Bécassine ! (2018) de Bruno Podalydès

par Selenie  -  21 Juin 2018, 12:29  -  #Critiques de films

Nouvelle adaptation de la célèbre héroïne bretonne créée en 1905 par Jacqueline Rivière et Emile Joseph Porphyre Pinchon, et non pas par Caumery qui reprendra le personnage avec Pinchon en 1913 pour des albums de bande-dessinnées. Par contre, le réalisateur-scénariste-acteur Bruno Podalydès crédite bien Caumery et Pinchon dans son projet. "Bécassine" a déjà connu deux films, le premier et très bon "Bécassine" (1940) de Pierre Caron et le second en animation avec "Bécassine, le trésor Viking" (2001) de Philippe Vidal. Rappelons que le personnage fut un cartin en BD de 1913 à 1952 avant de connaitre un revival en 1979 grâce à la chanson de Dorothée. On passera outre les débats stériles des indépendantistes bretons, une minorité à peine tapageuse, pour qui "Bécassine" est une insulte faite aux Bretons. Un mouvement anarcho-indépendantiste breton a appelé au boycott du film trouvant que Bécassine montre une image de femme bretonne stupide et naïve. Le réalisateur-scénariste a alors précisé : "Bécassine n'est pas la fille un peu niaise et stupide que l'on croit. Elle est naïve, certes, et candide, mais aussi curieuse et inventive. Elle a une âme d'enfant dans un corps d'adulte. Dans ce film, je voudrais montrer Bécassine telle qu'elle est : fidèle, sincère, spontanée, innocente, tendre, rêveuse, enthousiaste."...

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Néanmoins, si son succès a été indéniable il n'en demeure pas moins que c'est un personnage un peu oublié aujourd'hui et d'autant plus pour les plus jeunes générations. Les salles obscures risquent d'être surtout peuplées en majorité d'un public sénior... C'est la productrice Clémentine Dabadie (fille du célèbre Jean-Loup Dabadie) qui proposa le projet au cinéaste Bruno Podalydès qu'on connait bien pour ses comédies couces-amères de "Dieu seul me voit - Versailles Chantier" (1997) à "Comme un Avion" (2015) en passant par "Liberté-Oléron" (2000), "Bancs Publics - Versailles Rive Droite" (2009) et "Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé" (2012). Podalydès a choisi de ne pas adapter un album en particulier mais plutôt d'extraire de chacun des scènes et des personnages récurrents pour créer une histoire originale. Premier paramètre important, le choix de l'interprète de Bécassine qui est dévolue à la méconnue Emeline Bayart qu'on a déjà aperçu chez Bruno Podalydès, ce dernier justifiant son choix ainsi : "C'est une actrice très expressive, très généreuse. Emeline possède à la fois une forme de candeur et une force terrienne qui me touchent. J'ai immédiatement pensé à elle au moment de me lancer dans l'écriture."...

A ses côtés le cinéaste a choisi un casting de fidèles et d'habitués menés par son frère Denis podalydès. Citons donc pêle-mêle Josiane Balasko, Michel Vuillermoz, Karin Viard, Vimala Pons, Isabelle Candelier, Philippe Uchan... Esthétiquement Bruno Podalydès a soigné son affaire avec l'iconographie respectée mais aussi et surtout tous les clichés qui vont avec. Tout est à la fois trop propre et trop sage. Les gags sont discrets voir insipides, les dialogues sans inspiration et surtout, il y a un manque flagrant de rythme aussi bien dans l'action que dans la mise en scène bien trop statique. Le film surnage que grâce à un peu de poésie (entre le Paris imaginé et la Bécassine géotrouvetou) et un peu d'émotion (surtout dans la seconde partie). Les personnages sont trop stéréotypés, engoncés dans l'image d'épinal qu'on a en général de la bande dessinée. Outre le reste du casting, Emeline Bayart incarne une Bécassine trop caricaturale, il lui manque un minimum de naturel (c'est quoi cette démarche ?!) même si elle offre du beaux moments d'émotion. La version 1940 est finalement bien meilleure...

 

Note :              

09/20

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