moindre que le mystère entourant les disparitions. Il aurait sans doute fallu assumer un peu plus la dimension contemplative et fantasmagorique autour de Hanging Rock plutôt que d'ouvrir la seconde partie à un simple drame historique. Néanmoins, la sublime photographie, l'onirisme et le mystère restent assez fascinants. Peter Weir connait avec ce film son premier vrai succès international. Ce film saura également une source d'inspiration, notamment pour le film "Virgin Suicides" (1999) de Sofia Coppola.
Note :