Décès de Nagisa Oshima

par Selenie  -  15 Janvier 2013, 19:21  -  #Décès de star - Bio

Nous apprenons aujourd'hui que le réalisateur japonais sulfureux Nagisa Oshima est mort  ce jour du 15 janvier 2013 à l'âge de 80 ans.

 

Né en 1932 il passe toute sa jeunesse à Kyoto avec sa jeune soeur et sa mère. Il perd son père à l'âge de 6 ans. Il passe ses études de droit et de politique à l'Université de Kyoto d'où il sort diplômé en 1954. Bizzarement il se réoriente directement et intègre la Shochiku Film Company où il devient assistant-réalisateur, entre autres pour Masaki Kobayashi, Hideo Oba et Yoshitaro Nomura. Il régide des critiques cinématographiques et des scénarios originaux pour ce même studio jusqu'en 1959.

 

Le studio lui donne enfin sa chance avec un premier film (photo ci-dessus) qui sera "Une ville d'amour et d'espoir" (1959). Il ne s'arrêtera plus. Il enchaine avec "Nuit et brouillard au Japon" (1960), "Contes cruels de la jeunesse" et "L'enterrement du soleil" (1960). Son style et ses sujets signent un renouveau  dans le cinéma japonais et le place en chef de file de la Nouvelle Vague japonaise. Avec "Nuit et brouillard au Japon" (photo ci-dessous) il s'offre son premier petit scandale puisque ce film fut tourner en secret avec pour toile de fond le traité américano-japonais qui vient d'être renouvelé ; à tel point que 4 jours après sa sortie le studio Shochiku retire les affiches tandis que Nagisa Oshima quitte le studio avec perte et fracas.

 

Il se lance en indépendant et réalise "Le piège" ou "Shiiku" (1961). N'hésitant pas à critiquer des réalisateurs cultes et renommés comme Akira Kurusawa, Kenji Mizoguchi ou Yasujiro Ozu le réalisateur poursuit sa carrière en devenant le cinéaste poils à gratter au pays du Soleil Levant, pas de sujets tabous pour Nagisa Oshima.

 

Le sexe avec "Les plaisirs de la chair" (1965), le viol avec "Violences en plein jour" (1966), la critique militariste avec "le retour des trous soulards" (1968), la peine de mort avec "La pendaison" (1969), le poids des traditions dans "La cérémonie" (1971)...

 

Il va atteindre la consécration avec son plus gros scandale après le soutien d'un producteur français Anatole Dauman. Nagisa Oshima réalise un film (photo ci-dessous) sur un fait divers survenu en1936 au Japon, ce sera "L'empire des sens" (1976) dans le quel le réalisateur atteint les sommets du subversif avec, notamment, des scènes de sexe non simulées et particulièrement violentes. La censure est forte, classé pornographique dans son pays d'origine il reçoit les honneurs de festivals aussi prestigieux que Cannes (il reviendra à de très nombreuses repirses) ou Berlin. Le nom de Nagisa Oshima fait le tour du monde à la manière d'un tour de force.

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Nagisa Oshima est à son apogée, autant par la qualité intrinsèque de l'oeuvre que par la reconnaissance critique et public à travers le monde.

 

Malré tout ce film marque aussi un tournant dans sa carrière car il tournera de moins en moins. Il tourne la suite avec "L'empire de la passion" (1978), scandale semblable bien que moindre car attendu mais il obtient son seul et unique prix cannois avec la Prix de la Mise en scène qui lui est remis par Alan J. Pakula.

 

Il réalise "Furyo" (1983) où il plonge dans la relation ambigue entre un prisonnier britannique (David Bowie) et son geolier japonais (Ryuichi Sakamoto). Sorte de "Le pont de la rivière Kwaï" sous influence Oshima. Scandale oui mais toujours moindre avant de tourner "Max mon amour" (1985) où Charlotte Rampling tombe amoureuse d'un chimpanzé !

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Cette fois le film est assez mal accueilli un peu partout. Un autre tournant puisque Nagisa Oshima va se retirer des salles obscures pendant près de 15 ans. Au Japon pourtant il reste assez actif notamment à la télévision et en tournant des documentaires.

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Contre toute attente il revient avec "Tabou" (1999) et, par la même occasion, il revient au Festival de Cannes où il est plutôt bien accueilli. Ce film (photo ci-dessus) reprend ses thèmes de prédilection comme le sexe, les relations ambigues et l'histoire de son pays. Certains y virent son testament cinématographique... Ce sera le cas puisque suite à une attaque qui le paralyse il annonce sa retraite en 2000.

 

Un des derniers grands cinéastes japonais nous quitte en laissant une oeuvre riche et foisonnante dont l'homogénéité prouve toute la cohérence de l'homme et du cinéaste qu'il était.

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Nagisa Oshima est décédé ce 15 janvier 2013 à l'âge de 80 ans d'une infection pulmonaire.

 

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